Par
Yann Rivallan
Publié le
12 mai 2025 à 6h46
Il a été l’un des artisans de la montée du FC Rouen en National. Le gardien de but Jeffrey Baltus, 33 ans, a connu un revirement pour le moins surprenant dans sa carrière : il est devenu deux fois champion national de football au Népal. Une aventure atypique qu’il nous raconte.
Un championnat découvert par hasard
Après trois années passées au FCR, entre 2020 et 2023, Jeffrey Baltus pensait quitter le club local juste après la montée. « On avait entamé des négociations pour rompre mon contrat, explique-t-il. Il me restait un an. »
Mais au bout du compte, les choses « ont tardé » et à l’horizon du mois de juillet 2023, les opportunités étaient « limitées », dit-il. Alors, un peu par hasard, l’ex-portier rouennais écume le réseau social LinkedIn et tombe sur une drôle d’annonce.
Un agent cherchait des joueurs pour intégrer des équipes du championnat du Népal.
Jeffrey Baltus
Ancien gardien du FCR
Mais le contact n’est pas forcément très bon : « Je ne l’ai pas trouvé très fiable. » Pour autant, Jeffrey Baltus continue de se renseigner sur la Nepal Super League. Un jeune championnat fondé il y a seulement 4 ans, le 21 février 2021, et en pleine expansion.
Un premier titre en 2023
À force de renseignements, le gardien de but fini par se rapprocher « des bons contacts ». Et en 48h, il valide son contrat avec le club le plus populaire du pays : le Lalitpur City Football Club.
Trois jours plus tard, il embarque dans l’avion direction Katmandou. Le club qu’il rejoint représente une ville au sud de la capitale népalaise, aussi connue sous le nom de Patan. Dès lors, il s’entraîne pendant un mois avant de commencer sa première saison sous les couleurs de son nouveau club durant… un mois là aussi.
Comme la Nepal Super League reste un jeune championnat, le budget des différents clubs ne permet pas forcément de réaliser un championnat sur plusieurs mois. Le fonctionnement est donc un peu particulier : « Il y a un mois de championnat en saison régulière à l’issue duquel les quatre premiers clubs se qualifient pour des play-offs, présente Jeffrey Baltus. Ensuite, les quatre équipes s’affrontent dans des matchs éliminatoires jusqu’à la finale. »
Et la première saison de l’ex-Rouennais aura tout de suite été couronnée de succès. Malgré une 4e place en saison régulière, le Lalitpur City Football Club parvient à se hisser en finale et décrocher le premier titre de son histoire. Jeffrey Baltus est nommé au passage meilleur gardien du championnat.
Retour au Népal pour une deuxième saison
Après cette épopée, le natif de Melun rentre en France et retrouve sa famille, toujours basée à Rouen. S’il a adoré « la culture et l’ambiance » du Népal, la distance avec ses proches n’a pas toujours été évidente, confie-t-il.
Ce que j’ai aimé là-bas, c’est qu’avec rien ils donnent beaucoup.
Jeffrey Baltus
Ancien gardien du FCR
De retour à Rouen, il continue de s’entraîner dur avec « toujours l’envie de jouer ». À la fin de l’été 2024, il signe pour quelques mois avec un club Belge dans l’équivalent du championnat National français. Mais à partir du mois de décembre, les deux parties se séparent d’un commun accord : « Leur gardien titulaire revenait de blessure et je n’avais pas envie de m’imposer. »
Et un beau jour, il reçoit de nombreux coups de fil en provenance du Népal. Le président du Lalitpur City Football Club veut de nouveau faire appel à ses services. Organisé cette fois entre mars et avril, le championnat népalais se jouera, encore une fois, avec le gardien français.
Le Lalitpur City Football Club célébrant son deuxième titre de champion du Népal. (©Lalitpur City Football Club)
Jeffrey Baltus retourne en terrain connu le 27 février 2025. Et malgré un démarrage un peu lent, son club survole le championnat en finissant à la première place. Et en play-offs, ils arrachent un deuxième titre de champion national.
Un niveau équivalent au « National en France »
Une immense fierté pour le gardien de but qui salue le « très bon niveau de jeu » proposé par son équipe mais aussi l’ensemble de ce petit championnat loin d’être connu.
On est sur un niveau équivalent au championnat National en France, voire le bas de tableau de la Ligue 2.
Jeffrey Baltus
Ancien gardien du FCR
Composée de nombreux étrangers passés par « des gros clubs » du monde entier, la Nepal Super League regorge aussi de talents locaux, sélectionnés par les clubs du pays lors d’une draft « un peu à l’américaine », remarque le portier français.
Lors de la finale, près de 35 000 personnes étaient présentes au stade, selon Jeffrey Baltus. Preuve, si l’on veut, que le football prend de l’ampleur au Népal. Et s’il ne sait pas encore de quoi l’avenir sera fait pour lui, Jeffrey Baltus n’exclut pas de retourner jouer encore une saison au Népal.
Mais en attendant, il prend un repos bien mérité auprès de sa famille à Rouen.
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