L’aide individuelle régionale vers l’emploi (Aire) permettait à près de 12 000 franciliens, généralement chômeurs, de tenter un retour dans le monde du travail ou ne serait-ce que, pour les travailleurs précaires, de maintenir dans leur emploi, chaque année. Le dispositif devrait pourtant être supprimé ce mardi 26 novembre, à l’issue d’un vote en séance plénière du conseil régional d’Île-de-France. Lancée en 2018, l’Aire était jusque-là dotée d’un budget avoisinant les 25 millions d’euros, ce qui permettait de financer des formations longues – à hauteur de 80 % et hors métiers en tension – en région parisienne.

L’Aire ne devrait pourtant pas survivre à la séance du conseil régional, où la droite souhaite en finir avec ce dispositif. L’opposition, elle, fustige un tel choix. « Cette suppression permet, notamment, de faire diversion sur les défaillances de l’exécutif dans le suivi et le pilotage de la formation professionnelle », accusent les groupes communiste, insoumis, écologiste et socialiste, dans un communiqué conjoint.

Un total de 5,3 millions d’euros

C’est le bureau francilien de BFMTV qui avait révélé l’information, fin septembre. Une décision qui fait suite aux accusations de fraudes « commises par des organismes de formation », qui avait amené la région Île-de-France, présidée par l’ancienne candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse (les Républicains), à suspendre l’Aire, le 31 janvier dernier. La Banque de France avait alors lancé l’alerte, après avoir repéré plusieurs dizaines de versements, tous aux montants identiques. Sur un total de 5,3 millions d’euros, 3 millions avaient pu être bloqués, puis récupérés par la région.

Suite à la détection de la fraude, une mission d’information et d’évaluation (MIE), composée d’élus du conseil régional, a été lancée, à la demande des partis de gauche. Ce sont ses conclusions qui doivent être débattues ce mardi 26 novembre, « après six mois de travaux obstrués à de nombreuses reprises par l’exécutif de Valérie Pécresse », regrette l’opposition. « Le fait de quitter une MIE qu’ils ont réclamée, ça relève de la mauvaise foi », a dénoncé l’entourage de Valérie Pécresse, auprès de BFMTV.

La MIE a permis de mettre au clair comment de telles fraudes ont pu avoir lieu. L’absence de communication entre le service de la région chargé d’instruire les demandes de financement et celui s’occupant d’assurer le paiement a notamment été pointée du doigt. Des structures, créées à l’occasion de la hausse du nombre de dossiers fin 2023, en ont alors profité pour se faire payer des formations, sans qu’aucun dossier n’ait été déposé en amont.

Plus que les conclusions de la MIE, ce sont les choix de la région Île-de-France qui questionnent. La présentation, fin septembre, d’un pré-rapport avait mis le feu aux poudres et amené à des échanges tendus entre les partis de gauche et de droite. « L’exécutif régional a souhaité tordre le bras au travail de la MIE et supprimer, unilatéralement et sans débat avec les membres de la mission, l’ensemble du dispositif Aire, affirme le communiqué, publié le 18 novembre dernier, par les groupes de gauche. Cette décision est d’ores et déjà effective avec le rejet des nouvelles demandes adressées par les Francilien. nes. »

Les partis de gauche estiment notamment que la région Île-de-France profite du débat autour de l’Aire pour économiser des fonds, alors que son budget assuré par l’État français a été réduit de 5 %, soit près de 321 millions d’euros. Quitte à toujours plus précariser les chômeurs et les travailleurs précaires, dont la situation risque de s’aggraver.

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