L’IMVT *, l’école de commerce EMD, l’université Saint-Charles, la bibliothèque universitaire, des résidence étudiantes, les écoles du groupe IONIS… et demain le campus du groupe Omnes éducation.
Avec le lancement des travaux de ce dernier pôle de formation développé par le groupe Redman, le quartier Saint-Charles / Porte d’Aix s’affirme peu à peu comme le nouveau quartier étudiant de Marseille. Le programme qui sort de terre sur une dent creuse (1 800 m2) mitoyenne de l’hôtel Toyoko Inn achève la recomposition de cette entrée de ville instiguée par l’EPA Euroméditerranée. Ce foncier triangulaire niché au cœur de la ZAC Saint-Charles, entre l’avenue du général Leclerc, l’avenue Pelletan et la place Marceau devait à l’origine accueillir une résidence de tourisme portée par l’hôtelier japonais.
Le projet finalement tombé à l’eau, Redman est entré en piste avec ce projet d’établissement d’enseignement supérieur. Cet écrin de 6 250 m2 conçu par l’agence AT architectes accueillera 2 600 étudiants à la rentrée 2026.
Un campus bas-carbone en terre crue
Acquis au printemps 2024 en état futur d’achèvement par la Caisse d’épargne Cepac (montant : 26 M€), le campus se distingue par son enveloppe composée de blocs de terre crue enduits à la chaux.
« A l’origine, l’Epaem avait imposé un procédé développé par le groupe Saint-Gobain d’ossature bois avec remplissage en terre. Mais à la fin des études, alors que le dossier de consultation des entreprises était prêt, nous avons décidé d’abandonner faute de temps suffisant pour obtenir l’Avis technique expérimental [Atex, NDLR] du Centre scientifique et technique du bâtiment [CSTB, NDLR] », rembobine Henri Grenon, directeur du développement chez Redman.
Le calendrier ne laissait guère de marge avec une date de livraison fixée en juin 2026 pour permettre au groupe Omnes d’accueillir ses premières promotions d’étudiants à la rentrée suivante. L’opérateur a donc conservé le principe d’une structure poteaux-poutres en béton bouchardé préfabriqué avec des parois de remplissage en terre. Mais ces dernières n’étant pas porteuses, le process constructif a pu être mis en oeuvre, en se passant du blanc seing de l’Atex.
La préfabrication des blocs, réalisée par l’entreprise niçoise Filiater à partir de déblais excavés dans les chantiers de la ZAC Vallon-Régny, a permis de produire 1 500 blocs, posés par GT Construction.
Ce procédé quasi-industriel, utilisant de la terre déjà excavée, offre l’avantage de respecter le calendrier tout en réduisant l’empreinte carbone de l’opération.
© W.A. – Le chantier a démarré à l’automne 2024. Un bâtiment bioclimatique BDM « or »
La démarche est renforcée par la conception bioclimatique du bâtiment qui privilégie l’emploi de matériaux biosourcés (menuiseries en bois, isolation en fibre de bois) et la végétalisation des toitures.
Le projet propose également une gestion optimisée des eaux pluviales : ces dernières sont récupérées pour l’arrosage des espaces verts. Last but not least, le Campus mise sur les énergies renouvelables avec le raccordement à la boucle de thalassothermie Thassalia. Avec l’appoint de l’électricité produite par 250 mètres carrés de panneaux photovoltaïques, le complexe devrait atteindre le niveau « or » de la démarche Bâtiment durable méditerranéen (BDM) et anticiper la réglementation RE 2028.
© AT architectes – Le Campus sera érigé à la proue de la place Marceau. À Marseille, un campus universitaire pensé comme un espace public vertical et végétalisé
Reprenant les codes du « trois fenêtres » marseillais, le projet en livre une version contemporaine, pensée au service de la vocation universitaire du lieu. Au cœur de l’îlot, le campus intègre des terrasses végétalisées en restanque et des espaces extérieurs aménagés à chaque étage, jusqu’au rooftop accessible au dernier niveau, surmonté d’une pergola.
Sur le plan urbain, le projet fait le lien entre deux mondes : celui du tissu de faubourg marseillais classique, et celui des grands objets récents à l’architecture contemporaine, tels que l’hôtel Toyoko Inn (architectes : Rougerie + Tangram) et la résidence étudiante Sens (architecte : Stéphane Fernandez).
« Cette couture se traduit par un épannelage progressif, une volumétrie en gradins et une façade rythmée, en écho à l’identité architecturale locale », avancent les concepteurs.
Cette organisation répond à une ambition claire : favoriser les croisements, les synergies et les dialogues entre étudiants dans un espace contraint.
Loin d’un simple empilement de salles de classe, le bâtiment se structure autour du Cours Omnes, un véritable espace public vertical, ponctué d’espaces informels, de balcons intérieurs et de vues sur la ville. Ce parcours se prolonge à l’extérieur : des toitures-terrasses accessibles, orientées au sud et abritées du mistral, jalonnent un parcours ascensionnel jusqu’à une place haute — la “place du village” — belvédère ouvert sur la ville, lieu de rencontre, de détente et de respiration collective », décrivent les architectes.
© AT architectes – Le rooftop du bâtiment, espace d’échanges entre étudiants. Le campus Omnes pourra accueillir jusqu’à 2 600 étudiants
Le campus Omnes pourra accueillir jusqu’à 2 600 étudiants et regroupera quatre écoles : l’INSEEC (programmes Grandes Écoles, BTS, Bachelor, MSc), l’ECE, HEIP et Sup de Pub. Il proposera des formations professionnalisantes allant du niveau post-bac à Bac+5, dans des domaines variés tels que le management, le numérique et l’intelligence artificielle, la communication, le design, ainsi que les sciences politiques et relations internationales.
* : Institut méditerranéen de la ville et des territoires.
Fiche technique du campus Omnes
Maître d’ouvrage : groupe Redman
Maîtres d’œuvre : Architecte mandataire : AT architectes
Paysagiste : Reliefs
Bureau d’études structure : Khephren
Fluides & qualité environnementale : Maya
Bureau d’étude V.R.D. : LEI
Acoustique : Jean-Paul Lamoureux
Économiste de la construction : Eibat
Coordonnateur S.S.I. : Indigo