Mercredi, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz et Emmanuel Macron ont affiché leur volonté de réanimer le réflexe franco-allemand ». Leur déclaration n’a guère suscité de réactions politiques. Ceux qui approuvent ne se précipitent pas pour soutenir une initiative d’un président de la République impopulaire. Ceux qui désapprouvent savent qu’ils n’ont aucun intérêt à manifester leur euroscepticisme ou leur europhobie.

Ni le Rassemblement national ni La France insoumise n’ont jamais vraiment adhéré au projet européen. Mais c’est un paradoxe de notre temps : l’un peut bien être le premier parti de France et le second a beau dominer la gauche, les Français souhaitent, comme la plupart des citoyens européens, que l’Europe prenne davantage de responsabilités. Dans le reflet de cette Union européenne qu’elles n’aiment pas, l’extrême droite et l’extrême gauche découvrent le visage de leur défaite idéologique.

Selon la dernière enquête Eurobaromètre parue le 25 mars, les Européens et avec eux les Français se sentent en effet de plus en plus liés à un destin commun. Leur appel à plus d’Europe se nourrit de leur angoisse et de leur pessimisme. Au fond, plus ils craignent pour leur avenir, plus ils se tournent vers Bruxelles.

Tant que le monde ne nous menaçait pas si directement, il fallait voyager suffisamment loin pour se sentir européen après s’être d’abord défini comme un habitant de l’Ouest lors d’un séjour à Strasbourg puis comme un Français après avoir franchi le Rhin. Il fallait expérimenter que les kilomètres qui nous éloignent de notre point de départ déterminent la façon dont nous nous percevons. À présent que le monde s’invite dans notre quotidien en prenant mille visages qui nous inquiètent, il n’est plus nécessaire de sortir de son salon pour emprunter le même chemin.

(Lire le précédent édito)