Un récit sur le traumatisme des victimes du terrorisme djihadiste, une harmonie impossible entre instrumentistes, la relation entre un joueur de football et son agent… La sélection cinéma du Figaro.
Les Enfants rouges – À voir
Drame de Lotfi Achour – 1 h 38
Nizar, du haut de ses 16 ans, est un berger déjà aguerri, fin connaisseur des collines rocailleuses de Tunisie, loin du littoral touristique, où il emmène paître son troupeau de chèvres. Achraf, 14 ans, garçon joufflu au joli sourire malgré une dent en moins, admire ce grand cousin qui l’initie dans la joie. Un jour, les deux adolescents se font attraper par un groupe de terroristes islamistes. Nizar est accusé d’être un mouchard. Il est décapité sous les yeux de son petit-cousin. Achraf a la vie sauve pour porter un message : livrer la tête de son cousin à ses parents au village. Le fantôme de Nizar suit Achraf partout, tel un spectre entier et radieux.
Les Enfants rouges s’inspire d’une histoire vraie : l’assassinat d’un jeune berger du nom de Mabrouk Soltani, le 15 novembre 2015, dans la montagne de Maghila, une région du centre-ouest tunisien proche de la frontière algérienne. Lofti Achour rappelle que les musulmans sont les premières victimes du djihadisme. É. S.
La note du Figaro : 3/4
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Les Musiciens – À voir
Comédie dramatique de Grégory Magne – 1 h 42
Le visage d’Astrid Thompson s’éclaire. Cette fille d’entrepreneur mélomane spécialisée dans les ouvrages routiers va enfin pouvoir réaliser le rêve de son défunt papa. Réunir dans un somptueux manoir quatre Stradivarius pour un concert unique attendu et retransmis dans le monde entier. Le père avait suggéré une liste d’instrumentistes parmi les plus doués. Notre dévouée héritière parvient à les convaincre de participer au projet, mais les quatre virtuoses recrutés s’avèrent incapables de jouer ensemble, aveuglés par leurs ego et leurs préjugés. Ils n’ont pourtant que sept jours. Catastrophée par la tournure que prennent les événements, Astrid Thompson va chercher le seul qui peut encore sauver la situation, Charlie Beaumont, compositeur de la partition qui va être jouée.
Tous les acteurs s’imposent parfaitement dans cette passionnante immersion au cœur du monde de la musique classique contemporaine. En bon cinéaste du lien et de la sensorialité, Grégory Magne déchiffre avec de jolies notes de joie et d’esprit cette parabole sur la recherche de l’harmonie. O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Rumours, nuit blanche au sommet – À voir
Comédie de Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson – 1 h 43
Sept dirigeants influents cheminent dans la clairière arborée d’un château en Allemagne pour le sommet annuel du G7 de Dankerode au fin fond de la Saxe. Les caméras et les journalistes entourent cette troupe de chefs d’État, en pleine crise internationale, et qui doivent convenir des grandes lignes d’une déclaration provisoire. Maîtresse de cérémonie, la chancelière allemande emmène la délégation vers un site de fouilles où un archéologue met au jour le corps boueux d’un être des tourbières Le soir, chacun constate que quelque chose ne tourne pas rond. Le personnel a disparu. Les portables ne passent plus. En retournant vers le château, les politiciens s’enfoncent dans une forêt pleine de mystères et de périls… Leurs errances cauchemardesques ne vont pas tarder à se manifester à mesure que le film bascule vers le fantastique et une certaine forme d’horreur kitsch.
Rumours, nuit blanche au sommet navigue allègrement entre le rire et l’horreur, soulignant les failles de nos démocraties et la vacuité des sommets internationaux. Un bel exercice de liberté, goguenard et salutaire, qui fait du bien en ces temps où la démocratie est menacée. O. D.
La note du Figaro : 2,5/4
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Les Arènes – On peut voir
Drame de Camille Perton – 1 h 34
Brahim a 18 ans et des rêves plein la tête. Footballeur doué et prometteur, il est représenté par son cousin Mehdi, prêt à lui faire signer son premier contrat professionnel à Lyon, sourd à l’offre du représentant d’un gros club, généreux en argent (1 million) et en avertissement (« La loyauté, c’est une chienne, elle peut mordre »). L’arrivée d’un agent étranger, Francis, va mettre à mal la cohésion des cousins.
Les Arènes dépeint les coulisses du foot-business à travers la relation agent-joueur, loin des terrains. Sa musique est tout aussi emphatique, partition symphonique plaquée sur des images qui n’en demandent pas tant. Un désenchantement bien loin d’une soirée de Ligue des champions au Parc des Princes. É. S.
La note du Figaro : 2/4
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Un monde merveilleux – À éviter
Comédie dramatique de Giulio Callegari – 1 h 18
Dans un futur proche, les robots domestiques ont investi la planète. Tout le monde en possède un. Max, une ancienne prof de français, fait partie de ces militants anti-robots convaincus. Depuis qu’elle a été évincée de son poste, l’héroïne et sa fille Paula vivotent à Paris en se livrant à de petites magouilles et menus larcins. Ce qui les amène au tout début du film à kidnapper un robot T-0 qui sert d’assistant de vie programmé dans un Ephad. En cherchant à le revendre au marché noir, Max prend conscience que ce robot est un vieux modèle obsolète qui ne vaut plus rien. Le pire, c’est que la garde de sa fille lui est retirée et que l’enfant est placée dans un foyer breton. Max et son pénible robot, aussi bavard qu’exaspérant, partent alors en croisade pour récupérer Paula…
Giulio Callegari se prend malheureusement les pieds dans les fils électriques de sa créature, en embarquant au passage une Blanche Gardin qui n’avait décidément pas besoin de ça… O. D.
La note du Figaro : 1/4
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