Dynamique et sportive, cette mère de trois enfants n’imaginait pas une seconde pouvoir développer un cancer du poumon. ©Annie Gozard
Injuste. C’est peut-être le premier mot qui vient à l’esprit, lorsque l’on apprend que l’on souffre d’un cancer du poumon, alors même que l’on n’a jamais fumé.
« J’ai toujours fait attention à ce que je mange, je n’ai jamais bu, jamais fumé. J’estimais avoir une vie saine, donc le cancer du poumon, ce n’était pas pour moi », confirme Magali Martinez. Tout juste quinquagénaire lorsqu’elle a été diagnostiquée, cette habitante de Haute-Savoie n’a pas compris, sur le coup. « À l’annonce, cela a été compliqué, car pour moi, c’était clairement le cancer des fumeurs et de ceux qui ne prennent pas soin d’eux ».
Mais le cancer du poumon n’a pas que le tabac comme origine, même s’il s’agit du facteur de risque le plus important. Mariée et mère de trois enfants, Magali vit à Éteaux, un petit village situé à l’entrée de la vallée de l’Arve, réputée pour sa forte pollution atmosphérique. Si la corrélation n’a pas été formellement établie, elle montre à quel point les idées reçues ont la vie dure, notamment en matière de cancer.
Premiers symptômes : “Cela ne m’a pas alarmé”
C’est sans doute en raison de cette croyance tenace que Magali, très impliquée dans son travail dans un lycée, particulièrement sportive et dynamique, ne s’est pas inquiétée au premier signe.
« J’avais une petite boule de graisse au niveau de l’abdomen, depuis plusieurs mois. Cela ne m’a pas alarmé. C’est mon médecin qui m’a alerté et conseillé d’aller faire un scanner : il y avait des métastases au niveau de la plèvre et du médiastin. Le cancer était diagnostiqué. En moins d’un mois, j’avais rencontré tous les spécialistes, j’avais le résultat et je savais que c’était un cancer du poumon à mutation ROS1 ».
Ce type de cancer du poumon, assez rare, touche plutôt des patients jeunes et potentiellement non-fumeurs (voir par ailleurs). Au verdict, Magali s’est naturellement effondrée. Pour la seconde fois de sa vie. « C’est un vrai tsunami. J’ai une colère noire, car c’est le deuxième en 25 ans ».
Il ne s’agit pas d’une récidive. Son premier cancer avait touché les ganglions. Magali s’en était remise, avec au passage la certitude que l’on pouvait donc bel et bien triompher de la maladie.
« Pour avoir un cancer du poumon, il suffit d’avoir des poumons, et on en a tous »
C’est sans doute aussi pour cela, une fois le choc passé, que son moral d’acier a repris le dessus. Tout de suite, « il y a eu un message d’espoir : au moment de l’annonce, mon oncologue me dit qu’il existe un traitement. Soyons honnête, ce n’est pas facile, mais il faut dégager un peu d’espoir et ces thérapies ciblées nous aident beaucoup ».
La Haut-Savoyarde, toujours sous traitement, s’appuie sur un entourage solide et, surtout, un désir de vivre plus fort que tout.
« J’ai accepté le fait de vivre avec mon cancer. En revanche, je n’accepte pas de ne pas vivre. C’est hors de question. Je veux bouger, danser, avancer. Je suis très entourée. C’est un message à faire passer : n’écartez pas les gens. Il y a parfois une forme de honte, ce n’est pas facile de dire qu’on a un cancer du poumon. Ce qui est difficile, c’est ce que les personnes vous renvoient quand vous leur annoncez, parce qu’on absorbe leurs émotions. Soit on occulte, soit on avance ».
Cancer du poumon : “si on me l’avait diagnostiqué plus tôt…”
Magali, elle, a donc choisi d’avancer. Et de montrer à tous les bienfaits du refus de la fatalité. Elle s’est engagée dans une association et participe, en tant que patiente ambassadrice, à la campagne Femmes et cancer du poumon portée par AstraZeneca pour promouvoir un diagnostic précoce.
« Le cancer du poumon est très vicieux. (Le mien, NDLR), on ne le voyait pas, je continuais à faire exactement ce que je faisais, je n’étais pas essoufflée. Mais si on me l’avait diagnostiqué plus tôt, il n’aurait peut-être pas été en stade 4 ».
Autre message qu’elle souhaite colporter, celui d’un cancer qui, donc, ne frappe pas que les fumeurs : « on est à l’abri de rien. Pour avoir un cancer du poumon, il suffit d’avoir des poumons, et on en a tous. N’ayez pas peur d’aller voir un professionnel de santé. Au mieux, il n’y a rien, au pire, on fait quelque chose ».
À SAVOIR
Le cancer du poumon à mutation ROS1 est une forme rare de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) caractérisée par une anomalie génétique touchant le gène ROS1, présent chez environ 1 à 2 % des patients atteints. Cette mutation entraîne une activation anormale de la protéine ROS1, favorisant la croissance incontrôlée des cellules cancéreuses. Elle concerne souvent des patients plus jeunes, non-fumeurs ou peu fumeurs. Des traitements ciblés, comme les inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI), existent pour bloquer cette mutation et améliorer la survie.
Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé