Elles n’ont pas perdu un match de l’année, mais ne peuvent pas devenir championnes canadiennes. C’est dans cette situation que se retrouve l’équipe des Cyclones M15 de Moncton, au Nouveau-Brunswick, à cause de règlements de Volleyball Canada.
C’est une génération dorée qui a foulé les terrains de volleyball cette année. Après avoir remporté le championnat national de l’Est du Canada U14 l’an dernier, l’équipe a continué sur sa lancée chez les U15, remportant le championnat de l’Atlantique, même si le club est principalement composé de joueuses de 14 ans.
Elles n’ont perdu aucun match contre des équipes de leur groupe d’âge au cours de la dernière saison.
On a gagné 11 tournois cette année. Notre seule défaite, c’est dans un tournoi aux États-Unis. On a battu des équipes plus vieilles, même des joueuses universitaires. Les filles sont prêtes et sont capables de jouer à un niveau impressionnant, explique l’entraîneur Phil Karatzios.
Les Cyclones s’envoleront pour Edmonton la semaine prochaine pour les championnats nationaux. Malgré leur fiche parfaite, elles n’auront pas la chance de compétitionner pour le titre national. Elles seront de la troisième division, donnant accès, au maximum, à la 17e place au pays.
Un système injuste, selon l’équipe
C’est que le système de classement de Volleyball Canada n’attribue qu’un certain nombre de points au Nouveau-Brunswick. Même si une équipe obtient tous les points disponibles, comme c’est le cas des Cyclones, impossible de percer les deux premiers tiers et ainsi espérer pouvoir remporter le championnat national.
On est déçues. Même si on gagne toutes nos parties, on ne peut pas avoir la première place. On va au tournoi en sachant qu’on ne peut pas gagner, dit la joueuse Zoé Arsenault.
On a une fiche parfaite et on ne peut même pas se classer plus haut que le tiers 3. C’est quand même bon, mais on aurait aimé pouvoir jouer contre les meilleures équipes, se désole sa coéquipière Mila Karatzios.
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Grace Ivany, Mila Karatzios, Zoe Arsenault et Elliana Clinch font partie de l’équipe U15 des Cyclones de Moncton.
Photo : Radio-Canada / Rachel Gauvin
C’est un problème avec le système de Volleyball Canada, déplore Jon Clinch, entraîneur et parent d’une joueuse des Cyclones. Les petites provinces ne peuvent pas faire compétition avec les plus grosses provinces. On peut juste avoir un certain nombre de points parce qu’on est du Nouveau-Brunswick et ce n’est pas assez pour être dans les deux premiers tiers.
Le Nouveau-Brunswick a pourtant une riche histoire en volleyball. La Néo-Brunswickoise Brigitte Soucy est considérée comme l’une des meilleures joueuses canadiennes. Elle portait les couleurs de l’Université de Moncton lorsque l’équipe nationale l’a sélectionnée pour la première fois en 1992. Elle a aussi fait partie de l’équipe olympique canadienne de 1996, à Atlanta.
Il y a tellement de talent au Nouveau-Brunswick, c’est pour ça que c’est désolant cette situation. Elles méritent une chance, croit la gérante de l’équipe, Amy Clinch.
Les règles ont été respectées, dit Volleyball Canada
Les Cyclones ont fait appel auprès de Volleyball Canada pour que l’équipe se qualifie dans les deux premiers tiers du championnat. Un appel qui a été rejeté.
Volleyball Canada explique dans une déclaration qu’après avoir révisé la demande d’appel, un jury a conclu que les procédures de répartition du classement ont été respectées et qu’aucune preuve que le processus a été fait de manière incorrecte n’a été fournie.
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Volleyball Canada estime qu’elle a respecté ses règles de classement.
Photo : Radio-Canada
Comment est déterminé le classement de Volleyball Canada? C’est un système assez opaque, selon l’entourage de l’équipe des Cyclones.
C’est un système mathématique de Volleyball Canada. Ils n’ont pas donné la formule pour les pointages, explique Jon Clinch.
Les petites provinces sont en désavantage parce qu’on a moins de points attribués à nous, poursuit Phil Karatzios.
Il faut des changements
Volleyball Canada explique que les résultats aux championnats nationaux des six à dix dernières années sont comptabilisés pour attribuer les points aux provinces et territoires, mais les performances des championnats nationaux de l’an dernier ne sont pas comptées.
L’organisme se garde toutefois le droit de modifier le classement de certaines équipes des plus petites provinces et territoires qui n’ont pas de compétitions régionales comme les trois territoires, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador.
Avec ce système, une cohorte talentueuse, comme celle des Cyclones, se voit alors pénalisée par les moins bons résultats de ses prédécesseurs.
Il n’y a peut-être pas eu dans les années passées une équipe aussi forte qui vient d’une petite province. Le système ne fonctionne pas et il faut des changements. Il faut faire en sorte d’avoir la meilleure équipe de chacune des provinces pour appeler ça un championnat national, croit Phil Karatzios.
J’aimerais que tout le monde ait une chance de gagner et de finir premier, ajoute Zoé Arsenault.
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Les joueuses des Cyclones de Moncton se désolent qu’elles ne pourront pas devenir championne canadienne, même après une saison quasi parfaite.
Photo : Radio-Canada / Rachel Gauvin
Malgré tout, les Cyclones ont l’intention de tout donner à Edmonton la semaine prochaine pour remporter le tiers 3.
La semaine prochaine on va jouer, on va représenter le Nouveau-Brunswick, même si on peut juste finir 17e au mieux, dit Jon Clinch, avec résignation.
Volleyball Canada argumente que son système de classement est basé sur les données et enlève toute forme de subjectivité au processus.
Un argument qui ne semble pas convaincre parents et joueuses qui ont connu une saison parfaite dans leur groupe d’âge.
Espérons que ceci peut être le début d’un changement dans les années à venir, souhaite Phil Karatzios.
Avec les informations de Rachel Gauvin, Nadia Gaudreau et François Le Blanc