Alors que la prochaine édition du
Festival de Cannes
va prochainement s »ouvrir sur la Croisette.
Le jury de l’évènement sera présidé cette année par une
tête d’affiche du cinéma français
. Juliette Binoche. Dans une
interview accordée à
Madame Figaro
, la comédienne s’est notamment confiée
sur les violences sexistes que les actrices
subissaient au début de sa carrière dans les années 80.

« Je ne passe pas l’éponge, je n’oublie pas. Mais la vie est
plus forte et je n’aime pas ressasser. On apprend des coups bas,
des machismes. Maintenant, ça change depuis que la parole s’est
libérée. Il faut savoir dire ce que l’on pense.
Mais ça m’est arrivé encore, il y a trois ou quatre ans, de me
sentir maltraitée par un acteur sur un plateau », a
premièrement indiqué Juliette Binoche.

Juliette Binoche : « Les premiers castings, avec Godard par
exemple, c’était difficile »

« J’ai mis du temps à le voir, mais une fois que j’ai vu
toute la manipulation, le machisme, j’ai résisté, mais ce
tournage a été extrêmement pénible
. Les premiers castings,
avec
Godard
par exemple, c’était difficile. On était matées. Ces
scènes nues, les demandes… parfois les agressions. Cette espèce
d’abus… mais qui n’avait pas le masque de l’abus », a aussi
ajouté la comédienne.

« Ce manège qui faisait tout pour paraître ‘normal’, mais qui
ne l’était pas. Les réalisateurs pensaient qu’il était de leur
devoir d’oser aller dans les zones taboues, les troubles du désir.
Je ne savais pas que je pouvais dire non. J’avais
signé un contrat, c’était dans le scénario. Et dans chaque scénario
dans les années 1980 et 1990, il y avait des scènes nues », a
par ailleurs souligné Juliette Binoche.

La comédienne estime que « les films
sont des lieux de désirs »

« J’imaginais à chaque fois que j’allais être
sauvée
. C’est avec Kieślowski que j’ai bougé, au moment de
Bleu. Je lui disais à quel point c’était pénible de devoir
faire des dizaines d’interviews à propos des scènes nues. Il y en
avait une d’écrite dans le scénario du film, il l’a coupée tout de
suite. Que l’on me demande certaines choses, qu’on essaye de
m’embrasser, qu’on m’abuse, ou quoi ou qu’est-ce, cela me
sidérait », a également précisé l’actrice.

« J’avais ce passeport amoureux. Ça m’a
donné une sorte d’entièreté et de naïveté qui m’a sans doute
sauvée. Je suis passée à autre chose aujourd’hui, mais il m’a
semblé important d’en parler l’an passé à nouveau. Les films sont
des lieux de désirs. Il peut y arriver le pire comme le
meilleur
« , a finalement conclu Juliette Binoche.