Lundi
LES ANCIENS ET LES MODERNES. Trois mois après le rapt du cofondateur de la société Ledger dans l’Indre, celui d’un quinquagénaire séquestré pendant 58 heures ce week-end rappelle la série d’enlèvements de grands patrons qui avait traumatisé la France au milieu des années 70. Autre temps, autres mœurs. Oubliés les capitaines d’industrie. Un demi-siècle plus tard, les investisseurs en cryptomonnaies sont devenus la proie de criminels dont les méthodes n’ont pas varié d’un iota. Kidnappings en pleine rue, demandes de rançon, mutilation : les criminels agissent à l’ancienne, comme dans les films de Melville. Fort heureusement, les enquêteurs ont, eux, changé de braquet grâce à des techniques de pointe. Ravisseurs identifiés et arrêtés en un temps record, otages libérés: les modernes ont de l’avance sur les anciens.
Mardi
LA SOLITUDE DU CHALLENGER. À un mois d’écart, jour pour jour, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se livrent au même exercice, celui du Face aux lecteurs organisé par notre journal. Dans la course à la présidence de LR, un monde sépare le favori et son challenger. Agenda millimétré, rencontre chronométrée, gardes du corps aux aguets: pas de place à l’improvisation chez le ministre de l’Intérieur en campagne. Tout l’inverse de Laurent Wauquiez. Arrivé en avance, veste sur l’épaule, au siège de notre journal accompagné d’un unique collaborateur, le chef de file des députés LR s’autorise un tour du pâté de maisons, histoire de se dégourdir les jambes. En présence de nos lecteurs, il prend le temps. S’intéresse à chacun. Plaisante. S’amuse des guerres intestines entre les grands fauves politiques locaux. S’il concède une bonne longueur de retard, le marathonien Laurent Wauquiez ne se laisse pas impressionner par le sprint de Bruno Retailleau. Il sait que d’ici 2027, la route sera longue.
Mercredi
CHIRACMANIA. Jadis ringard, qualifié de « roi fainéant », Jacques Chirac est aujourd’hui adulé. Trente ans après son élection, l’ex-chef d’État est partout. T-shirts, mugs, tabliers à son effigie, chansons à partir de ses expressions favorites : tout le monde est fan de ce Président « cinq minutes, douche comprise » qui aimait les pommes, la tête de veau, les CX et la Corona. Superstar, le Corrézien l’est aussi pour de nombreux politiques engagés dans la course à l’Élysée. Beaucoup se souviennent avec des étoiles dans les yeux de l’incroyable retournement de 1995 qui avait vu Jacques Chirac, donné battu à plate couture par Balladur, l’emporter après avoir arpenté la France pendant des mois, l’image du looser collé au costume. Slogan inattendu (« Mangez des pommes »), concept bien senti (la fracture sociale), coup de pouce involontaire des Guignols de l’info: trente ans après, sa remontada est devenue légendaire. Et Chirac un modèle.
Jeudi
LES DEUX AMÉRIQUE. Aux yeux des 53 millions de catholiques américains, l’élection du cardinal Robert Francis Prevost représente un moment historique. Dans une année qui voit les États-Unis revenir au premier plan mondial, pour le meilleur et pour le pire, l’élection du premier pape américain est aussi une bonne nouvelle pour Donald Trump qui accueille l’élection de ce compatriote comme « un grand honneur ». Mais Robert Francis Prevost n’est pas Donald Trump. C’est même son antithèse. Décrit comme timide, secret et modeste, autant de traits de caractère restés à la porte du Bureau ovale, le nouveau souverain pontife s’inscrit dans la continuité de François et revendique par le choix de son nom l’héritage de Léon XIII, le « pape des ouvriers ». Proche de l’évêque de Chicago, un des plus farouches opposants de Trump au sein de l’épiscopat américain, le cardinal Prevost a partagé à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux des articles critiquant le vice-président J.D Vance pour ses prises de position anti-migrants. Une autre vision de l’Amérique et, pourquoi pas, l’émergence d’une forme de contre-pouvoir.
Vendredi
SUR LES DENTS. Dans notre pays, on réclame à cor et à cri des prisons et des logements sociaux, mais on n’en veut surtout pas à côté de chez soi. Il en sera peut-être bientôt de même pour les professionnels de santé. À Pernes-en-Artois, un bourg de 1.600 âmes du Pas-de-Calais, c’est contre l’installation d’un dentiste que les habitants ont sorti les crocs, pétition à l’appui. Face au tollé soulevé par la perspective de voir le trafic routier augmenter légèrement avec l’arrivée de son cabinet, le praticien a préféré jeter l’éponge. Effrayé par ces villageois sur les dents, il ne ramènera pas sa fraise.
Samedi
NOS AGRICULTEURS ONT DU TALENT. Nos agriculteurs ont eu du talent. C’était un pari. Il est réussi. Réunir en ville, à Saint-Raphaël, la crème des agriculteurs du Var. Ceux qui font vivre le terroir, entretiennent nos campagnes et subliment les richesses de la nature. Le succès de la première édition du Salon des producteurs du Var organisé par Var-matin est aussi éclatant qu’enthousiasmant. Vins, huiles, truffes: les produits des agriculteurs du département, premiers défenseurs de l’environnement, sont exceptionnels et leur talent incroyable. Bravo à eux!
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Le salon se poursuit aujourd’hui au Palais des Congrès de Saint-Raphaël.