Le général de corps d’armée Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale au sein du gouvernement militaire à Bamako, a repris l’élément de langage de Moscou pour vanter les résultats de la coopération russo-malienne face au terrorisme.
Le discours en rappelle un autre… Dans le journal télévisé de la chaîne publique malienne ce samedi, l’un des termes du général de corps d’armée Ismaël Wagué pour évoquer la lutte contre le terrorisme au Mali a fait réagir. Le militaire, également ministre de la Réconciliation nationale, s’exprimait à l’occasion d’une réception à l’ambassade de Russie à Bamako, organisée le 9 mai pour le 80e anniversaire de la victoire russe lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dans sa déclaration, le général Wagué, l’un des hommes forts de la junte au pouvoir, s’est félicité du partenariat avec la Russie, dont les militaires de Wagner, depuis que les militaires ont pris le pouvoir par un coup d’État en 2020, ont remplacé les soldats français de l’opération Barkhane dans la lutte antidjihadiste. Le ministre a commencé par «remercier sincèrement la fédération de Russie, à travers son président Vladimir Poutine», pour «son soutien indéfectible aux forces de sécurité» maliennes. Grâce à cette coopération sécuritaire russo-malienne, a-t-il ajouté, «nous sommes en train de dénazifier notre pays en battant effectivement le terrorisme».
Le terme de «dénazification» a été employé maintes fois par le président russe Vladimir Poutine pour justifier l’agression de l’Ukraine, lancée le 22 février 2022. Selon la version du maître du Kremlin, la Russie se bat pour «éliminer la menace que représente le régime néo-nazi qui a émergé en Ukraine en 2014». Pour nourrir sa propagande, Vladimir Poutine s’appuie pêle-mêle sur l’existence de groupuscules tels que le bataillon Azov, intégré à la Garde nationale ukrainienne en 2014 et qui affichent encore des croix gammées, ou des micro-partis politiques ukrainiens ultranationalistes, parfois antisémites, tels que la coalition Pravy Sektor ou Svoboda.
Au Mali, les militaires russes rattachés au ministère de la Défense (qui remplacent peu à peu les anciens miliciens de Wagner depuis la mort de leur fondateur Evgueni Prigojine) combattent, aux côtés des forces maliennes, contre des groupes armés terroristes plutôt attachés à l’idéologie islamiste qu’à celle de Mein Kampf. Qu’à cela ne tienne. «Nous sommes au côté de la Fédération de Russie sur le plan international et nous assumons notre position avec fierté», a déclaré le général, soulignant l’importance de cette coopération pour la «souveraineté» du Mali.