Par
Laurent Fortin
Publié le
9 mai 2025 à 14h55
L’accusée avait en fait été identifiée au terme d’une opération de surveillance douanière : le 6 février 2023, les services de Rennes avaient repéré un colis « en provenance des États-Unis » contenant « des sachets positifs au THC ».
Les agents des douanes s’étaient alors rendus le 23 février 2023 à Vertou, à l’adresse de livraison dudit colis… en tenue de travail de « livreurs UPS ». Et la prévenue avait « accepté » le colis.
Par la suite, à son domicile, les enquêteurs avaient retrouvé « huit contenants » et « des sachets vides », « des étuis » ou encore « un plateau ». Quelques grammes de cannabis avaient également été découverts dans son véhicule et dans sa chambre. « L’exploitation de son téléphone » avait enfin révélé des « communications Instagram » sur une « livraison de produits ».
Entendue pendant la procédure, cette « commerciale d’un grand groupe de produits laitiers » âgée à l’époque de 33 ans avait reconnu les faits et avoué fumer du cannabis depuis dix-sept ans, malgré une tentative de « sevrage » avortée.
Elle avait toutefois soutenu ne pas être « à l’origine de la commande » mais qu’un « ami » lui avait « proposé de recevoir » ce colis en échange d’une « rémunération » : elle pensait qu’il contenait « environ 20 grammes de cannabis ».
Selon la pesée faite lors de son interception le 6 février 2023, il y en avait plutôt pour « près d’1 kg ».
La « nourrice » absente lors de la pesée
L’avocat de la défense avait cependant, au cours de l’audience publique du 27 février 2025, repéré un problème majeur dans l’enquête : sa cliente n’était pas présente lors de cette pesée. Or, le code de procédure pénale l’exige, sous peine de nullité. Il avait donc plaidé la relaxe sur les infractions de « détention » et « d’acquisition » de produit illicite, alors qu’elle risquait jusqu’à 5 ans de prison, même si dans les faits c’est plutôt 18 mois avec sursis. Le procureur de la République ne l’avait pas contredit :
Je dois tenir compte de la forte probabilité d’annulation de la pesée. Il resterait ce qu’on a retrouvé chez elle
Dans ces conditions, il avait simplement requis un « stage de sensibilisation aux dangers des stupéfiants ». Une peine qui « convient évidemment » à la prévenue, selon son avocat.
Celle dont le casier judiciaire était vierge s’était dite « désolée de se retrouver ici pour la première fois ».
Après cette histoire très traumatisante, j’ai eu un électrochoc et j’ai complètement arrêté ma consommation. J’ai compris mon erreur et la naïveté dont j’ai pu faire preuve. Mon médecin généraliste est aussi addictologue et il m’a beaucoup aidé.
Mère d’un enfant de 6 ans, elle a aussi indiqué aux jugés avoir « perdu 12 kg grâce au sport ».
Mais cette prévenue est un « cas relativement classique » d’une personne avec « une vie normale » et « qui sert de boîte aux lettres dans le cadre d’un trafic de stupéfiants à une échelle qui la dépasse sans doute », avait fait observer le représentant des douanes.
Elle fait la nourrice en échange d’une rémunération ou de quoi alimenter sa propre consommation.
Les douanes
Il avait néanmoins regretté qu’elle n’ait « pas fourni plus d’informations sur les commanditaires réels » et avait demandé le versement de la somme de 10 018 € correspondant au prix de la marchandise saisie.
Le tribunal correctionnel de Nantes a débouté les douanes de leur demande et constaté la « nullité du procès-verbal » de pesée. Il a donc relaxé la « nourrice » des faits de « détention » et « d’acquisition » de cannabis. Celle-ci a simplement écopé d’une amende de 200 € pour son « usage de produit illicite ».
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