Des opposants à la ZAC de Doulon-Gohards ont porté plainte, fin mars, contre la non mise en œuvre des renaturations compensatoires exigées avant le début des travaux, dans un secteur partiellement occupé par des bidonvilles roms.

Comme un caillou dans la chaussure de Nantes-Métropole. Et comme un soupçon d’écoblanchiment dans le grand projet de «bifurcation écologique» de l’agglomération nantaise, sans cesse vanté par la maire socialiste de la cité des ducs, Johanna Rolland. Le collectif nantais Sauvons les Gohards a déposé plainte contre X, le 24 mars, pour non-respect des prescriptions environnementales concernant le chantier de la zone d’aménagement concertée (ZAC) de Doulon-Gohards, un ambitieux «écoquartier» en germination depuis 12 ans dans la périphérie de la sixième ville de France.

Selon le collectif, le promoteur du projet, Nantes Métropole Aménagement, devait mettre en place des mesures de compensation environnementale – en particulier des zones à renaturer – avant d’entamer la première phase des travaux, ainsi que l’ordonnait un arrêté du tribunal administratif de Nantes émis en février 2024. Or, le chantier des premiers logements de la ZAC s’est ouvert en décembre – un mois après validation du permis de construire – sans que ces zones compensatoires ne soient prêtes. Depuis, la sommation interpellative de l’huissier dépêché auprès du promoteur par le collectif est restée sans réponse.

Un «projet antisocial et anti-écologique»

«L’aménageur et Nantes-Métropole veulent nous mettre devant le fait accompli dans une démarche qui relève d’un irrespect manifeste», indique Margot Medkour, membre de Sauvons les Gohards et opposante de longue date à l’artificialisation des terrains maraîchers du secteur, au profit de la construction de 2700 à 3000 logements aux portes de Nantes. Un chantier bien entamé par les travaux préparatoires menés sur la ZAC. «Tout est déjà saccagé», se désole l’activiste, qui dénonce «l’écologie de vitrine» inhérente au projet Doulon-Gohards. Soit un programme qui entend compenser la bétonisation de 25 hectares d’espaces naturels par la renaturation de secteurs aujourd’hui occupés par cinq bidonvilles roms ainsi qu’un garage de proximité.

«Il s’agit d’un projet antisocial et anti-écologique», résume un communiqué du collectif diffusé le 25 mars. «Le garage menacé permet notamment de recycler des pièces automobiles, c’est du concret. Quant aux camps de Roms, on parle de 350 personnes qui habitent sur le site depuis près de 15 ans, pour certains. En somme, on va détruire des zones naturelles pour mettre des mares et des grenouilles à la place des humains», résume Margot Medkour, en synthétisant toute l’absurdité du projet dénoncé par ses opposants.

Sollicitée par nos confrères de Presse Océan, Nantes-Métropole affirme «accélérer» le déploiement des compensations environnementales, qui «seront bien mises en œuvre lors de la première phase du projet, à travers la création de friches, de fourrés et de mares». Autant d’aménagements qui n’ont pas vu le jour avant le début des travaux. Programmé sur une aire totale de 180 hectares, le projet Doulon-Gohards doit voir le jour à l’horizon 2030.