Nouvelle institution culturelle franco-saoudienne, la Villa Hegra accueille depuis peu des artistes en résidence à AlUla, au nord-ouest de l’Arabie saoudite. Durant la foire Art Paris, du 3 au 6 avril, celle-ci investira 150 m2 du Grand Palais pour raconter son histoire, détailler ses projets, et surtout montrer le travail de deux jeunes artistes : Sarah Brahim (née en 1992) et Ugo Schiavi (né en 1987), tous les deux restés un an sur place.
Selon Fériel Fodil, directrice générale de la Villa Hegra, celle-ci « incarne un esprit qui va au-delà de ses murs. À travers ses initiatives, elle place le dialogue culturel au cœur de l’amitié entre la France et l’Arabie saoudite. » Leur première participation à Art Paris offre ainsi « l’occasion de se présenter au public international comme un lieu ouvert à l’inspiration, aux échanges et aux créations collectives. »
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Collaborer avec la nature
L’esprit de la résidence ? « S’éloigner des gestes monumentaux en réduisant la production à son essence, expliquent les co-commissaires de l’exposition Wejdan Reda et Arnaud Morand, collaborer avec la nature plutôt que s’imposer à elle, et imaginer une forme à la fois physiquement modeste et conceptuellement puissante, ancrée dans une compréhension profonde du contexte socio-historique local. »
Pour ce premier projet, les deux artistes présentent des travaux conjoints et personnels, adaptés d’une première exposition à AlUla. Au Grand Palais, on pourra voir une série de pièces en verre soufflé façonnées à la main par les deux artistes, qui « résonnent avec les creux et les méandres de la géologie si particulière de la région », nous disent les commissaires, ainsi qu’une sculpture monumentale en verre d’Ugo Schiavi et plusieurs pièces de Sarah Brahim, dont un diptyque vidéo, une photographie grand format et des Polaroid.
Un souffle vital
Sarah Brahim, Film Sequence, 2025
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© Laurence Hills and Aaqib I Shaikh
Les deux artistes ont souhaité travailler à partir des pratiques rituelles des tribus préislamiques qui vivaient autrefois en Arabie saoudite, et ont sollicité l’aide de différents archéologues et épigraphistes (des spécialistes des inscriptions anciennes). Ensemble, ils se sont rendus dans des sites patrimoniaux tels que l’ancienne ville de Dadan et la montagne Jabal Ikmah, où se trouve la plus forte concentration au monde d’inscriptions dadanites en bon état de conservation.
Là, ils ont souhaité réanimer le souvenir de cérémonies ancestrales, en liant la production des 80 pièces en verre à l’idée d’une performance. Durant celle-ci, des performeurs vont souffler dans les sculptures pour les « ranimer comme d’authentiques objets rituels, où vont se mêler l’immensité du désert et l’intimité du corps humain », annoncent les commissaires. On comprend ainsi le titre, puisque le nom neuma est synonyme de « souffle vital » dans la pensée classique, détaillent-ils encore, et « trouve sa traduction physique dans les œuvres de ces artistes : le corps et le souffle terrestres s’entrelacent avec le corps et l’âme célestes, le règne temporel fusionne avec le spirituel. » Prometteur.
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NEUMA, The Forgotten Ceremony
Du 3 avril 2025 au 6 avril 2025
Grand Palais • 7 Avenue Winston Churchill • 75008 Paris
www.grandpalais.fr