« C’est comme si, alors que le monde s’écroulait, on mettait un dernier coup de couteau pour être sûr que tout le monde est mort. » L’image est utilisée par Jacques Linot, apiculteur à Fégréac, mobilisé comme plusieurs dizaines de consœurs et confrères du département, ce samedi 10 mai, place Royale à Nantes, contre la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb. Un texte censé lever les « contraintes » à l’exercice du métier d’agriculteur, et dont un article réintroduit l’usage, à titre dérogatoire pour certaines filières (betterave et noisette), de l’acétamipride, insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit depuis 2018.
« On enclenche la marche arrière »
Alors que la proposition de loi doit être examinée dans les prochains jours par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, apiculteurs professionnels et amateurs expriment leur incompréhension. « Nous ne sommes plus à l’heure du constat : on connaît et on a déjà mesuré les effets néfastes de ces molécules dans l’air, sur les sols et sur nos ruches », tonne Hervé Blanchard, président du Grapla, groupement des apiculteurs professionnels de Loire-Atlantique, représentant une trentaine de structures dans le département. « Au lieu de poursuivre les efforts pour préserver la biodiversité et la qualité de l’eau, on enclenche la marche arrière, on fait passer la santé au second plan derrière les filières. »
L’article réautorisant la molécule interdite a reçu il y a quelques jours un avis défavorable des députés de la commission du développement durable. « On invite l’ensemble des députés à aller dans ce sens », exhorte Marie Savoy, secrétaire générale de la Confédération paysanne en Loire-Atlantique, syndicat agricole classé à gauche, aux côtés des apiculteurs ce samedi.