Par
Nicolas Dendri
Publié le
12 mai 2025 à 18h33
Il est revenu à proximité de Saint-Denis où il a grandi. En signant au Racing 92 en début de saison, Demba Bamba a fait son retour en banlieue parisienne. « Je savais qu’à un moment dans ma carrière j’allais revenir pour me rapprocher des miens », confie à Actu Rugby le pilier de 27 ans arrivé chez les Ciel et Blanc après cinq saisons à Lyon. Le 9-3 toujours ancré dans son cœur ! Le Racingman est l’exemple même d’une conjugaison réussie entre le rugby et les banlieues. Comme beaucoup d’autres joueurs issus de ces territoires de France…
L’ancrage à la Seine-Saint-Denis
Blessé lors de la tournée en Argentine avec le XV de France, Demba Bamba est arrivé au Racing 92 en début de convalescence. Entre la rééducation et son domicile, son entourage était au soutien durant cette période difficile.
« Le fait d’aller à Saint-Denis, j’allais voir mes potes, ma famille. Je rechargeais les batteries et me ressourçais. Ça te donne de la force aussi derrière pour performer », souligne le joueur aux 28 sélections avec les Bleus avant d’ajouter sur son lien avec ses proches de Seine-Saint-Denis :
« Depuis mon premier départ de l’Île-de-France pour Brive, c’est comme si je n’étais jamais parti. À chaque fois que j’avais un week-end, je revenais voir ma famille. Mes proches m’ont vu grandir. La relation ne change pas. »
Demba Bamba
Pilier du Racing 92
Demba Bamba et le sport
Son attachement est toujours aussi fort. Ce week-end encore, Demba Bamba a partagé sur son compte Instagram la victoire de Saint-Denis qualifié en quart de finale de Fédérale 1. Le club de son enfance où il a effectué ses premières foulées sur un terrain de rugby.
À partir l’âge de 8 ans, le jeune Demba Bamba découvre le sport en club grâce à une rencontre dans le quartier où il a grandi. « On était avec deux potes dehors. On jouait à la bagarre et on se chamaillait. Puis, on a croisé un gars qui nous a proposé de venir faire un cours de lutte avec lui parce qu’il gérait un club. On a été faire de la lutte », se souvient le Francilien qui précise avec enthousiasme : « Le sport m’a sauvé. C’est mon exutoire. »
La solidarité au club de rugby de Saint-Denis
Judo, rugby, handball… avec de nombreux sports pratiqués durant sa jeunesse, l’ancien joueur du LOU était occupé tous les jours de la semaine du lundi au dimanche. « Mes parents étaient contents parce que je n’étais pas dehors à faire des conneries. Pour moi, le sport a été une vraie porte », insiste Demba Bamba qui raconte ensuite ses débuts au club de rugby de Saint-Denis :
« Quand je commence le rugby, à ce moment-là, je faisais déjà du handball et du judo. Pour mon père, c’était compliqué de me rajouter une paire de crampons. Je suis allé au rugby vraiment parce que mes potes m’ont encouragé à venir. Quand je suis arrivé, on m’a prêté directement une tenue d’entraînement. Un collègue m’a prêté une paire de crampons. »
Demba Bamba
Pilier du Racing 92
Un souvenir marquant pour celui qui évolue aujourd’hui au niveau international avec le XV de France. « On se partageait les choses que je ne retrouvais pas forcément dans les autres sports que j’ai faits. On parle souvent des valeurs du rugby. Là vraiment, je les ai senties« , reconnaît le pilier droit du Racing 92 qui confirme ensuite « ça m’a été super bénéfique et que ça pourrait être un beau terrain de jeu pour les quartiers de faire du rugby. »
Des valeurs communes entre rugby et banlieue
Et ce n’est pas Bakary Meité qui va contredire le pilier du Racing 92. Parisien de naissance, l’ancien joueur passé dans les rangs de Massy, Béziers et Carcassonne a aussi débuté le rugby en Seine-Saint-Denis à Drancy.
« C’était un rugby totalement différent de ce que j’ai connu par la suite quand j’ai été dans des villes ou des bastions comme Béziers. Le rugby est totalement différent », admet celui qui entraîne aujourd’hui l’équipe féminine du Stade Français.
En plus « d’aider les jeunes des quartiers dans la vie de tous les jours », Bakary Meité pense aussi que « ces jeunes ont beaucoup de choses à apporter au rugby. » L’ancien troisième ligne passé aussi par la Stade Français voit beaucoup de similitudes entre les quartiers classés politique de la ville et le rugby :
« Il y a des valeurs de solidarité, de combat… Ce sont des choses qu’on peut retrouver dans la banlieue où il y a beaucoup de solidarité. Les gens, qui sont laissés pour compte, doivent trouver des solutions eux-mêmes. La convivialité du rugby, le partage de repas ensemble ce sont des choses qui collent avec l’univers de la banlieue. »
Bakary Meité
Ancien troisième ligne de Carcassonne
Au-delà de ces regards croisés sur le lien entre le rugby et les banlieues, des actions sont menées pour démocratiser le rugby dans les quartiers. Le club de Massy œuvre depuis plusieurs années dans ce sens. Depuis la Coupe du monde de rugby 2023, la Fédération française de rugby organise le Tournoi national des quartiers et des campagnes notamment à destination des jeunes de 8 à 11 ans vivant dans les quartiers politique de la ville.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.