La discothèque Petrouchka Bunker Club, décorée aux couleurs de l’URSS, a ouvert ses portes il y a deux semaines à Bordeaux. Trois associations ukrainiennes ont lancé une pétition et demandent la fermeture du lieu.
Une discothèque pas tout à fait comme les autres. Le Petrouchka Bunker Club a ouvert le 25 avril dernier, près de la place de la Victoire à Bordeaux. Le lieu propose des soirées de 22h à 4h du matin les mardis et mercredis, et de 22h à 5h du matin du jeudi au samedi. À l’intérieur, on y découvre un décor pour le moins étonnant : le comptoir est constitué de balles de kalachnikov, les murs sont remplis de portraits de Staline et les références au régime soviétique de l’époque sont omniprésentes (étoiles rouges, uniformes, marteau et faucille). «Je suis habitué à ouvrir des bars et discothèques à thème. Cette fois-ci, nous avons pensé un lieu autour de la vodka . On a donc décidé de partir sur un thème autour de l’Union soviétique», explique au Figaro Morgan Trintignant, le gérant du lieu.
Un concept qui a eu le don d’irriter plusieurs associations ukrainiennes (Ukraine Amitié, Pont de l’espoir et la maison Ukrainienne). Elles ont immédiatement lancé une pétition, appelant au boycott du club. «Nous sommes face à un endroit qui fait le relais du mythe soviétique, avec une décoration militaire qui banalise la guerre et la violence. Sur la carte des cocktails, l’un d’entre eux porte le nom Goulag Storm, insultant ainsi la mémoire des millions de victimes des camps de répression soviétiques. Le lieu banalise les génocides, les déportations, c’est une incitation déguisée à la haine», regrette Oleksandra Bertin, présidente de l’association Ukraine Amitié. Les associations déplorent également «une communication qui recycle ouvertement les éléments agressifs de la propagande russe actuelle».
Plusieurs portraits de Staline sont exposés dans la discothèque.
Morgan Trintignant
«Une provocation»
En plus de la pétition, une lettre cosignée par plus d’une trentaine d’associations et d’universitaires a été adressée au Préfet de la Gironde pour demander la fermeture de l’établissement. «Nous exhortons les services de l’État à faire preuve de la plus grande vigilance quant aux messages véhiculés par ce lieu, aux dérives révisionnistes de son discours, et aux liens des dirigeants avec les milieux identitaires et d’extrême droite . Dans le contexte actuel de menaces et d’ingérences russes, ce type d’établissement est une provocation», selon les associations.
Une ogive nucléaire est également représentée dans la discothèque.
Morgan Trintignant
«J’ai du mal à comprendre l’acharnement contre le lieu, qui se veut avant tout festif. Nous avions pensé le thème et le décor avant la guerre en Ukraine et l’invasion russe. Et puis, l’Ukraine faisait partie prenante de l’Union soviétique. Certains de mes employés subissent du harcèlement simplement parce qu’ils travaillent ici. En aucun cas des gens peuvent se permettre de mélanger Union soviétique et Russie de Poutine. L’URSS, c’est aussi l’Ukraine», estime le responsable des lieux. «Que des gens se plaignent à ce point sur de la vente de vodka sur le thème communiste, je ne comprends pas. Staline, Churchill, Roosevelt font partie de l’alliance contre les nazis», ajoute-t-il.
De son côté, la préfecture de la Gironde a effectué des contrôles sur les lieux et aucun dysfonctionnement n’a été constaté. « Les contrôles ont été effectués essentiellement sur les conditions de la vente d’alcool de l’établissement. Concernant l’incitation à la haine, nous n’avons pas encore eu de retour», indique Oleksandra Bertin.
Plusieurs associations ukrainiennes dénoncent une décoration militaire qui banalise la guerre et la violence.
Morgan Trintignant