La France se donne trois mois pour « mobiliser ses partenaires européens » en vue d’un accord qui obligerait les plateformes de réseaux sociaux à vérifier l’âge de leurs utilisateurs, faute de quoi des sanctions seraient prises.
« Mon travail aujourd’hui est de rassembler une coalition, avec l’Espagne, la Grèce et maintenant l’Irlande, pour convaincre la Commission européenne », a confirmé Clara Chappaz, la ministre française du numérique et de l’intelligence artificielle dans le journal La Tribune.
« Si nous n’y parvenons pas d’ici l’automne, la France prendra ses responsabilités. En l’absence d’un accord européen, la France devra agir », a-t-elle prévenu.
L’année dernière, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il était favorable à l’interdiction des téléphones avant l’âge de 11 ans et à l’interdiction des médias sociaux pour les moins de 15 ans.
La loi européenne sur les services numériques (DSA) comporte bien un cadre relatif à l’âge. Clara Chappaz appelle cependant l’Union européenne à « aller plus loin pour renforcer son champ d’application, de manière à obliger les réseaux sociaux à ne pas accepter la création de comptes sans vérification de l’âge ».
Inaction des plateformes numériques
Les géants des réseaux sociaux Meta et TikTok ont déjà mis en place des mesures de vérification de l’âge. Ces plateformes défendent cependant l’idée selon laquelle il serait difficile de rendre ces restrictions réellement efficace. Une affirmation « fausse » selon Carla Chappaz qui estime que Meta et TikTok se servent de cet argument comme « excuse » pour ne pas agir.
« Les plateformes, qui font partie des entreprises les plus avancées technologiquement, savent tout de nos enfants : leurs goûts, leurs habitudes de sommeil, les vidéos qu’ils regardent quand ils ne vont pas bien », a-t-elle déclaré. « Ils sont capables d’envoyer des contenus ciblés à un enfant de 11 ans, mais ils ne sauraient pas s’il a 13 ou 15 ans ? ».
« Il existe déjà des technologies rapides, fiables et anonymes qui ne stockent pas de données personnelles à des fins de reconnaissance », a-t-elle ajouté.
La ministre a mis en place une campagne de « 10 jours sans écran » commençant ce lundi et visant à mesurer l’impact de la technologie numérique sur la vie des utilisateurs.
« Je veux que chaque famille, chaque classe puisse se poser la même question : quelle place voulons-nous laisser aux écrans, et notamment aux réseaux sociaux, dans le développement de nos enfants ? » a-t-elle expliqué.
Carla Chappa lutte également contre la promotion de la minceur extrême sur les réseaux et a saisi l’Arcom, le gendarme français du numérique à cette fin.