Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis lundi de « reprendre enfin le contrôle » des frontières du pays en dévoilant de nouvelles mesures pour réduire l’immigration légale, alors que l’extrême droite gagne du terrain au Royaume Uni.

« Tous les domaines du système d’immigration, y compris (les visas) de travail, de regroupement familial, d’étude, seront renforcés afin que nous puissions mieux les contrôler », a déclaré le dirigeant travailliste lors d’une conférence de presse à Downing Street.

Parmi ces mesures « radicales », il faudra dix ans, et non plus cinq, passés sur le territoire pour demander un titre de résident permanent ou la nationalité britannique, et le secteur des soins aux personnes âgées, actuellement très dépendant de la main d’oeuvre étrangère, ne pourra plus recruter hors du pays.

Le niveau d’anglais nécessaire pour immigrer sera renforcé, y compris, pour la première fois, pour les adultes dépendants d’un titulaire de visa. La durée pendant laquelle les étudiants étrangers pourront rester au Royaume-Uni après leurs études va également diminuer.

« Reprendre le contrôle des frontières »

Ce plan doit permettre « de reprendre enfin le contrôle de nos frontières », a affirmé Keir Starmer, reprenant ainsi un slogan des partisans du Brexit.

Depuis leur arrivée au gouvernement en juillet, les travaillistes promettent de réduire l’immigration nette – la différence entre arrivées et départs – qui s’est établie à 728’000 personnes entre juin 2023 et juin 2024. Elle avait atteint un record de 906’000 entre juin 2022 et juin 2023, contre 200’000 en moyenne dans les années 2010.

Le gouvernement avait distillé ces derniers jours une grande partie de son plan, pressé de montrer qu’il répond aux électeurs après le succès du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage lors des élections locales du 1er mai.

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Durcissement des conditions pour l’octroi de visas

Pour s’assurer que les étrangers désireux de s’installer au Royaume-Uni « méritent » de rester, selon le gouvernement, il faudra désormais dix ans pour demander le titre de résident permanent, que 162’000 personnes ont reçu l’an passé (+35% sur un an).

Les infirmières, médecins, ingénieurs et dirigeants dans l’intelligence artificielle pourront continuer à candidater au bout de cinq ans.

Le plan prévoit aussi un durcissement des conditions d’octroi des visas de travail, deuxième source d’installation d’étrangers dans le pays (369’000 en 2024).

La main d’oeuvre étrangère comme « bouée de sauvetage »

Les employeurs qui veulent recruter des personnes à l’étranger devront investir dans la formation de travailleurs britanniques.

« Le gouvernement nous porte un coup alors que nous sommes déjà à terre », a déploré Martin Green, directeur général de Care England, association du secteur de l’aide aux personnes âgées, pour lequel la main d’oeuvre étrangère est une « bouée de sauvetage ».

La semaine dernière, le gouvernement avait déjà annoncé vouloir restreindre les visas de travail et étudiants pour les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigeria et le Sri Lanka, les plus susceptibles de demander l’asile.

hkr avec afp