Du terrain de golf à Dubaï, à la tour Trump à Jeddah, en passant par un projet de 4 milliards de dollars à Oman, la Trump Organization mise sur l’essor du tourisme et de l’immobilier de luxe dans ces monarchies pétrolières.

À la veille de la visite de Donald Trump dans le Golfe, son fils Eric faisait la promotion de son entreprise de cryptomonnaies à Dubaï, tandis que Donald Junior se préparait à parler de la «monétisation de MAGA» à Doha. La Trump Organization a signé le mois dernier un contrat pour la construction d’un golf et de résidences de luxe au Qatar, et dévoilé les détails d’un gratte-ciel d’un milliard de dollars à Dubaï, dont les appartements pourront être achetés en cryptomonnaies.

Alors que la liste des projets de l’empire familial de Donald Trump dans cette région riche en pétrodollars ne cesse de s’allonger, l’entourage du président n’est pas le seul à vouloir en profiter, soulignent les analystes. «Les gouvernements du Golfe voient probablement la présence de la marque Trump dans leur pays comme un moyen d’être bien vu par la nouvelle administration», affirme Robert Mogielnicki de l’Institut des Etats arabes du Golfe à Washington.

S’il le voulait, le président pourrait passer d’un projet à un autre la semaine prochaine durant sa visite en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, la première tournée à l’étranger de son second mandat. Du terrain de golf à Dubaï, à la tour Trump à Jeddah, en passant par un projet de 4 milliards de dollars à Oman, la Trump Organization mise sur l’essor du tourisme et de l’immobilier de luxe dans ces monarchies pétrolières, lancées dans une course à la diversification. Le conglomérat est dirigé depuis 2016 par Donald Junior et Eric Trump, mais leur père est resté actionnaire à travers un trust.

Les intérêts commerciaux de Trump

Et les liens ne se limitent pas à l’immobilier. En avril, lors d’une conférence sur les cryptomonnaies à Dubaï, Eric Trump et Zach Witkoff – le fils de l’envoyé de Trump au Moyen-Orient, Steve – ont annoncé que le fonds émirati MGX utiliserait USD1, une cryptomonnaie développée par leur société, pour investir deux milliards de dollars dans la plateforme de cryptoactifs Binance. De son côté, Trump Junior a été invité à s’exprimer ce mois-ci au Forum économique du Qatar lors d’une séance intitulée au départ «Monétiser MAGA: investir dans l’Amérique de Trump», avant que les organisateurs n’optent pour la formule plus neutre de «Investir aux États-Unis».

En 2021, la presse avait révélé que le fonds privé du gendre et ancien conseiller du président, Jared Kushner, avait levé de l’argent auprès du fonds souverain d’Arabie saoudite, quelques mois après avoir quitté la Maison-blanche, pour un montant estimé à deux milliards de dollars. Ce fonds a aussi levé, plus tard, 1,5 milliard de dollars auprès du fond souverain du Qatar et d’un fonds basé aux Émirats arabes unis, selon l’agence Bloomberg.

Interrogée cette semaine sur la possibilité que Donald Trump effectue des visites ou tienne des réunions liées à ses propres intérêts commerciaux ou à ceux de sa famille, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a qualifié de «ridicule» le simple fait de «suggérer» qu’il agisse pour son propre intérêt, ajoutant même qu’il avait «perdu de l’argent en étant président».

«Des armes , des assurances et des technologies de pointe»

Les Émirats arabes unis en particulier, qui visent à devenir un leader dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), cherchent à s’assurer un accès aux technologies américaines de pointe, y compris à des puces dont l’exportation est restreinte. La transaction en USD1 réalisée par le fonds MGX, dirigé par le frère du président émirati, cheikh Tahnoon ben Zayed, est intervenue après la visite de ce dernier à Washington en mars. «En échange, les pays du Golfe veulent des armes américaines, des assurances et des technologies de pointe», notamment dans l’IA, résume M. Alhasan.

Les contrats avec la Trump Organization sont une goutte d’eau comparée aux promesses mirobolantes d’investissements du Golfe aux États-Unis, notamment celles de l’Arabie saoudite qui s’est engagée à porter ses échanges et ses investissements dans le pays à 600 milliards de dollars.