Ligue 1 (33e journée). Stade Brestois – Lille OSC, ce samedi (21 h)

Qu’elles semblent loin ces soirées de milieu de semaine bercées des notes d’un hymne que personne à Brest ne pensait jamais entendre. Qu’elles semblent loin ces promesses de grandes soirées européennes où les noms de Real, PSV, Wirtz ou encore Mbappé faisaient se déplacer tout un peuple rouge et blanc, mû par une impatience fiévreuse. Et pourtant. Il n’y a pas si longtemps, au sortir d’une victoire contre Monaco décrochée dans une ambiance des (très) grands soirs, le Stade Brestois chassait encore l’Europe, idéalement embusqué derrière le Top 7. Une position d’autant plus chérissable que totalement inespérée au vu de la saison traversée. C’était le 5 avril, il y a un mois seulement. Vu d’aujourd’hui, presque une éternité…

La digue a fini par céder

Dans l’intervalle, l’accumulation de résultats négatifs – à commencer par ce nul si frustrant à Saint-Étienne – a fait dérailler la mécanique brestoise, et provoqué une brusque chute de tension. Longtemps, on s’est demandé comment Roy et sa bande faisaient pour garder l’influx nécessaire pour livrer de si rudes batailles. Dans quelles réserves ils allaient puiser pour conserver cette constance et cette apparente fraîcheur, malgré le rythme de compétition effréné auquel ils étaient soumis. Si la digue a au final tenu plus longtemps qu’on aurait pu l’imaginer, elle a aujourd’hui bel et bien cédé : un constat qui s’impose alors que les Brestois s’apprêtent à disputer leur 47e et avant-dernier match de la saison face à Lille.

Un parfum de fin de cycle

Il fallait s’y attendre, mais l’ivresse des sommets a donc laissé sa place à ces lendemains qui déchantent. Et c’est même un parfum de fin de cycle qui flotte désormais au-dessus de Francis-Le Blé. Tandis que les joueurs prêtés vont repartir, que certains cadres pourraient (Camara, Lees-Melou) ou vont s’en aller (Bizot), sans tambour ni trompette qui plus est pour ce dernier, que la majeure partie de ceux en fin de contrat ne sera pas conservée (Haïdara, Martin, Amavi), une page s’apprête à se tourner, et c’est tout un club et son environnement au sens large qui semblent pressés d’en finir.

Si un son et lumière viendra ponctuer la dernière sortie à domicile des Brestois ce samedi, point d’orgue d’une saison qui restera quoi qu’il arrive inoubliable, le cœur n’est plus vraiment à la fête. D’une certaine façon, celle-ci n’a que trop duré, parce que si belle mais éprouvante à la fois. Les corps et les têtes sont fatigués, à tous les étages du club. Une impression encore renforcée par les sifflets entendus après la défaite face à Lens, la nécessaire remobilisation du directeur sportif Grégory Lorenzi la semaine passée, le flou entretenu par Éric Roy sur son avenir (et la distanciation avec l’état-major du club que génère ce silence), ou la fermeture de la tribune Kemper pour les deux derniers matchs. Comment expliquer, sinon, l’absence totale d’enthousiasme soulevé par la victoire contre Montpellier, dimanche dernier ? Un résultat à peine célébré, pourtant synonyme de Top 10 mais comme fêté d’un champagne sans bulles, sorti d’une bouteille ouverte depuis trop longtemps. Blasés, les Brestois ? Sûrement pas. Mais rincés, lessivés, éreintés ? Un peu, beaucoup, assurément.