La coupe est pleine. Rue Bonaparte et place du Pin, les habitants rêvent de douces nuits… sans bruit.
« Les nuisances sonores, c’est sept jours sur sept quand les beaux jours arrivent. Le midi, ça passe encore. Le soir, on a le bruit des terrasses, de la musique et du brouhaha des clients. À l’heure où tout le monde a bien bu, ce sont des cris, parfois jusqu’à 1 ou 2 heures du matin », raconte Adrien, qui habite au-dessus de la pharmacie. Il a signé la pétition « Pour une rue vivante et vivable », initiée par les habitants de l’immeuble situé au 6, rue Bonaparte, plus près de la place Garibaldi.
À leurs fenêtres ont fleuri ces derniers jours des banderoles et des slogans qui trahissent leur désespoir et leur colère: « Chut, merci », « Moins de bruit! ». Cette fois, c’est eux qui veulent se faire entendre.
La « rue de la soif »
« Chaque année, dès qu’on voit arriver le mois de mai, on sait que cela va recommencer », grogne Marie-Christine. La « rue de la soif », comme elle l’appelle, lui a d’ailleurs coûté cher. « L’an dernier, j’ai fait installer des doubles vitrages et j’ai mis la clim’ alors que je n’en voulais pas, j’ai dû faire un crédit. Malgré tout ça, j’entends encore le bruit des restaurants et des bars. Quand des clients sont complètement bourrés j’ai l’impression qu’ils sont dans mon lit », s’exaspère la sexagénaire.
« Quartier bobo pour touristes »
De son côté, Adrien a du mal avec l’argument avancé par certains restaurateurs. « Ils nous disent que grâce à eux le quartier s’est métamorphosé et que les appartements ont pris de la valeur. Mais moi je m’en fiche, je suis locataire. J’ai les inconvénients sans les avantages », rouspète le père de famille. « C’est trop, il n’y a plus que des restos et des bars. Avant, on avait un pressing, une boucherie… C’est devenu un quartier bobo pour touristes, plus un quartier où il fait bon vivre », renchérit Marie-Christine.
« Je suis bien consciente que c’est un lieu de fête. Ce n’est pas une vendetta contre les restaurateurs. Il faut trouver un juste milieu », souffle Sandra, l’une habitantes du 6, rue Bonaparte, cet immeuble où Napoléon a séjourné quelques mois en 1794. « Ce que l’on veut, c’est davantage de régulation, de contrôles et des passages de la police municipale pour faire respecter la réglementation », dit-elle. « Cette année, ça commence fort. Si c’est comme ça en mai, on sait ce que ça va être après », enchaîne la Niçoise. Selon certains résidents, des établissements ne respectent pas les horaires de fermeture, ni les emplacements des terrasses. « Et plus de monde, c’est plus de bruit », se désole un habitant.
Trouver un compromis
Leur grogne est arrivée aux portes de la mairie. Samedi dernier, le maire Christian Estrosi en personne a pris le pouls, place du Pin. Et mercredi, c’est une délégation municipale, avec notamment le premier adjoint Anthony Borré et l’adjoint au commerce Franck Martin, qui est venue discuter avec les commerçants afin de trouver une solution. Plutôt un compromis. Respecter la tranquillité nocturne des habitants et l’activité des professionnels. Ce qu’appellent d’ailleurs de leurs vœux les restaurateurs, promet Jean-Pierre Scarfone, le président des commerçants de la rue Bonaparte.