Petit à petit, le nantais Heurus relève la tête. Placé en redressement judiciaire en janvier, le gestionnaire de résidences services pour seniors travaille d’arrache-pied sur sa sortie de crise. Une crise liée à plusieurs facteurs : un modèle nécessitant du temps pour atteindre la rentabilité, des taux de remplissage en berne et une maison mère, le groupe immobilier nantais Réalités, touchée de plein fouet par la déconfiture du marché du logement neuf.

Actionnaire à 53 %, Réalités jouait jusqu’ici un rôle clé pour sa filiale : c’est lui qui finançait le déficit des nouvelles résidences pendant leurs quatre à cinq premières années de fonctionnement. Alors, quand, à l’été 2024, le groupe a annoncé qu’il ne pouvait plus abonder, Heurus n’a eu d’autre choix que de demander son placement en redressement. « C’était la seule option possible pour protéger tout le monde », se souvient la présidente de l’entreprise, Catherine La bardant.

Recentrage

Pour arrêter les frais, en attendant qu’un plan de restructuration lancé en 2023 produise tous ses effets, Heurus a décidé de réduire la voilure en se recentrant sur le Grand-Ouest et sur « des résidences rentables ou en passe de l’être rapidement », explique Catherine Labardant. Plusieurs établissements ont ainsi été cédés : celui de Royan (17), en mars, à la société Les Résidentiels, et ceux de Brest, Saint-Brieuc et Noyal-Châtillon-sur-Seiche (35), en avril, à Aquarelia. Au total, environ 400 logements ont changé de main. Deux autres résidences – Laval et Villennes-sur-Seine (77), en région parisienne – ont, en revanche, été placées en liquidation, faute de repreneur.

Catherine Labardant, présidente d’Heurus.Catherine Labardant, présidente d’Heurus. (Photo Heurus)

Désormais, Heurus compte sept résidences à Loudéac (22), Vitré (35), Saint-Herblain (44), près de Nantes, Cherbourg (50), Angers, Saumur (49) et Trélazé (49). Combiné à des réductions de loyers obtenues auprès des propriétaires, ce fonctionnement resserré a permis de « stabiliser » l’activité de l’entreprise, aujourd’hui autonome vis-à-vis de Réalités, indique Catherine Labardant. Si les résidences les plus récemment ouvertes ont encore besoin d’un peu de temps pour atteindre la rentabilité, « nous savons que nous avons trouvé le bon modèle », estime la dirigeante.

Projet à Loctudy : « pas d’urgence »

Pour la suite, la priorité est de finaliser le plan de redressement de l’entreprise (environ 200 ETP pour 15 M€ de chiffre d’affaires et 700 logements), qui devrait être présenté au tribunal de commerce après la trêve estivale. Autre sujet : accueillir un ou plusieurs actionnaires afin d’injecter de l’argent frais et de relancer le développement. Et quid des projets de résidences en travaux, comme à Loctudy (29) ou Saran (45) ? Pour le moment, pas question d’ouvrir une résidence sans nouvel investisseur ni loyers revus à la baisse. À Loctudy, les travaux sont « lancés », selon Catherine Labardant. Mais « la phase de promotion immobilière étant encore en cours, il n’y a pas d’urgence à travailler sur ces projets ».