Lionel, 16 ans, avait été tué le 2 janvier 2021, dans une fusillade entre deux bandes rivales, dans le quartier des Aubiers, à Bordeaux. Huit suspects vont être jugés devant la cour d’assises, du lundi 12 mai au vendredi 23 mai 2025.
Il se trouvait au mauvais endroit. Au mauvais moment. Le soir du 2 janvier 2021, dans la cité des Aubiers, Lionel Sess tient un stand et vend des canettes, des gâteaux et des bonbons pour financer un séjour au ski, sur la place Ginette-Neveu. Vers 23h, une berline sombre fonce dans la cité et s’arrête brutalement sur le carrefour. Les occupants de la voiture ouvrent le feu sur plusieurs jeunes qui détalent. Un des tireurs, cagoulés, jaillit alors de la voiture et les prend en chasse, en donnant l’ordre à ses comparses : «Fumez les petits !» Plusieurs tirs en rafale fusent à nouveau, d’un pistolet-mitrailleur calibre 9 millimètres. Quatre jeunes sont blessés. Lionel Sess, lui, est retrouvé mort. L’autopsie révélera qu’il a été atteint par deux balles, dont une dans le thorax. Au total, une quarantaine d’étuis percutés par des armes automatiques seront retrouvés sur le sol.
Une fusillade qui avait éclaté au moment de fortes tensions entre deux bandes rivales, l’une de la cité Saint-louis, aussi appelée «Chantecrit» et l’autre de la cité des Aubiers. Le 14 décembre 2020, deux semaines auparavant, la bande de Chantecrit avait déjà pris pour cible un jeune, Amir B., et avait tenté de le tuer. Deux semaines plus tard, une fusillade avait éclaté dans la cité Saint-Louis. Finalement, le 2 janvier, le drame ultime a éclaté dans le quartier des Aubiers.
Un des jeunes, Guyllain Fourn, est l’un des survivants de la fusillade. L’adolescent, a été touché par balle à trois reprises, à l’omoplate, sous l’oreille et au bras. Au début de l’année, il se confiait au Figaro. «J’avais très peur et je me disais : “Continue à courir ou tu vas mourir”. Je n’ai pas cherché à me retourner. Je savais qu’il y avait des bagarres ; je ne savais pas qu’il y avait une guerre à balles réelles entre les quartiers. Ils nous ont tirés comme des lapins alors que nous étions “nus” et sans arme. Ils ont tué un enfant de 16 ans et ils ont tout nié en détention. Ce sont des lâches», confiait-il.
Les accusés nient les faits
Les suspects ont eux été arrêtés 10 jours après les faits alors qu’ils tentaient de s’enfuir. Abdoulhadre S., les frères Marwan S. et Yaakoub S., ainsi que Yassine S. ont été mis en examen le 12 juillet 2023, du chef de «meurtre en bande organisée» envers Lionel Sess. Ils devront aussi répondre de l’accusation de «tentatives de meurtres en bande organisée» contre les trois mineurs blessés par balle : Guyllain Fourn, Amir B. (qui serait la cible initiale des assaillants) et une dernière victime majeure qui a utilisé un faux nom pour se faire soigner à l’hôpital avant de refuser de se constituer partie civile.
Placés en détention provisoire, les accusés nient les faits qui leur sont reprochés malgré les preuves accablantes réunies durant l’instruction. Trois d’entre eux ont fait appel de leur mise en accusation, qui a toutefois été confirmée par la chambre d’instruction. Les accusés multiplient aussi les demandes de remises en liberté depuis leur arrestation. Au total, ce sont huit jeunes issus du quartier de Saint-Louis, impliqués dans le meurtre, qui seront jugés à la cour d’assises de la Gironde, du 12 au 23 mai.