De notre envoyée spéciale à Montpellier
Il aurait dû être l’un des joueurs majeurs du Tours VB cette saison. Le club était allé le chercher pour cela, mais Roland Gergye a traversé cet exercice sans jamais vraiment pouvoir s’exprimer, si ce n’est pendant une quinzaine de jours en novembre, quand il enchaîna six matchs comme titulaire.
Les blessures ont eu raison du plan initial, de sa capacité aussi à en découdre, à prouver toute sa valeur. Alors, pendant des semaines, on a surtout vu des flashs, des promesses. Comme dans ce match à Chaumont, en octobre, où il avait fait une entrée remarquée, pleine de puissance. Ou encore dans cette rencontre de haut vol face à Tourcoing où il était entré dans le 3e set et avait flirté avec les 80 % à l’attaque pour un total de 11 points, début février.
Rompu aux matchs à haute tension
Chaumont, Tourcoing ? Peut-être pas tout à fait anodin de voir, déjà, le Hongrois peser sur ces matchs à haute tension, sur ces face-à-face qui comptent un peu plus que les trois points qu’ils offrent, même au beau milieu de la phase régulière. À 32 ans, le garçon a de l’expérience. Celle du championnat français, pour avoir joué à Beauvais et Paris. Celles des chaudes, des très chaudes ambiances de Turquie et de Grèce, pour avoir évolué à Galatasaray et l’Olympiacos. Celles, aussi, des play-offs, des finales, de ces matchs à quitte ou double, pour avoir gagné la Bundesliga et deux fois la coupe d’Allemagne, pour avoir été vice-champion de Grèce et fini 3e du championnat de Turquie et de France avec Paris, sans parler d’une finale de Coupe CEV avec Galatasaray…
Alors, ce n’est pas la salle de Castelnau – malgré des décibels bien plus élevés que lors de la demi-finale aller – qui allait effrayer Roland Gergye. Pas plus que le fait d’être lancé dans l’arène à un set partout et surtout 15-9 pour Montpellier dans la troisième manche… « Je suis entré pour essayer de mettre à profit mon expérience », expliquait-il comme de bien entendu, lundi soir.
Encore fallait-il réussir à trouver vite ses repères, vite le rythme, lui qui n’avait joué, à peu près, que dix ballons depuis le début des play-offs et dont le dernier match comme titulaire remontait à un certain… Montpellier-Tours, mi-mars. Mais c’était alors Gabin, et non Coric, à la passe. « C’est vrai que, pour ce qui est du rythme, ce n’était pas forcément facile mais j’ai essayé de rester concentré et, encore une fois, de m’appuyer sur mon expérience. J’ai déjà vécu des matchs comme ceux-là. Alors, aujourd’hui, je rentre sur le terrain avec cette idée : apporter à l’équipe. »
« Mental, résilience, expérience »
Et il l’a pour le moins bien fait avec donc 11 points marqués mais surtout un 62 % de réceptions positives assorti d’un 69 % d’efficacité offensive ! Autant dire que derrière ces chiffres, il y a « la question de la décision », qui a nourri la réflexion de Marcelo Fronckowiak pour lancer, ou relancer, Gergye dans une « intuition d’entraîneur » : « La question de la décision demande des atouts qui, parfois, ne sont pas simplement physiques, techniques mais bien de l’ordre du mental, de la résilience et de l’expérience. Et dans ce match à Montpellier, Roland a montré tout cela. »
Heureux de la qualification, le président Bruneau l’était aussi de la performance de Gergye. « On attend depuis quelques mois ce niveau-là, cette prise de responsabilités de Roland, cette participation à notre campagne. C’était sa chance et il l’a bien saisie. »
« Poitiers est en feu, nous aussi »
Elle se représentera, peut-être, lors de la finale. « Le coach décidera », dit-il en toute quiétude. Une finale qu’il sait d’ores et déjà « difficile, très difficile. Poitiers est en feu, ils jouent très bien en ce moment. Mais nous aussi, on est en feu. On vient de faire un très bon job, on est prêt ».
Prêt à se battre pour ce titre, prêt à décrocher les étoiles. Et dans le ciel de Roland Gergye, il y a celle de son père, décédé en mars, qui brille plus que toutes les autres.