Il a été le premier à descendre sur le terrain, à féliciter les joueurs, les consoler, faire retomber la pression et dissiper la légitime frustration des Poitevins. Malgré ses problèmes de dos le faisant terriblement souffrir, Cédric Enard était au plus près des siens. Au cœur de la mêlée comme cela a été le cas durant toute cette saison où, avec Dan Lewis, le manager de l’Alterna SPVB a remis Poitiers sur le devant de la scène bien plus vite qu’envisagé.

Cette équipe était loin d’être favorite mais elle a déjoué tous les pronostics pour se hisser en finale et tout le monde s’est pris au jeu, rêvant du titre. Celui-ci n’est pas encore perdu mais Tours a cependant fait un grand pas en étant la première équipe, en play-offs à faire tomber les Poitevins dans leur salle Lawson-Body (1-3). La vénérable et vétuste enceinte poitevine était une nouvelle fois en fusion avec 2.517 spectateurs. Mais bien plus que le résultat, le camp poitevin était surtout frustré de ne pas avoir montré son visage habituel. Celui avec lequel il avait renversé Tourcoing et Chaumont aux tours précédents.

« On a été capable de tout, tout au long de la saison, je ne vois pas pourquoi cela changerai »

« Je pense que l’on n’a pas été vraiment présent comme il le faut pour l’évènement, reconnaissait Cédric Enard. On a joué avec un peu trop de stress. On a senti l’équipe un peu tendue au départ, c’était un peu compliqué à se lancer. Le premier set a balayé cela (19-25), c’était compliqué et on a vu que l’on n’était pas rentré comme on aurait dû. Ensuite, nous sommes revenus, on a joué mais cela a été trop par intermittence. »

Et le manager poitevin de pointer les secteurs où son équipe a péché. « Je nous ai trouvés en dessous de ce que l’on est capable de faire au service et nous n’avons pas été très bons sur l’efficacité sur side-out. À l’attaque, notamment sur les balles exclamatives, qui sortent un petit peu du fil, on a manqué de réalisme et d’efficacité. À l’inverse, Tours a très bien joué ces ballons et cela a fait la différence. »

Sans oublier ce troisième set où les Poitevins ont longtemps mené avant de perdre le fil au plus mauvais moment (18-16 puis 20-22 et au final 23-25). « On fait une faute directe sur le poste 4 et on a un block sur Nik Mujanovic, c’est dommage, analysait le manager. C’est probablement le tournant. On a eu du mal à s’en remettre, à repartir pour le quatrième set. » Et celui-ci a été à sens unique (11-18 puis 19-25) pour un succès logique du TVB.

« J’ai dit aux gars que, franchement, ce que j’ai vu aujourd’hui, ce n’était pas vraiment notre visage, assurait Cédric Enard. Il faut se remettre les idées en place, on a une semaine pour préparer le dernier match de la saison et je pense que l’on est capable. On a été capable de tout, tout au long de la saison, je ne vois pas pourquoi cela pourrait changer. »

Et si, pour la première fois des play-offs, les Poitevins ont débuté une série à domicile, ils sont de nouveau dos au mur. Comme après leurs deux défaites initiales, en quarts, à Tourcoing. Le fait d’être redevenu les outsiders leur correspond peut-être davantage. « Mais on l’était déjà, coupait le manager. Maintenant il faut aller gagner le match et le set en or pour être champions. À Tours, à Grenon. On est clairement dans la peau de l’outsider mais cela ne veut pas dire que l’on est mort. Loin de là. »

Cette équipe a été tellement surprenante tout au long de la saison que tout est encore possible. Mais, pour y parvenir, l’Alterna SPVB va devoir sortir le grand jeu. « On n’a pas été nul mais on n’a pas joué comme on le fait depuis le début des play-offs. Il y a une part psychologique et il y a un adversaire qui a été bon, c’est sûr, mais on n’a pas joué à notre niveau, insistait-il. C’est pour cela que je dis aux joueurs : soyons ambitieux, on a une semaine pour préparer ce déplacement et aller renverser la montagne. Tout reste largement jouable. Il faudra y aller avec beaucoup d’ambition et de caractère. Et ça, on est capable de le faire. » Les coéquipiers de Brett Walsh l’ont démontré tout au long de la saison. Alors, chiche ?

Lawson-Body a réussi sa finale

La vénérable salle Lawson-Body a une nouvelle fois poussé les siens comme jamais. En vain. Mais l’engouement pour ce retour de Poitiers en finale, treize ans après, a été vécu comme un moment exceptionnel à ne manquer sous aucun prétexte pour toute une ville, comme en témoigne la billetterie, prise d’assaut dès la qualification obtenue face à Chaumont et dont le bug a créé une petite polémique avec les supporters tourangeaux.

Même si le club a été contraint, en raison des risques d’orage, d’annuler la fan-zone initialement prévue pour retransmettre le match sur écran géant, les alentours de Lawson-Body étaient pris d’assaut très tôt. Dès 18 h, il était très difficile de trouver une place de stationnement à proximité du lieu du grand rendez-vous.

Et que dire de l’ambiance ? Sublimée une nouvelle fois de main de maître par Yoan Crouzillat, la ferveur populaire était incandescente. Sur le plan sonore, les 2.517 spectateurs semblaient bien plus nombreux. Supporters jusqu’au bout, au point d’applaudir les Tourangeaux. « L’ambiance était énormissime, reconnaissait, ému, Cédric Enard. J’en ai eu les larmes aux yeux au début du match, lorsque cela a fait du bruit… Que c’est bon de voir cette salle comme ça. Il n’y en a pas beaucoup qui font ça. C’est le bonheur. »

Le public poitevin a assurément réussi son retour en finale pour que la fête soit belle. Vivement l’an prochain, avec la Coupe d’Europe.