Il est 8 h 30, ce mardi 11 mars 2025. Un homme détale, sous la menace de deux autres qui le poursuivent, avenue Jules-Ferry à Rennes (Ille-et-Vilaine). Il est roué de coups quand ses deux agresseurs se portent à sa hauteur. La scène, particulièrement violente, ne passe pas inaperçue. Les appels téléphoniques affluent à police secours. Des usagers du métro, des étudiants qui rejoignent la fac de droit, toute proche, un ouvrier sur un chantier décrivent un homme qui se fait « défoncer, massacrer, » à coups de poing, de pied.
Pire : un coup de couteau lui est asséné, par-derrière. Il est touché au poumon. Dix jours d’incapacité totale de travail (ITT) lui seront prescrits, en attendant les répercussions psychologiques qui n’ont pas encore été évaluées.
Tout est parti du centre d’hébergement et de réinsertion sociale Saint-Benoît-Labre, rue du Bois-Rondel. La victime et son plus jeune agresseur de 22 ans y vivent. Le troisième homme y a été, un temps, hébergé. Ce mardi matin, il y revient, en état d’ivresse. C’est, a priori, lui qui allume la mèche du passage à tabac. Une banale histoire de cigarette refusée, d’injures échangées.
Au-delà des réquisitions
Arrêtés le matin même de l’agression, Souleymane Barry Barry, 25 ans, et Abdul Salam Diallo, 22 ans, détenus depuis les faits, ont comparu, lundi, devant le tribunal correctionnel. Les deux hommes reconnaissent que le dérapage est allé trop loin, mais ils en attribuent la responsabilité à leur victime. « Je lui ai , simplement, dit bonjour, assure Souleymane Barry Barry. C’est lui qui m’a insulté ! Il est dangereux ! »
Le récit des nombreux témoins, comme les images de vidéosurveillance, contredisent cette version. La victime, elle-même, a craint pour sa vie face à ce déchaînement de violence. Ses deux agresseurs, lundi, ont été lourdement condamnés. En effet, le tribunal est allé au-delà des réquisitions de la procureure de la République qui réclamait entre six et neuf mois de prison ferme. Souleymane Barry Barry a été condamné à 36 mois de prison dont 12 avec sursis probatoire. Abdul Salam Diallo, l’auteur du coup de couteau, dont l’altération du discernement a pourtant été retenue pour schizophrénie, écope de la même peine. Les deux hommes sont maintenus en détention.