Berceau du golf moderne, l’Écosse cultive sa passion pour les fairways entre landes sauvages, brise marine et distilleries. D’Est en Ouest, un itinéraire en quatre étapes pour vivre, club à la main, la plus écossaise des expériences sportives.

Berceau du golf moderne, l’Écosse revendique plus de 550 parcours pour cinq millions d’habitants, soit la plus forte densité de terrains de golf par habitant au monde. Ici, le golf n’est pas seulement un sport : c’est une institution, une fierté nationale, parfois même un mode de vie. Codifié dès le XVe siècle, interdit un temps par les rois qui craignaient qu’il ne détourne les archers de l’entraînement, il est devenu un pilier de l’identité culturelle écossaise. De St Andrews à Dornoch, en passant par les côtes battues par les vents du Fife ou de l’Ayrshire, le pays a élevé ce jeu au rang de patrimoine vivant. Voici un itinéraire en quatre étapes pour amateurs de green et de dépaysement, à parcourir club à la main.

Étape 1 : East Lothian, aux portes d’Édimbourg : l’entrée en matière idéale (2 jours)

Gullane.
Liam Anderstrem

C’est sans doute la région la plus dense en parcours de prestige après St Andrews. À moins d’une heure de route d’Édimbourg, le East Lothian offre une concentration remarquable de links historiques le long de la côte. Parmi les incontournables, Muirfield, l’un des plus anciens et exclusifs parcours du monde, impose une réservation très en amont. Plus accessible, le North Berwick Golf Club déroule ses fairways face à la mer avec des vues spectaculaires sur Bass Rock. Quant à Gullane, avec ses parcours numérotés, il offre un bel équilibre entre technicité et beauté naturelle, parfait pour une première immersion dans l’univers du golf écossais.

Le golf n’est pas la seule attraction du secteur. Les promeneurs apprécieront la plage de Yellowcraig ou les collines de Garleton pour un point de vue à 360 degrés sur la région. Les amateurs de patrimoine pourront visiter les ruines impressionnantes du château de Tantallon, perché sur une falaise face à la mer du Nord. Et pour finir la journée, pourquoi ne pas retourner à Édimbourg pour déguster un single malt dans un bar de la vieille ville ou un dîner créatif dans le quartier de Leith ? Ce sera l’occasion de faire un détour par Leith Links, vaste parc public considéré par certains historiens comme l’un des tout premiers terrains de golf utilisés en Écosse, dès le XVe siècle.

Étape 2 : St Andrews et la côte du Fife : pèlerinage au cœur du golf écossais (2 jours)

Pas de pèlerinage golfique sans un arrêt à St Andrews.
Photo presse

Pas de pèlerinage golfique sans un arrêt à St Andrews. C’est ici, sur ce bout de côte du Fife balayé par les vents, que le golf a été codifié au XVe siècle, avant de devenir le sport que l’on connaît aujourd’hui. L’Old Course, considéré comme le plus ancien parcours de golf du monde encore en activité, attire chaque année des milliers de passionnés venus fouler les mêmes fairways que les légendes du sport. Il se joue soit par réservation un an à l’avance, soit via un tirage au sort quotidien.

Non loin de là, Kingsbarns propose une alternative tout aussi prestigieuse, avec un tracé spectaculaire bordé par la mer du Nord. Pour une expérience plus intimiste, direction Elie Golf House Club, où le starter donne le coup d’envoi depuis un ancien phare, un clin d’œil charmant à l’esprit pittoresque du golf écossais.

Elie Golf House Club.
Photo presse

La ville mérite aussi qu’on s’y attarde au-delà des greens. Les ruines de la cathédrale et du château, le musée du golf ou encore l’université de St Andrews témoignent d’une riche histoire. En longeant la côte, on découvre des villages de pêcheurs charmants comme Crail, Pittenweem ou Anstruther, parfaits pour un déjeuner de fruits de mer.

Étape 3 : Dornoch et les Highlands : swing en terres sauvages (2 jours)

Brora Golf Club.
Photo presse

Cap au nord pour une atmosphère plus sauvage. Le Sutherland, encore peu fréquenté, révèle une beauté brute entre landes silencieuses, plages immenses et distilleries isolées. Le Royal Dornoch, exigeant et majestueux, est l’un des parcours préférés des professionnels. Non loin de là, Brora Golf Club réserve une scène typiquement écossaise avec ses moutons broutant paisiblement entre les fairways. En face, sur l’autre rive du Dornoch Firth, Tain Golf Club propose une alternative plus discrète et tout aussi agréable.

La région invite à ralentir. Une visite de la distillerie Glenmorangie s’impose pour découvrir les secrets de fabrication du whisky. Sur les plages, il n’est pas rare d’apercevoir des phoques à marée basse. Le soir venu, les hôtels de charme ne manquent pas, avec cheminées allumées et vue sur les lochs.

Étape 4 : Ayrshire ou île d’Arran : entre majesté et discrétion (1 jour ou plus)

Dundonald Links.
Photo presse

Pour clore cette semaine, direction la côte ouest. Le choix se joue entre le célèbre Turnberry, grandiose mais controversé, et l’insolite île d’Arran, plus confidentielle. Turnberry, aujourd’hui propriété de Donald Trump, propose un tracé spectaculaire face à la mer. Ceux qui préfèrent un cadre plus discret pourront opter pour Western Gailes ou Dundonald Links, qui offrent une expérience tout aussi riche.

Autre ambiance sur l’île d’Arran, accessible en ferry depuis Ardrossan. Le Shiskine Golf Club, avec ses 12 trous, mise sur la convivialité et une vue imprenable. Arran se prête à de belles randonnées, notamment jusqu’au sommet de Goat Fell. Les amateurs de mystère s’émerveilleront devant les cercles de pierres de Machrie Moor. Et pour une touche locale, arrêt obligatoire à la distillerie d’Arran.

En Ayrshire, les amateurs de patrimoine pourront visiter le musée Robert Burns, poète national écossais, à Alloway ou explorer les jardins du château de Culzean, perché sur une falaise. Dernier drive, dernier single malt. Ce voyage golfique en Écosse se lit comme une immersion dans un art de vivre centenaire, où chaque swing résonne entre ciel, mer et tradition. Un pèlerinage pour golfeur, mais aussi un grand bol d’air pour l’âme.