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Rédaction Rennes

Publié le

10 mai 2025 à 15h08

Le parquet général de la cour d’appel de Rennes a requis six ans de prison, mardi 6 mai 2025, à l’encontre d’un habitant de Beaugency (Loiret) accusé d’avoir violé sa belle-fille à Acigné (Ille-et-Vilaine). Pendant plusieurs heures, Didier X. s’était pourtant évertué à contester les viols – « correctionnalisés » en simple « agression sexuelle », mais qui auraient pu lui valoir de passer devant une cour criminelle départementale (CCD) – que dénonce son ancienne belle-fille quand elle avait neuf ans.

L’enfant avait fini par révéler les faits à sa mère en avril 2018 : un dimanche, l’homme qui était le compagnon de sa mère « depuis quatre ans » l’avait emmenée au parc avec son jeune frère de deux ans et demi, pour sa part né de cette union.

En rentrant, la fillette était allée voir sa mère « en pleurant » : alors que Didier X. avait souhaité passer à son propre domicile d’Acigné pour « récupérer un papier », il lui avait alors « demandé de faire l’amour » et avait « essayé de baisser son pantalon ». La petite avait dit s’être défendue « comme au karaté » et était ensuite allée « se cacher ».

Contre des bonbons

Les faits avaient eu lieu alors qu’elle jouait « avec son frère », avait-elle précisé : Didier X. avait « déplié le canapé » pour lui infliger des violences sexuelles. Le petit garçon de deux ans et demi lui avait mis « un coup dans le dos » pour que son père « arrête »… Confronté à ces accusations par sa compagne, cet homme de 43 ans avait totalement nié, expliquant que l’enfant était « vexée de ne pas être allée à l’accrobranche ».

Par la suite, la mère de famille avait « reparlé » de ces dénonciations à sa fille. L’enfant lui avait alors confié que ce n’était pas la première fois que de tels faits survenaient : elle avait aussi dû se plier à des masturbations, à des fellations et une pénétration digitale en échange de « paquets de bonbons » ou de « bagues fantaisie ». La mère avait donc « rapidement » poussé les portes de la gendarmerie de Liffré.

L’enfant avait « mimé » et « donné des détails »

Il était ensuite apparu que, par le passé, la petite avait souffert d’une « infection urinaire » au point d’uriner du sang, ce qui pourrait s’expliquer par « une lésion traumatique » des parties génitales, selon « l’hypothèse » d’un médecin. Les « données transmises » ne permettaient toutefois pas de « privilégier » cette hypothèse, a-t-il été dit à l’audience.

Devant les enquêteurs, l’enfant avait « mimé » et « donné des détails » qu’une petite fille de neuf ans ne peut « pas inventer », a rappelé pour sa part la conseillère de la 10ᵉ chambre des appels correctionnels de la cour d’appel de Rennes. « Vous avez cherché du côté du père ? », a contre-attaqué le prévenu – en présence du principal concerné – pour accréditer l’idée d’un complot ourdi par sa compagne de l’époque.

En dépit de ses dénégations, en première instance, l’homme qui a refait sa vie à Beaugency (Loiret) avait été condamné à cinq ans de prison, dont trois fermes : il est depuis lors incarcéré. Mais il a fait appel de cette condamnation pour espérer obtenir « une peine aménageable » sous la forme d’un « bracelet électronique », soit deux ans de prison ferme maximum.

Des confidences

Son propre fils, né d’une précédente union, s’était rappelé que sa demi-sœur lui avait confié un « secret » mais ne se souvenait plus du contenu. Il s’était en revanche rappelé avoir reçu « une gifle » de son père après lui en avoir parlé. « Tu ne le répètes pas », lui avait ensuite imposé Didier X. Une « camarade d’école » de l’enfant avait aussi reçu les confidences de la fillette, tout comme sa tante paternelle. Toutes deux ont été entendues au cours de l’enquête.

Après leur séparation, Didier X. avait aussi envoyé des SMS à son ex-compagne, dans lesquels il évoquait l’idée que la mère savait que sa fille le « collait un peu trop ». Il avait aussi évoqué cette « petite voix » le faisant « mal agir »… Mais il s’agissait seulement de « messages de séparation », a-t-il minimisé, balayant l’idée d’une quelconque « forme d’aveu ».

La plaignante et sa mère avaient fait le déplacement à la cour d’appel de Rennes pour confirmer ces accusations et venir redire aux magistrates combien les « conséquences » de ces faits pèsent lourd pour toute la famille. Lors de ses réquisitions, l’avocate générale avait regardé droit dans les yeux la mère de famille pour la soulager de son sentiment de « culpabilité » et « saluer » au contraire sa « réactivité ».

« Dans ce dossier, vous n’avez que des incertitudes et des doutes »

« Ces faits ont des conséquences sur le psychisme et sur le corps qui vont durer toute la vie », a aussi détaillé la représentante du parquet général. « Je dis non, stop aux violences sexuelles », a conclu la magistrate avant de requérir six ans de prison ferme à l’encontre de l’homme de 43 ans.

L’avocat de la défense s’est pour sa part dit « dans une position désagréable », celle de « l’avocat du diable », alors qu’il croit son client « innocent ». « Dans ce dossier, vous n’avez que des incertitudes et des doutes », a soutenu Me Frédéric Birrien pour plaider la « relaxe ». « Ma vie a basculé depuis que j’ai connu cette femme », a conclu son client. Il sera fixé sur son sort judiciaire d’ici un mois.

CB – PressPepper

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