Actuellement, la Royal Air Force [RAF] et la Fleet Air Arm, qui relève de la Royal Navy, disposent d’un total de trente-sept exemplaires du F-35B, c’est-à-dire la version à décollage court et à atterrissage vertical [STOVL] du chasseur-bombardier de cinquième génération développé par le constructeur américain Lockheed-Martin. Douze autres appareils devraient leur être livrés au cours de cette année, dans le cadre d’une première commande notifiée en 2012.

Initialement, le ministère britannique de la Défense [MoD] avait prévu d’acquérir 150 F-35B [dont 60 pour la Royal Navy], avant de revoir cette « cible » à la baisse, avec 138 appareils. Pendant un temps, il fut question de commander la variante navalisée du F-35 [le F-35C]… mais, finalement, il revint à son plan initial.

En 2022, tout en restant flou sur le nombre total de F-35B qu’il comptait aligner, le MoD fit savoir qu’il avait entamé des négociations avec Lockheed-Martin en vue de commander vingt-sept appareils de plus [dont un pour remplacer celui qui avait été perdu en Méditerranée, quelques mois plus tôt]. Seulement, cette affaire n’a toujours pas été conclue… Et, outre-Manche, quelques voix plaident en faveur d’un achat d’Eurofighter Typhoon supplémentaires, afin de constituer deux escadrons. Tel est ainsi le cas du syndicat Unite, très présent au sein de l’industrie de défense britannique.

« Bien que nous saluions l’augmentation des dépenses de défense à 2,5 % [du PIB] et la promesse du Premier ministre [Keir Starmer] concernant l’investissement, la croissance, l’emploi et les compétences, cela doit être accompagné d’actions concrètes », a fait valoir Sharon Graham, la secrétaire générale d’Unite, le 26 février.

« Une décision immédiate doit être prise pour remplacer les avions de chasse vieillissants de la RAF par des Typhoon de fabrication britannique. Elle doit être prise en faveur du Royaume-Uni », a-t-elle ajouté. Et d’insister : « Nous ne pouvons tout simplement pas nous retrouver dans une situation où [le président Trump se réveille de mauvaise humeur et nous empêche d’utiliser nos propres avions de chasse ».

Alors qu’une revue stratégique est en cours, le gouvernement britannique n’a manifestement pas l’intention de donner la priorité à l’achat d’autres Typhoon. D’autant plus que le Royaume-Uni a un statut particulier dans le programme Joint Strike Fighter, dont est issu le F-35 puisqu’il est le seul partenaire de premier niveau.

Ainsi, BAE Systems est chargé de produire le fuselage arrière [dérives et ailerons compris] ainsi qu’une grande partie de l’électronique embarquée quand Rolls-Royce fournit son dispositif LiftSystem pour la version STOVL. L’industrie britannique est impliquée à hauteur de 15 % dans le programme [hors moteur].

Cela étant, selon le quotidien The Times, le MoD envisage désormais d’acquérir des F-35A [la version « classique »], et non plus des F-35B. Il serait même question d’une commande portant sur une centaine d’exemplaires, ce qui permettrait de remplacer les 30 anciens Typhoon dits T1 [tranche 1] devant être prochainement retirés du service.

Les sources sollicitées par The Times font aussi valoir que le F-35A est qualifié pour emporter la bombe nucléaire tactique américaine B-61 [dans le cadre des plans de l’Otan] et que le coût unitaire de cet appareil est moindre que celui du Typhoon [64 millions de livres sterling pour le premier contre 73 millions pour le second, porté au standard T5].

Quant aux inquiétudes des syndicats sur une éventuelle fermeture de l’usine que possède BAE Systems à Warton, laquelle produit des Typhoon, les responsables cités par le journal ne les partagent pas étant donné que les commandes qu’envisagent de passer la Turquie et l’Arabie Saoudite permettront de lui garantir un plan de charge.