« Il faut le vivre pour le croire! » Olga (prénom modifié), sexagénaire ukrainienne, est indignée. Cette réfugiée veut partager le désarroi de nombreux compatriotes venus s’établir dans les Alpes-Maritimes depuis le 24 février 2022 et l’invasion russe. Des réfugiés « confrontés à une situation de plus en plus intenable pour renouveler leur protection temporaire », alerte-t-elle.

Ce week-end, la préfecture des A.-M. a ouvert son guichet « Ukraine » non-stop, de 8h30à 16h30, « afin de faciliter le renouvellement des autorisations provisoires de séjour (APS) dont la validité est échue ou arrivera à échéance en mai 2025 ». Tous les six mois, les réfugiés doivent faire renouveler ce précieux sésame, essentiel pour travailler ou se loger. « Une fréquence absurde et épuisante, surtout dans le contexte post-traumatique que nous connaissons », déplore Olga.

Il y a quelques mois encore, les rendez-vous se prenaient en ligne. Mais ce système a été dévoyé, des escrocs piratant les créneaux pour les revendre. La préfecture y a donc renoncé, préférant ouvrir des guichets dédiés un week-end par mois, avec « une capacité d’accueil très importante ». Objectif: recevoir « la totalité des ressortissants ukrainiens » qui se présentent, avec un accès spécial pour les personnes vulnérables. Mais en pratique, cela relève du parcours du combattant.

« Indigne d’un pays civilisé »

Des centaines de réfugiés patientent ainsi pendant des heures aux portes du centre administratif des Alpes-Maritimes. « Des personnes âgées, des enfants, des malades, des personnes traumatisées par la guerre sont laissées à l’extérieur, sans savoir si elles seront prises en charge, constate Olga. Certaines personnes déclarent déjà qu’elles passeront la nuit devant la préfecture. Il n’y a même pas de toilettes accessibles — beaucoup sont obligés d’aller dans les buissons. Il n’y a ni eau, ni nourriture, ni abri contre le soleil. » Une situation « indigne d’un pays qui se dit civilisé et respectueux des droits humains ».

Elle-même a fait demi-tour samedi, avec son fils handicapé, ne supportant plus « cette attente déshumanisante. Comment peut-on parler d’asile ou de protection quand il faut littéralement se battre pour renouveler son droit de rester? »

En France, Nice est en première ligne de l’accueil des réfugiés ukrainiens. Certes, « après avoir survécu à la guerre, cette épreuve n’est pas la plus dure ». Mais Olga appelle la préfecture des A.-M., et le nouveau préfet attendu sous peu, à remédier à « ce chaos administratif à Nice ».