C’est une vitrine pour Veolia: la modernisation des usines d’eau potable du syndicat des Eaux d’Ile-de-France (Sedif), chantier colossal qui concerne quatre millions de Franciliens, a débuté depuis quelques mois avec les premiers tests menés sur des installations industrielles à échelle réduite.

Objectif : décontaminer l’eau d’un maximum de micro-polluants, et autant que possible, des polluants éternels ou PFAS. Ces molécules chimiques per- et polyfluoroalkylées (PFAS), abondamment utilisées dans l’industrie et la fabrication d’objets de grande consommation, contaminent ensuite eaux et sols, et laissent craindre des effets délétères pour la santé selon plusieurs études: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, notamment.

Un chantier à plus d’un milliard d’euros

« Nous lançons une phase pilote pour les usines de Neuilly-sur-Marne et Choisy-le-Roi », a annoncé le premier vice-président du Sedif, Luc Strehaiano, lors d’un point d’étape organisé à l’usine de production d’eau potable de Choisy-le-Roi, présentée comme « la plus grande d’Europe » avec une capacité de 600 000 m3/jour.

Franciliane, la filiale à 100% de Veolia, délégataire du Sedif, et à ce titre chargée de piloter ce chantier à plus d’un milliard d’euros HT, estime pouvoir atteindre des taux d’ « abattement » (décontamination) « de l’ordre de 95% » pour les PFAS à chaîne longue (au moins six atomes de carbone) et « de 75 à 80% » pour un PFAS à chaîne courte, comme le TFA, considéré comme plus difficile à détecter et à décontaminer, a indiqué Grégoire Müller, directeur de la division eau de source de Franciliane.

Une combinaison de deux types de membranes

Pour cela, sont combinées des membranes de nano-filtration et des membranes d’osmose inverse basse pression. La combinaison de ces deux types de membranes est adaptable selon la qualité initiale de la ressource et la saisonnalité.

Des installations pilote à l’échelle 1/250e

L’eau produite par ces installations-pilotes, à l’échelle 1/250e, « ne sera pas distribuée aux usagers », a précisé Luc Strehaiano. Elle servira à l’analyse de différents paramètres qui seront communiqués notamment aux services de contrôle de l’État, en vue d’obtenir les autorisations environnementales, avec une enquête publique conduite par un commissaire-enquêteur, prévue pour le troisième trimestre 2025.

Puis, la filtration membranaire sera installée à l’échelle industrielle « d’ici fin 2027 » pour l’usine de production de Méry-sur-Oise, déjà équipée de membranes de nano-filtration et « à horizon 2032 » pour les usines de Choisy le Roi et Neuilly-Sur-Marne, selon le Sedif. Cette nouvelle étape de traitement complètera la filtration sur charbons actifs en grains déjà existante, qui retient déjà certains polluants éternels.

Une hausse « mesurée » de la facture d’eau

Ces investissements colossaux se traduiront à terme par une hausse  « mesurée » de 4 euros par mois et par foyer de la facture d’eau, selon le Sedif. Cette hausse, « progressive entre 2027 et 2032 », sera compensée par les économies engendrées notamment par l’absence de calcaire, affirme le syndicat.

Un process critiqué par les acteurs de l’eau en aval

Les acteurs de l’eau en aval, comme Eau de Paris, pointent du doigt l’eau concentrée en polluants qui sera rejetée à l’issue du processus une fois les travaux terminés. Mais « ces micro-polluants sont aujourd’hui envoyés dans les réseaux d’eau potable », déplore Luc Strehaiano, qui donne la priorité à « l’usager ». Il assure que le Sedif a, avec son délégataire Veolia, « différentes pistes » pour traiter les rejets, mais elles sont « très, très, très onéreuses ». Il « ne désespère pas » de faire mieux à l’avenir.

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