La conseillère municipale d’opposition (ex RN) Isabelle Surply a fait part aux médias locaux il y a une semaine d’un alourdissement de ses accusations – objet désormais de trois plaintes officielles et d’une constitution en partie civile – à l’égard de la majorité du maire Axel Dugua. Aux 117 000 € de factures qu’elle jugeait déjà plus que douteux à l’automne s’ajouteraient 180 000 € autour d’achats et reventes de véhicules municipaux, démontrant, estime-t-elle, la partie émergée d’un véritable « système ».
La majorité municipale de Saint-Chamond dément catégoriquement les accusations d’Isabelle Surply. ©If Saint-Etienne / XA
Déjà trois plaintes officiellement déposées auprès du Parquet de Saint-Etienne. Et bientôt une quatrième, promettait il y a déjà une semaine Isabelle Surply à l’issue d’une nouvelle conférence de presse dédiée à ce dossier qu’elle tente de soulever. Elle pourrait en effet carrément ajouter au « package » une « corruption d’élu ». Car « ce que je viens de constater me confirme que tout ça ne relève assurément pas de l’incompétence, d’éventuelles maladresses », a indiqué aux médias locaux la conseillère municipale d’opposition (ex-RN), ni même d’« une très grave méconnaissance » ou du « copinage » un peu plus que limite pour reprendre ses propos datant d’octobre dernier. Mais bel bien « avec certitude, la partie émergée d’un véritable système sciemment malhonnête, une magouille organisée ».
Pas de réaction officielle des mises en cause à ce stade, contrairement à il y a 7 mois où un communiqué officiel avait été transmis de la part de l’exécutif municipal dans la foulée, le lendemain. Depuis cet automne, tout comme Isabelle Surply, la majorité municipale dit n’avoir eu aucun signe de vie sur ce dossier de la part du procureur (qui a bien reçu les plaintes) – depuis février, la procureure – de la République de Saint-Etienne. La « contre-attaque » de la municipalité d’Axel Dugua pourrait cependant tomber et là aussi sous la forme d’une conférence de presse. A voir si le maire et sa majorité iront jusqu’à porter plainte pour « dénonciation calomnieuse au sens de l’article 226-10 du code pénal » comme elle disait s’en réserver la possibilité cet automne.
Droits dans leurs bottes
Que ces accusations soient fondées, totalement, partiellement ou absolument pas, tant qu’une enquête n’est pas ouverte, leur genre pose dans les trois cas la difficulté cornélienne quant à adopter une réaction calibrée de la part des mis en cause : s’en offusquer vite, fortement, contre argumenter sur chaque point, c’est ajouter de l’intensité au coup de projecteur médiatique. Ne pas réagir, c’est laisser dire au risque qu’elles fructifient. Alors même que ces accusations risquent d’être feuilletonnées par leur nature et/ou par calcul dans un contexte où les Municipales pointent à l’horizon. Sollicité puis croisé l’après-midi même, à l’occasion de la remise officielle des clés au Mausa H07, Axel Dugua se contente, pour l’heure, de nier calmement toute pratique illégale au sein de la municipalité couramiaude. « Tout est là. Les documents sont transparents et ont été transmis à la facture près. Il n’y a rien : c’est un tissu de mensonges visant à faire le buzz, c’est tout. »
Il n’y a rien : c’est un tissu de mensonges visant à faire le buzz, c’est tout.
Axel Dugua, maire de Saint-Chamond
Tout aussi droite dans ses bottes, Isabelle Surply, pour rappel, avait déjà attiré l’attention de la presse locale en octobre dernier. A cette époque, l’élue d’opposition, disait avoir analysé 2 700 documents, des factures du service protocole depuis 2021, après les avoir réclamés puis obtenus dit-elle malgré moult difficultés (et une injonction de la Cada) auprès de la majorité. Selon elle, il en ressortait alors déjà « pour, au moins, 117 000 € de factures injustifiées » : petite fête entre élu de la majorité, achats coûteux d’alcools ou encore de vêtements et repas jugés suspects, qui plus est chez des commerçants / restaurateurs de la même famille que des adjoints… Elle avait alors prévenu que ses investigations se poursuivaient. Et déjà déposé plainte, en septembre, auprès du procureur de Saint-Étienne, accusant l’exécutif municipal de « détournement de fonds publics » et de « prise illégale d’intérêts ».
Encore du scandale sous la pédale
Dans le viseur cette fois, les achats / revente de véhicules municipaux, « au nombre actuellement de 153, soulignons-le, puisqu’une Ville comme Roanne n’en compte que 110, compare-t-elle. Il y en a au total pour 2,5 M€ de transactions. J’ai dû, là, patiemment éplucher un document de 274 pages après avoir réclamé et attendu ces factures durant 9 mois. L’ensemble paraît souvent bricolé, plus que limite sur les formes avec un tiers de transactions effectuées hors de l’Ugap*. Et encore une fois, nous constatons des liens troublants entre sept achats ou ventes à des garages, membres de la famille d’adjoints ! » L’un des garages en question est situé à Saint-Chamond, l’autre au Chambon-Feugerolles. D’autant plus troublant, argue-t-elle encore, que la Chambre régionale des comptes Aura avait « déjà pointé des irrégularités sur des achats hors marchés publics dans son rapport sur la gestion de Saint-Chamond publié en juin 2022 ».
Précisons que ce rapport portait sur la gestion budgétaire et financière 2015/2020. De quoi, en tout cas, amener Isabelle Surply à porter une nouvelle plainte pour, cette fois, favoritisme et prise illégale d’intérêts sur un cumul de 180 000 € s’ajoutant aux 117 000 € qu’elle pointait déjà il y a 7 mois. Soit désormais un total de 300 000 € pour trois plaintes distinctes alors que l’élue d’opposition s’est du coup constituée partie civile en janvier dernier. Elle annonce donc toujours poursuivre ses investigations et avoir encore du scandale sous la pédale, jusqu’à envisager très sérieusement une 4e plainte sur d’autres éléments, cette fois-ci, carrément estampillée de « corruption d’élu »…
*L’Union des groupements d’achats publics est une centrale d’achat publique française, placée sous double tutelle ministérielle.