De huit participants à deux pour finir seul
« Initialement, on devait partir à huit. Quatre binômes constitués respectivement d’une femme et d’un homme pour faire se faire un trip à la Pékin Express [NDLR : émission de téléréalité et d’aventure diffusée sur M6, où des binômes s’affrontent lors d’une course à travers différents pays avec pour seul budget un euro par jour et par personne] , avec des défis, des checkpoints. Entre des soucis de santé de dernière minute pour certains, malheureusement, et le désengagement de plusieurs participants, on est finalement parti à deux. Ça n’a ressemblé en rien à ce qui était prévu… mais l’aventure a été géniale malgré tout », s’enthousiasme le Marseillais devenu mulhousien.
Parce que oui, Abdelkrim est né à Marseille, a grandi dans ses quartiers « sud ». Il a atterri à Mulhouse alors qu’il était âgé d’une dizaine d’années, avec sa mère et ses trois frères. « Maman avait peur pour nous et voulait nous offrir une vie moins anxiogène que celle que la cité phocéenne permet d’espérer aux familles de condition modeste. C’est ainsi que nous sommes arrivés à Mulhouse », explique-t-il. Un Mulhousien d’adoption pleinement conquis par la cité du Bollwerk, dont il est un âpre défenseur face à quiconque osera tenter de ternir l’image de la ville aux 150 nationalités.
« Je ne joue pas à être quelqu’un d’autre »
« Partout où je vais, je suis fier de dire que je viens de Mulhouse », sourit Abdelkrim. Et d’affirmer son credo : « Rien de mieux que de rester tel qu’on est. Je suis sans filtre et vrai. Je ne joue pas à être quelqu’un d’autre. »
Pour revenir à la traversée de la France quelques jours plus tôt, Abdelkrim et son ami Rayanne, présent sur les réseaux également, ont pris la route samedi 26 avril à 9 h tapantes. « Nous avons longé la piste cyclable à partir du stade de l’Ill, direction Altkirch. »
Entre de la marche et de l’auto-stop (100 km maximum autorisés chaque jour), les deux amis s’arrêtent, à deux puis seul, à Besançon, Dijon, Chambéry, Valence et enfin Marseille.
10 euros de « survie » par jour
« Nous nous étions fixé 10 euros de “survie” par jour, au cas où. Mais les personnes rencontrées en chemin ont été incroyables. Certaines allant jusqu’à nous payer l’hôtel et même le restaurant. À Valence, quelqu’un est même venu me chercher alors que j’étais en galère, m’invitant ensuite chez lui. Nous avons joué aux jeux vidéo jusque tard dans la nuit », se souvient Abdelkrim, encore stupéfait. « À Dijon, ça a même été compliqué de pouvoir dormir à la belle étoile face à l’insistance des personnes sur lesquelles nous sommes tombés. »
Malheureusement, à mi-parcours, un ennui de santé vient encore modifier le plan des deux amis. « Rayanne, sans doute victime d’une insolation, a dû s’arrêter là pour rentrer chez lui afin de se remettre. En effet, la veille du jour où les symptômes sont apparus, nous avions marché une bonne partie de la journée sous un soleil de plomb. »
Abdelkrim , que rien ne semble pouvoir décourager, poursuit.
Maraude à Marseille puis à Mulhouse
Face aux imprévus, le trip en mode Pékin Express prend les allures d’un pèlerinage caritatif à travers la France, puisqu’en chemin, le jeune homme imagine la mise en place d’une cagnotte solidaire. À ceux qu’il croise et qui le souhaitent, il propose d’effectuer un don. C’est décidé, la somme récoltée à l’issue du voyage sera destinée à effectuer des achats de produits de première nécessité qui seront distribués lors d’une maraude, à Marseille. « Ayant encore des amis là-bas, ce n’était pas compliqué de s’organiser, une fois sur place. »
C’est ainsi que, vendredi 2 mai, Abdelkrim, aidé par ses « potes du sud », distribue une cinquantaine de colis dans les secteurs de Marseille qu’il connaît bien.
Cependant, le jeune homme tient à se montrer juste. Ça tombe bien, il indique qu’il « reste de l’argent dans la cagnotte. Je vais m’en servir pour organiser la même action, mais à Mulhouse. Ceux qui me suivent sur les réseaux sauront où, quand et comment », conclut Krimo, alias La Fluencerie, alias Abdelkrim Chenini.
Des idées plein la tête pour préparer l’avenir
Si l’aventure récente qui l’a mené vers Marseille s’est déroulée de manière très différente de celle qu’il avait imaginée, Abdelkrim Chenini, alias Krimo, alias La Fluencerie, ne s’en trouve pas le moins du monde déçu. « De magnifiques rencontres ont été au rendez-vous et je me suis pris une claque notamment en ce qui concerne la générosité des gens. Ça rassure ! »
« Mettre en lumière les rappeurs mulhousiens »
Pour le reste, le Tiktokeur a de la suite dans les idées et des projets plein la tête. Entre l’animation des différents supports sur lesquels il gagne en notoriété et ses activités d’ambianceur pour les concerts de son ami le rappeur YL, le trentenaire projette de lancer un challenge pour « mettre en lumière les rappeurs mulhousiens. Cette ville est le berceau de nombreux artistes talentueux et je serais heureux de pouvoir organiser des actions pour promouvoir Mulhouse et ses habitants ».
Par ailleurs, Abdelkrim Chenini espère pouvoir lancer un dérivé de Koh-Lanta (émission de téléréalité et d’aventure diffusée sur TF1) cet été en mode camping sauvage et débrouille.
Enfin, le jeune homme, inventif et dynamique, confie également avoir participé à un casting pour un film, Le mal du quartier. Parce qu’au final, son plus grand rêve serait de devenir « acteur ».