Posted On 11 mai 2025

Mardi dernier, l’Union des Habitants du Centre-Ville (UHCV) organisait une réunion publique avec l’adjoint en charge des espaces publics Gilles Namur (Vert), l’adjoint en charge du secteur 2 et du commerce Alan Confesson (LFI) et la conseillère métropolitaine déléguée au commerce Barbara Schuman (ex Verts/LFI). Ils ont été vertement reçus par des habitants excédés par l’évolution de la ville.

LA VACANCE COMMERCIALE A DOUBLÉ EN 10 ANS

Agnès Bassaler, administratrice de l’union de quartier, a commencé par lancer le sujet de la vitalité du centre-ville. Et les données sont claires : « la vacance commerciale est passée de 6 % en 2015 à plus de 12 % en 2025 selon des données de la Banque des territoires ». Et à ceux qui seraient tentés de dire que c’est partout pareil : « Grenoble qui avait le 4e centre de France en 2016 est maintenant sortie du top dix ». Et nous sommes au-dessus des moyennes nationales et régionales. Voilà le bilan de deux mandats, avec des causes connues et largement détaillées : manque d’attractivité et d’accessibilité.

L’UHCV a projeté un diaporama rappelant toute la propagande municipale, avec un Piolle gonflant le torse et assurant qu’il redonnerait à Grenoble « le centre-ville qu’il mérite », qui promettait de « revitaliser » la ville… Quel succès.
DES DISCOURS CREUX ALORS QUE LE SEUIL D’ALERTE EST FRANCHI

En réponse, les habitants inquiets ont eu droit au discours de l’immobilisme des élus au commerce avec un Alan Confesson expliquant être « attentif » sans avancer de véritables solutions, et une Barbara Schuman vantant la réalisation « d’études ». Postures d’autant plus ridicules que l’UHCV avait projeté les propos d’Eric Piolle, Christophe Ferrari (Place Publique) et Yann Mongaburu (Verts) en 2018 affirmant que les « signaux sont au vert » pour le centre, et ceux du Vice-Président de la métro en charge de l’économie Guy Jullien expliquant que le seuil de 10% de vacance « serait un niveau rouge d’alerte ». Il serait temps d’en prendre la mesure maintenant qu’il est franchi ?

RECUL DU COMMERCE, RECUL DE L’OFFRE CULTURELLE…

Une habitante animatrice du collectif pour la sauvegarde de la bibliothèque du centre-ville a rappelé que cette spirale de paupérisation sera entretenue par le projet de fermeture des bibliothèques du centre (ilot République) et du jardin de ville, alors que la municipalité elle-même reconnaissait que celle du centre attire le plus de monde à Grenoble, ce qui permet aussi de faire la vitalité du secteur : « le commerce ne va déjà pas bien, et en plus vous retirez du centre-ville la culture (…) À la fois vous reconnaissez que le centre-ville ne va pas bien, et à la fois ce qui va bien, vous voulez le détruire ! ».

« Le centre-ville se vide » et les Verts/LFi mettent tout en oeuvre pour que ce soit de pire en pire.
LA NOVLANGUE HABITUELLE

Sur ce point, le petit commissaire politique Alan Confesson (LFI) a alors rempli son office en agitant la novlangue municipale habituelle que plus personne ne gobe : il a ainsi tenté d’expliquer qu’il n’y a pas fermeture mais « transfert » du fond à la bibliothèque centrale (les habitants du centre qui devront faire plus de 800 mètres pour trouver la bibliothèque transférée seront ravis) et que « quand ce projet sera mené à bien, il vous apportera entière satisfaction ». Les Rouge/Verts connaissent mieux que les peuples eux-mêmes ce qui fera leur bien, comme l’histoire de tous ces régimes sans exception l’a montré.

DEAL : CONFESSON PRÉFÉRERAIT NE PAS EN PARLER

Le problème du trafic de drogue s’est aussi invité, soulevé par une personne qui a expliqué avoir voté Piolle deux fois et aujourd’hui être terriblement déçu de son inaction. Alan Confesson n’avait pas particulièrement envie d’en parler, affirmant que « c’était pas un sujet prévu à l’ordre du jour ». Comme si ça ne rejoignait pas le problème de la vitalité du coeur de ville. Mais ces élus qui voient les habitants une fois l’an souhaiteraient que ceux-ci ne parlent que des sujets qu’ils ont préalablement autorisé !

TOUJOURS LES MÊMES SCHÉMAS DE RÉPONSES

Comme avec le commerce, l’adjoint a développé le même discours déreponsabilisant : fable du « c’est partout pareil » en citant des fusillades à Rennes (alors que tous les chiffres officiels pointent que nous sommes premiers pour la délinquance), et longue litanie pour expliquer qu’ils « font le lien » avec la police et ont lancé des vidéos de sensibilisation des consommateurs… soit tout pour ne pas parler de leur absence de mesures concrètes (vidéoprotection, police municipale…). L’adjoint a même osé expliquer que pour la prévention, il faut « s’appuyer sur les MJC ». « Que vous fermez ! », lui a vivement rétorqué un habitant en référence à toutes ces structures d’éducation populaire que les tartuffes ont démantelé.

« CEUX QUI S’APPROPRIENT L’ESPACE NE SONT PAS CEUX QUE VOUS AVEZ CIBLÉ »

Un habitant de Hoche a aussi interpellé les élus sur la manière dont leurs aménagements créent l’insécurité, demandant avec pédagogie : « est-ce que vous faites un retour d’expérience sur les mesures que vous avez mises en place sur l’urbanisme ? (…) car ceux qui s’approprient l’espace public ce sont pas ceux qu’on imaginait sur les plaquettes, ce ne sont pas ceux que vous avez ciblé ». Les bénéficiaires de la fermeture de Hoche avec la chronovélo sur le boulevard Agutte Sembat sont en effet … les dealers.

Les aménagements de la ville favorisent les trafiquants. Quartier Hoche, la fermeture d’une voie d’accès (côté Agutte Sembat) réduit les possibilités d’intervention des forces de l’ordre et conforte les dealers qui peuvent s’échapper à pied par les coursives ouvertes. Capture d’écran Place Gre’net
UN FESTIVAL DE MAUVAISE FOI

Bien sûr pas de « retour d’expérience ». Et un festival de mauvaise foi en retour, Alan Confesson affirmant « on a pas mené de projets à l’intérieur du quartier Hoche »… car il n’inclut pas le boulevard Agutte Sembat dans Hoche stricto sensu ! Pendant que son collègue Gilles Namur vociférait : « non on reconnaît pas qu’on s’est plantés » ! », en expert de la négation du réel. Avant d’être sèchement repris par un habitant résumant le sentiment général : « il y a un manque de prise en compte de la réalité de ce que vivent les gens, pourtant nous sommes nombreux à vivre la même chose ».

De gauche à droite, Barbara Schuman (élue métropolitaine au commerce), Chloé Pantel (adjointe au secteur 6), Gilles Namur (adjoint aux espaces publics), Alan Confesson (adjoint secteur 2 et commerce) réunis pour un festival de mauvaise foi.
« VOUS AVEZ GHETTOÏSÉ ET ENCLAVÉ CE QUARTIER »

Michel Voilin, président de l’Union de quartier Championnet-Bonne-Hoche-Condorcet et coprésident du CLUQ, a finalement remis les pendules des adjoints à l’heure avec une intervention vivement saluée : « les problèmes ont commencé quand vous avez avez fermé l’accès à Hoche. Vous avez ghettoïsé, enclavé ce quartier et c’est une catastrophe car les commerces en sont morts (…) Les animations, c’est une goutte d’eau car c’est un problème d’urbanisme. En 12 ans vous avez détruit ce qui était merveilleux et les gens n’ont plus qu’une idée, c’est partir (…) c’est le narcotrafic qui est en train de prendre le pouvoir et le drame c’est que c’est en train de s’étendre ».

LES SOLUTIONS SONT SUR LA TABLE

Ce que demande l’UHCV pour tirer à nouveau le centre vers le haut n’est pas sorcier : des espaces publics « agréables, bien entretenus et rassurants » (donc une politique de propreté et de sécurité efficace), et accompagner l’installation de commerces de proximité en incitant une offre diversifiée. La base du travail d’un élu local, qu’ils n’ont pas réussi à remplir en 12 ans. En mars prochain, les Grenoblois auront le choix : soit poursuivre encore 6 ans avec ceux qui répètent les mêmes discours creux tous les ans mais n’ont réussi qu’à aggraver les problèmes. 

Soit faire le choix d’une toute autre orientation : le groupe d’Alain Carigon, leader de l’opposition, a déjà travaillé sur un plan complet qui rejoint les ambitions de l’UHCV pour que le centre-ville retrouve son attractivité, en lien avec les collectifs de commerçants et habitants. Les solutions sont sur la table : aux Grenoblois de s’en saisir en votant l’an prochain.