Dans un entretien accordé au JDD, le ministre de l’Intérieur estime que le texte sur la fin de vie, qui sera débattu à l’Assemblée nationale lundi, signe une «rupture anthropologique». Dans la Tribune du Dimanche, la chanteuse Line Renaud et l’ex-premier ministre Gabriel Attal défendent le droit d’«arrêter de souffrir».
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau estime que le texte sur l’aide à mourir, qui sera débattu à partir de ce lundi 12 mai à l’Assemblée nationale, est «profondément déséquilibré», alors qu’il est notamment défendu par sa collègue de la Santé au gouvernement, Catherine Vautrin. Ce texte «fait sauter tous les verrous. Ce n’est pas un texte d’apaisement, c’est un texte de rupture anthropologique», affirme au Journal du dimanche Bruno Retailleau à propos de la proposition de loi déposée par Olivier Falorni (apparenté Modem). «S’il était voté en l’état, il deviendrait plus facile de demander la mort que d’être soigné», dénonce le ministre LR, parlant d’un texte qui «est celui du renoncement, de l’abandon».
Fin avril, les députés ont approuvé la proposition de loi en commission des Affaires sociales pour permettre à des malades avec une «affection grave et incurable» qui «engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale» et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale. «Je me battrai, parce que notre société a besoin de soins palliatifs, pas d’une légalisation de l’euthanasie», prévient Bruno Retailleau dans le JDD.
De leur côté, la chanteuse Line Renaud et le président du groupe macroniste Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale Gabriel Attal, ont partagé un avis contraire dans la Tribune du dimanche . «Si nul ne souhaite mourir, en revanche, certains peuvent vouloir arrêter de souffrir», arguent-ils. Pour eux, «s’opposer par conservatisme à toute évolution du droit, c’est faire passer son dogmatisme avant la souffrance des malades. C’est manquer à son devoir d’écoute et d’humanité pour imposer sa morale».
Line Renaud et Gabriel Attal, qui préside le groupe macroniste Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, appellent en conséquence à agir «pour offrir aux malades la liberté de choix».
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«Qualité du reste à vivre»
Fin avril, les députés ont approuvé la proposition de loi en commission des Affaires sociales pour permettre à des malades avec une «affection grave et incurable» qui «engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale» et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale.
Catherine Vautrin a estimé pour sa part le mois dernier que l’ouverture d’une aide à mourir est «essentielle pour celles et ceux dont la souffrance (…) ne peut être soulagée», assurant que cela n’ouvre pas «une rupture anthropologique» en raison des multiples conditions fixées.
Dans un avis, la Haute autorité de Santé a jugé «impossible», faute de consensus médical, de déterminer qui pourrait bénéficier d’une aide à mourir en se basant sur un pronostic vital engagé «à moyen terme» ou sur une «phase terminale» de maladie, mais elle suggère de prendre en compte «la qualité du reste à vivre» de la personne. Le texte sur la fin de vie a été scindé en deux propositions de loi, l’une sur l’aide à mourir et l’autre, beaucoup plus consensuelle, sur les soins palliatifs.