« La haine des musulmans, on n’en veut pas! Aboubakar, on t’oublie pas! » Les slogans qui résonnent avenue Jean-Médecin résument l’état d’esprit des manifestants à Nice. Jusqu’à 150 personnes selon notre décompte (120 d’après la police, 300 à 400 pour les organisateurs) ont défilé de la Libération à Garibaldi, ce dimanche après-midi, pour dire « halte à l’islamophobie ». Elles réagissaient au meurtre d’Aboubakar Cissé, ce jeune Malien poignardé dans une mosquée du Gard le 25 avril.

Olivier H., 20 ans, a été mis en examen pour « assassinat à raison de la religion » et écroué. Il aurait porté 57 coups de couteau à la victime en évoquant « ton Allah de merde (sic) ». Son état psychique interroge, tout comme ses motivations réelles – il aurait par le passé exprimé le souhait de tuer indistinctement quelqu’un. Mais pour les manifestants, ce drame est symptomatique de la montée de l’islamophobie en France, et d’un « deux poids deux mesures » dans l’indignation.

« On ne sait pas si la personne qui a commis cet acte est dérangée, mais on peut déjà fustiger les réactions du gouvernement », souligne Alan Clerc, des Jeunes insoumis. « Le racisme, c’est un tout. On ne peut pas être antiraciste à moitié, martèle l’Insoumis Olivier Salerno. Dans cette affaire, il a fallu beaucoup de temps pour que le gouvernement réagisse. Personne n’est dupe! »


Jusqu’à 150 personnes ont défilé avenue Jean-Médecin pour dire « halte à l’islamophobie ». Dylan Meiffret / Nice Matin.

« Un cercle vicieux de haine »

Le Collectif contre-attaque antiraciste, les Jeunes insoumis, les Jeunes communistes et le Front populaire étudiant ont appelé à manifester à Nice, en même temps qu’à Grasse et, surtout, à Paris. À l’avant du cortège niçois, cohabitent les drapeaux français et palestinien. « Tous unis et tous français! Liberté, égalité, fraternité! », scande la foule.

Myriam, infirmière âgée de 42 ans, voile sur la tête, vient avec ses trois enfants porter « un message de paix ». Pour elle, ce fait divers tragique « résume l’ambiance actuelle en France, les amalgames et l’islamophobie grandissante. » Ali, artiste d’origine marocaine vivant en France depuis cinquante-deux ans, dénonce « un cercle vicieux de haine ». « Il faut s’indigner d’abord, faire l’enquête ensuite! Si cette attaque avait eu lieu dans une synagogue, aurait-on hésité à parler d’acte antisémite? »


Les manifestants dénoncent un deux poids deux mesures dans l’indignation, en passant devant la basilique Notre-Dame où un terroriste avait tué trois personnes en 2020. Photo Dylan Meiffret / Nice Matin.