L’acteur de 81 ans reçoit une palme d’honneur lors de l’ouverture de la 78e édition du Festival de Cannes. L’occasion de replonger dans sa riche filmographie.

Pilier du cinéma américain, Robert de Niro a joué dans plus de 120 films en presque soixante ans de carrière. Le petit protégé (1,77 m) de Martin Scorsese (1,63 m), avec qui il a travaillé à dix reprises, s’est fait remarquer dans des longs-métrages de gangsters, de Mean Streats au Parrain 2 en passant par Il était une fois en Amérique ou encore Killers of the Flower Moon. L’acteur doublement oscarisé s’est aussi essayé à des registres plus comiques et légers, notamment à partir des années 2000 où sa carrière connaît un relatif déclin. Robert de Niro a côtoyé sur les plateaux toutes les stars du cinéma des années 1970 à aujourd’hui, dont Al Pacino, Meryl Streep, Jodie Foster, Sharon Stone, Jerry Lewis, Harvey Keitel, Joe Pesci, Sean Connery, Kevin Costner et Leonardo DiCaprio. Et même Catherine Deneuve.

À 81 ans, l’acteur inoubliable de Taxi Driver recevra une palme d’honneur lors de la 78e édition du Festival de Cannes, le 13 mai. Succédant à George Lucas et Meryl Streep primés l’année dernière. L’occasion de vous proposer les dix films à connaître avec le comédien, même si la sélection est forcément difficile. Un classement subjectif.

10. La Valse des pantins de Martin Scorsese (1983)

Dans ce film réalisé en 1983, Robert de Niro dévoile sa facette comique. Il incarne le rôle de Rupert Pupkin, un homme pathétique qui rêve de devenir un humoriste célèbre. Pour mener à bien son projet, il harcèle Jerry Langford (Jerry Lewis), un présentateur phare de la télévision afin qu’il puisse passer dans son show. Sans réponse de sa part, Rupert Pupkin prend une décision radicale : enlever Jerry Langfort. Cuisant échec commercial à l’époque, La Valse des Pantins a acquis, au fil des années, le statut de film culte. Le long-métrage aborde des thèmes qui sont assez inédits à l’époque comme l’obsession de la célébrité ou le cercle très fermé du « star-system ». La Valse des pantins a influencé de nombreux cinéastes comme Todd Phillips, le réalisateur du film Joker en 2019. Ironie du sort ou clin d’œil appuyé, Robert de Niro a incarné le rôle d’un présentateur de télévision dans ce long-métrage.

9. Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese (2023)

Avec presque 60 ans de carrière, Robert de Niro en a enchaîné des rôles de criminels. Il y a encore deux ans, on le retrouvait une nouvelle fois sous la facette d’un homme terrifiant, William King Hale, un assassin qui a organisé des dizaines de meurtres d’Indiens osages entre les années 1910-1930. Fruit de sa dixième collaboration avec Martin Scorsese, Killers of The Flower Moon montre qu’à 80 ans, Robert de Niro est encore capable de nous effrayer à l’écran. Ce personnage cruel et pervers use de son âge pour se présenter comme un charmant grand-père, soucieux de protéger les Osages des criminels pour en réalité, les assassiner par-derrière. Killers of The Flower Moon est probablement le dernier grand film de Robert de Niro. Et il vaut le détour parce qu’on ne se lasse pas de le voir en méchant . Ses rôles lui vont si bien. Un avis partagé par l’Académie des Oscars qui l’a nommé en 2023 dans la catégorie « meilleur acteur pour un rôle secondaire ».

8. Heat de Michael Mann (1995)

Dans ce film policier, le réalisateur Michael Mann a réuni deux géants du cinéma américain : Al Pacino et Robert de Niro. Remake du téléfilm L.A Takedown, Heat raconte l’histoire de Neil McCauley (Robert de Niro), un braqueur expérimenté basé à Los Angeles. S’il évite le meurtre lors de ses opérations, l’un de ses complices tue un jour, l’un des vigiles d’un fourgon blindé. Le lieutenant Vincent Hanna (Al Pacino) mène l’enquête et identifie rapidement le héros malfaiteur. À force de surveillance, le policier et le braqueur apprennent à se connaître et finissent même par se rencontrer. Mais chacun d’eux espère faire vaciller l’autre. Entièrement tourné en extérieur, le long-métrage impressionne par ses scènes de fusillades réalistes et a marqué les esprits avec la scène de rencontre entre Al Pacino et Robert de Niro. Si le film n’a pas obtenu de nomination aux Oscars, il a été un succès commercial en rapportant plus de 187 millions de dollars.

7. Mean Streets de Martin Scorsese (1973)

« Vous voyez, j’emprunte de l’argent partout dans ce quartier et je ne rembourse jamais personne. » C’est du Johnny Boy tout craché. Dans Mean Streets de Martin Scorsese, sorti en 1973, qui marque la première collaboration entre le cinéaste et l’acteur, Robert de Niro incarne un mafieux un peu instable, endetté jusqu’au cou. Son ami malfrat, Charlie (Harvey Keitel), tente comme il peut, de le sauver mais Johnny a le don de s’embarquer dans des situations embarrassantes. De ses mimiques, à ses répliques en passant par ses improvisations remarquées, Robert de Niro signe ici son premier grand rôle et son premier grand film. Il montrait à l’époque, qu’il était prêt à entrer dans l’histoire de Hollywood. Et surtout prêt à incarner des gangsters.

6. Casino de Martin Scorsese (1995)

L’année 1995 a signé le grand retour de Robert de Niro. Un mois avant Heat, sortie en décembre 1995, l’acteur a marqué les esprits dans Casino. Dans ce film, réalisé par son acolyte Martin Scorsese, Robert de Niro est Sam « Ace » Rothstein, un dirigeant de casino véreux installé à Las Vegas. Supervisant d’une main de fer l’établissement, il est secondé par son ami d’enfance Nicki Santoro (Joe Pesci) et tisse des relations avec la mafia. Mais un jour, l’implacable régisseur tombe amoureux d’une prostituée,Ginger McKenna (Sharon Stone). Débute alors une relation toxique ponctuée de règlements de comptes. Par souci de réalisme, Martin Scorsese a tourné durant un mois dans un véritable casino, Le Riviera de Las Vegas. Afin de concorder avec l’univers « bling-bling » de la « ville du péché », Robert de Niro a porté 70 costumes différents et Sharon Stone plus d’une quarantaine. Pour ce film, l’actrice américaine a remporté le Golden Globes du meilleur rôle féminin et a été nommée aux Oscars. Malgré son « absence d’intrigue », comme l’affirme Scorsese, le film accompagne les spectateurs dans l’univers aussi brillant que sombre des casinos.

5. Le Parrain 2 de Francis Ford Coppola (1974)

Alors qu’il n’avait pas dix ans de carrière, Robert de Niro en était déjà à son deuxième rôle de mafieux. Dans Le Parrain 2, l’acteur succède à Marlon Brando et incarne Vito Corleone jeune, l’un des chefs de mafia les plus puissants des États-Unis. Ce deuxième volet réalisé par Francis Ford Coppola, revient brièvement sous forme de flashback sur l’histoire de Vito, en retraçant son enfance en Sicile et son ascension au pouvoir à New York. L’occasion pour Robert de Niro de montrer ses talents en italiens pour celui dont les grands-parents sont originaires d’Italie. Et de remporter l’Oscar du « meilleur acteur dans un rôle secondaire ». Et dire qu’il avait originellement auditionné pour le rôle de Sonny Corleone, le fils aîné de Vito…

4. Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984)

Il y a ceux qui pensent que Le Parrain est la plus grande trilogie de tous les temps. Et d’autres qui pensent que ce mérite devrait être attribué à Sergio Leone pour Il était une fois en Amérique . Robert de Niro a, en tout cas, joué dans les deux plus grands chefs-d’œuvre du cinéma. Dans le long-métrage du cinéaste italien, l’acteur campe le rôle de David « Noodles » Aaronson, chef de gang qu’il a formé avec ses amis Cockeye, Patsy et Dominic. Un jeu d’enfant pour le comédien, désormais habitué aux rôles de mafieux dans les années 1980. C’est à se demander comment il a réussi à ne pas sombrer avec tous ces films. Des acteurs, à la musique, en passant par le scénario et la réalisation, Il était une fois en Amérique est le classique du septième art, qui traite d’amour, d’amitié ou encore de vengeance.

3. Taxi Driver de Martin Scorsese (1976)

« You talkin’ to me ? » Cette réplique improvisée par Robert de Niro est entrée dans l’histoire du cinéma. L’acteur incarne le rôle de Travis Bickle, un ex-marine de 26 ans reconverti en chauffeur de taxi. Solitaire, il passe ses soirées à regarder des films X. Un jour, il rencontre Betsy (Cyrille Shepherd), une militante du candidat à la présidentielle Charles Palantine. Après plusieurs rendez-vous, Betsy finit par repousser l’ex-marine. Pour vaincre l’ennui, Travis Bickle s’achète des armes et s’entraîne. Il prévoit de sauver Iris (Jodie Foster), une prostituée de douze ans, qu’il a rencontrée à plusieurs reprises dans la rue. Encore une fois, Robert de Niro s’investit pleinement dans son rôle. L’acteur va conduire jusqu’à douze heures par jour un taxi et va étudier la maladie mentale. Dans son film, Martin Scorsese montre la ville de New York sous une autre facette, celle de la nuit où la débauche et les malversations règnent. Portée par une bande originale envoûtante signée Bernard Herrmann, Taxi Driver a été récompensé d’une Palme d’Or au festival de Cannes et a été nommé dans quatre catégories aux Oscars. En 1994, le long-métrage a été retenu par le National Film Registry en raison de son importance « culturelle, historique ou esthétique ».

2. Les Incorruptibles de Brian De Palma (1987)

« Je veux qu’il meure, je veux que sa famille meure, je veux voir sa baraque en cendre, je veux aller là-bas au beau milieu de la nuit et pisser sur son cadavre. » Robert de Niro ne mâche pas ses mots dans Les Incorruptibles. L’acteur, transformé dans la peau d’Al Capone, un des plus célèbres gangsters américains, nous donne la chair de poule. Et nous offre par la même occasion l’un de ses meilleurs rôles, dans un Chicago des années 1930, où Al Capone règne sur le réseau de vente illégale d’alcool lors de la prohibition. Avant d’être traqué par l’agent Eliot Ness (Kevin Costner) et sa bande « d’incorruptibles ». Sorti en 1987, le film de Brian De Palma reste un classique du cinéma de gangster. Et reste un véritable spectacle photographique, musical et scénaristique, avec un casting cinq étoiles à la clé.

1. Raging Bull de Martin Scorsese (1980)

En 1980, alors qu’il plongeait dans la drogue, Martin Scorsese accepte, sur l’insistance de Robert de Niro, d’adapter sur grand écran l’autobiographie du champion de boxe Jake LaMotta. Le film qui retrace l’ascension éclair du « Taureau du Bronx » jusqu’à sa chute fracassante, met en avant la facette brutale et possessive du personnage avec ses proches, comme l’illustre la célèbre citation : « You f**ked my Wife ?! ». Afin de rendre le film plus intense, Martin Scorsese va filmer les combats sur le ring en caméra épaule et va alterner plans silencieux et plans d’ambiances de l’affrontement et du public. De son côté, Robert de Niro va se métamorphoser physiquement en s’entraînant durant une année avec le véritable Jake LaMotta puis va prendre jusqu’à 30 kilos pour ressembler physiquement au boxeur, une fois sa carrière de sportif achevée. Grâce à ce film, Robert de Niro remportera pour la seconde fois la statuette de Meilleur Acteur aux Oscars de 1981.

La centaine de productions où Robert de Niro est à l’affiche ne contient pas que des chefs-d’œuvre, mais il a probablement plus de films cultes à son actif que beaucoup de ses collègues de Hollywood. Difficile dans un classement de glisser une comédie avec Robert de Niro alors même qu’il en a beaucoup tourné des années 2000 à aujourd’hui. Toutes ne sont pas mémorables mais si vous vous voulez découvrir l’acteur sous une autre facette que celle d’un mafieux nous vous recommandons Le Stagiaire de Nancy Meyers, Happiness Therapy de David O. Russell ou encore Mon Beau-Père et moi. Dans ce film de Jay Roach, l’acteur se transforme en horrible papa poule, ancien agent de la CIA, qui s’est donné pour mission de terrifier le nouveau gendre de sa fille, Greg Furniker (Ben Stiller). On le sent : Robert de Niro a pris du plaisir à jouer ce rôle de méchant assez différent de ceux qu’il a l’habitude d’incarner. Et il ne semble pas près de l’abandonner car il reprendra du service pour un quatrième volet actuellement en préparation.