Vous l’avez remarqué ? À Paris, il ne fait pas bon rouler en voiture. Et encore moins s’y garer. C’est même devenu une sorte de sport de combat. Ou un test de moralité. Vous conduisez encore une voiture ? Malheur. Vous osez l’approcher des boulevards parisiens ? Sacrilège. Vous cherchez une place de stationnement ? Là, vous allez regretter. Ou vous fâcher avec votre banquier.

Stationnement à Paris : le combat à contre-courant ?

À Paris, mieux vaut être un vélo qu’une voiture électrique. Surtout si elle pèse trop lourd. Mais que l’on ne s’y trompe pas : ici, ce n’est plus une guerre contre la pollution, c’est une croisade contre tout ce qui a quatre roues et dépasse 1.600 kg.  Ou 2.000 kg, éventuellement. La dernière trouvaille de la mairie ? (Qui date du mois d’octobre 2024, tout de même). Taxer le stationnement en fonction du poids du véhicule.

Objectif : faire la peau aux SUV. Le problème, c’est que même les électriques sont concernées. Oui, même ceux qui ne rejettent pas un gramme de CO₂ à l’usage. Résultat ? Une Tesla Model X (2.351 kg), une Mercedes EQS (2.480 kg) ou un BMW iX (2.510 kg) : tous dans le même sac. Trop lourds, trop gros, trop riches, sans doute. Bref, indésirables. Et donc, le stationnement coûte beaucoup plus cher que pour tout le monde.

Depuis le 1er octobre 2024, les visiteurs conduisant des véhicules thermiques de plus de 1,6 tonne, ou des véhicules électriques ou PHEV de plus de 2 tonnes, doivent s’acquitter d’un tarif de stationnement triplé par rapport aux véhicules plus légers. Dans les arrondissements centraux (1er au 11e), une heure de stationnement coûte désormais 18 euros. Contre 6 euros auparavant. Dans les arrondissements périphériques (12e au 20e), le tarif est passé de 4 à 12 euros l’heure. Ainsi, stationner six heures dans le centre peut coûter jusqu’à 225 euros.

Tout le monde paye, et c’est tout

Prenons quelques exemples concrets :

  • Tesla Model X : Avec une masse en service de 2.351 kg, ce SUV électrique est bien au-dessus du seuil de 2.000 kg. Stationner 2 heures dans le centre vous coûtera 36 euros, contre 12 euros pour une voiture plus légère.
  • Mercedes EQS : ce modèle électrique de luxe pèse environ 2.480 kg. Une heure de stationnement dans le 1er arrondissement vous reviendra à 18 euros.
  • BMW iX : Avec un poids de 2.510 kg, ce SUV électrique est également concerné par la surtaxe. Stationner 3 heures dans le centre vous coûtera 72 euros.

On aurait pu croire que la transition écologique passerait par un encouragement aux motorisations propres. Mais non. À Paris, même les voitures électriques n’ont plus la cote. Trop vertueuses pour être honnies, pas assez « compactes » pour être acceptées. La ville semble vouloir le beurre, l’argent du beurre, et la destruction du pot de yaourt bio dans lequel il était conservé. Ironie suprême : pendant ce temps, les places de stationnement supprimées se transforment en pistes cyclables mal pensées, ou en « zones de respiration » bétonnées où personne ne respire. Les automobilistes ? Qu’ils aillent tourner en rond, payer, ou mieux encore : partir.

Paris manquerait-elle de cohérence ?

Alors oui, je le dis : Paris n’a plus envie de ses automobilistes. Ni des thermiques, ni des électriques. Le seul véhicule encore bienvenu, c’est le vélo. Ou la trottinette, à condition de savoir slalomer entre les scooters et les automobilistes, sans danger. Ce que l’on déplore, c’est que même ceux qui font l’effort de passer à l’électrique peuvent être pénalisés. Prenons des exemples plus parlant. Une Volkswagen ID.7, berline électrique familial, est surtaxée.

Pourtant, il s’agit peut-être d’un effort financier réalisé par son acheteur, qui a certainement besoin d’autant de place pour déplacer sa famille. Mais qu’importe, la mairie de Paris vous surtaxe, malgré votre effort pour verdir le parc automobile. Dommage.

Mais un jour, il faudra bien se poser une question simple. Peut-on vraiment se passer de la voiture en ville quand on n’est pas un cadre qui télétravaille à plein temps dans le centre ? Pour l’instant, la mairie n’y répond pas. Elle taxe. Elle exclut. Et elle sourit, perchée sur un vélo. Autre question : peut-on d’un côté surtaxer même ceux qui passent à l’électrique… De l’autre, inciter à verdir le parc automobile ? Vous avez 4 heures.