Il est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs rappeurs de sa génération, avec un rap authentique qui puise dans celui des années 1990, dans les sons de la Fonky Family, d’IAM ou de Lunatic.

Débarqué du Gabon il y a dix ans, diplômé en sociologie, Benjamin Epps s’est finalement lancé après son arrivée en France, du côté de Montpellier.

Il sera sur la scène du Live à Toulon samedi 10 mai, avant de se produire au Stockfish, à Nice, le week-end prochain. Il présentera notamment les titres de son dernier album, L’Enfant sacré de Bellevue.

Bellevue, qui donne son nom à votre dernier album, est le quartier de Libreville où vous avez grandi. Que raconte ce disque sur vous?

Ce disque parle de moi, de l’endroit où j’ai grandi, de mon environnement. Il évoque aussi mes difficultés en tant que gamin ayant grandi dans une famille de six enfants, sans son père. Il parle vraiment des victoires et des tribulations d’un jeune garçon né dans un quartier de Libreville.

Qu’est-ce qui le différencie finalement de La Grande Désillusion, votre premier opus?

Dans La Grande Désillusion, je parlais de l’univers artistique dans lequel je suis, mais aussi de la façon dont mes espérances et mes attentes ont été un peu désenchantées… C’était pour moi une façon de dire que je me sens un peu désabusé. Je rêvais de certaines choses mais, au final, quand tu mets un peu le pied dedans, ce n’est pas vraiment la même chose. Je présentais un peu l’envers du décor.

Vous avez fait des études en sociologie. Le rap n’est-il pas une sorte de dérivé de cette discipline?

Oui, par certains aspects, sauf qu’il n’y a pas toute la notion d’étude de terrain comme en sociologie. C’est-à-dire que dans mes textes, je pars vraiment de ma perspective, et je n’ai pas forcément tous les éléments qui peuvent venir appuyer ce que je dis, en tout cas, pas statistiquement. Après, si on fait le parallèle avec la façon dont je décris le terrain, oui, on peut dire qu’il y a un côté sociologique.

Dans une scène rap très variée, comment définiriez-vous votre univers?

Je n’aime pas trop mettre d’étiquette, parce que je trouve que ça isole un peu le propos et que ça peut se révéler restrictif. C’est pour ça que je dis « rap ». Je considère que ce que Jul fait parfois, c’est du rap, ce que Booba fait, c’est du rap, ce que moi je fais, c’est du rap. Même si on ne le fait pas de la même façon, on a ce truc-là en commun: on rappe sur des beats un peu saccadés, on écrit des textes, on n’est pas vraiment des chanteurs, mais à chaque fois, il y a un propos. Alors après, on s’y reconnaît ou pas, mais il y a toujours une forme de revendication. Derrière l’egotrip, le fond est toujours le même: on parle toujours d’où l’on vient, des difficultés des gens qui nous entourent…

Quels ont été vos modèles dans cette musique?

Par l’influence de mes frères, j’ai été biberonné au rap des années 90, le rap à texte. C’est pour ça que certains peuvent étiqueter mon univers ainsi, mais j’écoute plein d’autres choses. Si on prend ma discographie, plus on écoute, plus on sent qu’il y a un changement, un truc qui est de plus en plus frais.

Il y a parfois quelque chose de cinématographique dans vos morceaux. Vous acceptez la comparaison?

Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit. Je ne sais pas si j’y vais avec cette intention-là, je pense que ce sont peut-être des influences, des trucs comme ça que je recrache inconsciemment. Des images naissent avec les mots, mais ce n’est pas l’intention première.

>> Samedi 10 mai, à 21h, au Live à Toulon. 16 euros.

>> Samedi 17 mai, à 20h, au Stockfish à Nice. 15 euros.