On le sait : l’Amour est le sujet des sujets. Celui qui déchaîne les passions, fait naître les plus grandes œuvres. Nous parlons ici, évidemment, d’amour amoureux – éros, si l’on se réfère à la Grèce antique, qui peut faire de l’humain le plus grand des bienfaiteurs, comme le pire des vicieux. Et, comme tout classement, celui que vous découvrez ci-dessous sera subjectif, Vogue France s’est donné pour mission de réunir les plus beaux romans d’amour parus au cours des deux cents dernières années. De la passion réprimée entre Heathcliff et Catherine dans Les Hauts de Hurle-Vent à la rencontre en hôpital psychiatrique qui unit Gloria à Éric dans Bye Bye Blondie, en passant par les destins croisés d’Ifemelu et de Obinze (Americanah), voici une sélection choisie avec soin et amour, évidemment.
Jane Eyre de Charlotte Brontë (1847)
Nous sommes en 1847 lorsque Charlotte Brontë publie sous un nom d’emprunt masculin, Currer Bell, son roman le plus célèbre : Jane Eyre. Une histoire d’amour, certes, mais une histoire de fantômes, aussi. Une histoire d’émancipation, enfin – celle de l’héroïne éponyme, à qui le destin promis ne semblait pas radieux dans les premières pages du récit, plongées au cœur de l’orphelinat de Lowood. Là, elle rencontre la Mort dès l’enfance, lorsque son amie Helen Burns meurt des suites de la tuberculose. Un sort funeste qui entache la perception que Jane a de la vie, et du monde qui l’entoure, jusqu’à sa rencontre avec Mr. Rochester.
Jane Eyre, publié par la maison d’édition Smith, Elder & Co., connaît un succès immédiat dans l’Angleterre victorienne, et ce alors même que son héroïne moderne et insoumise, ne cesse de revendiquer son indépendance, et de remettre en question les normes et les préjugés de son époque. Personnage hors du commun, Jane Eyre est volontiers considérée comme une féministe avant l’heure. Ce premier roman de Charlotte Brontë rencontre un succès tel qu’il précipite la sortie de deux autres ouvrages : Agnès Grey de sa sœur Anne Brontë et Les Hauts de Hurle-vent d’Emily Brontë.
Charlotte Brontë – Jane Eyre
Les Hauts de Hurle-Vent de Emily Brontë (1847)
Un rappel s’impose. L’histoire des Hauts de Hurlevent se déroule dans la nature sauvage du Yorkshire, en Angleterre, et tourne autour des relations houleuses, et souvent destructrices, entre deux familles : les Earnshaw et les Linton. Parmi elles, se développe la romance tragique entre Heathcliff, un orphelin adopté par Mr Earnshaw, et la fille de ce dernier, prénommée Catherine.
Si depuis sa disparition en 1848, l’histoire d’Emily Brontë est pour beaucoup à la fois une légende et un mystère, la prouesse d’écriture que constitue Les Hauts de Hurle-vent permet d’imaginer la vie d’une femme dont les aspirations dépassaient les codes de la société de l’époque.
Emily Brontë – Les Hauts de Hurle-Vent
Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig (1922)
Rares sont les récits aussi obsessionnels que Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig, dont la lecture ne peut simplement pas laisser indifférent·e. Et s’il se rapproche davantage d’une nouvelle que d’un roman, il nous paraissait impensable de ne pas l’ajouter dans cette sélection, tant la prose de Zweig marque ici l’un des plus grands maux de l’amour. La désillusion. Non pas celle de l’inconnue qui, persuadée de l’affection que lui porte R., un écrivain à succès, mais celle des lecteur·ices, qui à la lecture du récit, ne peuvent que ressentir une immense pitié pour celle qui semble avoir dédié sa vie à un homme qui l’a oubliée. De quoi résonner en quiconque a connu les tourments d’un amour non partagé.