L’Armée a quitté l’immense Caserne du Muy il y a quinze ans. Pourtant, aujourd’hui, seul le tribunal a investi une partie de cette friche pour ses procès hors normes. L’institution y restera jusqu’à un possible déménagement en 2030 vers une nouvelle cité judiciaire voulue proche d’Arenc. D’ici là et avant le déménagement de la mairie de Marseille depuis le Vieux-Port,  évoqué l’an dernier par Benoît Payan pour y regrouper des directions municipales éclatées, l’association Yes We Camp, spécialiste des projets éphémères, et la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé-Pierre) portent depuis deux ans l’idée d’un lieu de vie, ouvert sur le quartier qui pourrait transformer le 3e arrondissement.

Lutte contre le gaspillage immobilier

Une utilisation de ces bâtiments vides au cœur de la Belle-de-Mai pour quelques années avant qu’ils ne trouvent leur prochaine vocation. Après une réunion avec la Ville le mois dernier, le collectif, qui propose un programme « transitoire et cohérent » pour la Caserne du Muy, espère plus que jamais convaincre. En mettant notamment en avant ses arguments de lutte contre le gaspillage immobilier autant que son expérience, toujours à l’œuvre dans la gestion de l’Auberge marseillaise qui accueille des femmes victimes de violences à Bonneveine.

Cette « galaxie qui reflète le visage pluriel de Marseille » 

« Personne ne sait comme nous ouvrir un lieu comme Coco Velten avec une telle frugalité (150 euros le m²) et une telle intensité d’usages. C’est non seulement notre boulot mais l’avenir », plaide Nicolas Détrie. Le directeur de Yes We Camp est sûr de sa méthode. Économe en CO2 car elle ne produit pas de constructions supplémentaires : au Muy, 12 000 m² d’espaces vacants et 15 000 m² d’extérieurs à l’abandon. Mais aussi riche de rencontres : l’opérateur de « tiers lieux » espère y accueillir plusieurs dizaines de structures. Un vaste déploiement qui s’appuie sur un « maillage local ». Cette « galaxie qui reflète le visage pluriel de Marseille » comprendrait « Médecins du monde et l’AP-HM pour une permanence d’accès aux soins, la mairie de secteur pour des services de proximité, Habitat alternatif social (HSA) et Just, pour de l’hébergement et de l’aide aux plus précaires, le festival de Marseille et le festival Parallèle côté culture ou encore la Réserve des arts et sa matériauthèque ».