« Cette série démarre plutôt bien. Là, on va avoir une semaine, il va falloir bien se concentrer sur la récupération et le travail avant d’aller à Nice. On sait que c’est compliqué dans leur salle. Ce qui compte est de valider ce quart rapidement et pas sur un deuxième match chez eux. »

Cette analyse, quelques minutes après le succès du Tours VB face à Nice, ce dimanche 6 avril, qui porte l’avantage tourangeau à 2-0 dans ce quart de finale de MSL, pourrait être signée de Coric ou Sclater, ces trentenaires qui connaissent si bien tous les rouages des play-offs. Mais non, elle est d’Alexandre Strehlau !

« Une capacité de détente et une capacité offensive incroyables »

Il semble bien loin ce temps où, tout juste débarqué à Tours l’an dernier, il affichait toute la nonchalance de ses 19 ans. Lui-même en sourit… Et de fait, le voici promu titulaire depuis trois matchs et donc pour ces play-offs.

Le fruit d’un talent pur, assurément. « Alex représente ce qu’est le volley moderne, avec une capacité de détente et une capacité offensive incroyables », décrit Marcelo Fronckowiak qui n’oublie non plus qu’« il est pas mal au block ».

Avec également une élasticité dont il sait tirer profit. « C’est sûr que j’ai une certaine flexion des épaules, convient-il. Plus jeune, j’avais des douleurs à l’épaule donc j’ai fait de l’élastique dans tous les sens et je le fais encore aujourd’hui. Cela me permet d’avoir pas mal d’angulation. J’en suis plutôt content parce que tout le monde ne peut pas avoir de la force et une certaine ondulation. »

On l’a revisionné, on l’a travaillé à la vidéo et, plein de fois, on a été propre et bien placé sur lui mais il marquait quand même !

Brice Donat, entraîneur de Nice, à propos d’Alexandre Strehlau

De quoi poser bien des difficultés aux adversaires. Brice Donat s’inclinait, ainsi, dimanche soir : « Même dans les situations moyennes, il a la balle haute et marque le point. Et pourtant, on l’a revisionné, on l’a travaillé à la vidéo et, plein de fois, on a été propre et bien placé sur lui mais il marquait quand même ! »

C’est que le garçon a vite appris. Sans doute s’est-il mis un challenge personnel pour s’imposer face à la concurrence, à l’instar de Guilherme Voss qui, pour sa première année professionnelle, a renvoyé sur le banc Marshman. « Cela repose sur beaucoup de travail. Je pense que pour Guilherme c’est pareil, on s’est dit qu’on devait mériter d’être sur le terrain et donc on a tout fait pour. On a faim de ballons. »

« J’ai encore pas mal de taf »

Alors oui, Alexandre Strehlau a bossé pour s’imposer. Soit, il pêche encore en réception et son 12 % de réceptions positives dimanche face à Nice ne lui plaisait pas. « Perso, j’ai encore pas mal de taf. Cela m’agace un peu, mais c’est un sport co donc le plus important, c’est que l’équipe ait gagné », disait-il dans un premier temps avant de pousser plus loin l’autocritique. « Je sais que je vais devoir travailler deux fois plus que les autres en réception parce que ce n’est pas inné. J’essaie de faire un maximum de machine (qui simule des services adverses), de me concentrer sur l’aspect fluidité. Ce n’est pas ce qui me plaît le plus, mais si je veux rester sur le terrain, il faut en passer par là. »

« Je me dis que sur la taille, le physique, je n’ai rien à envier aux mecs en face »

Et ne pas se reposer sur son seul talent offensif, qui crève l’écran et transperce bien des blocks. Ni sur cette capacité naturelle à résister à la pression. « Sur ce plan-là, ça va pas mal… Je me dis que sur la taille, le physique, je n’ai rien à envier aux mecs en face de moi. Cela crée une confiance petit à petit. »

Il est aussi parvenu à balayer celle, « légère mais pas négative », de devenir titulaire dans ce moment clé des play-offs. Ou encore celle générée par ses lacunes en réception. Mais là aussi, il a bossé. « Au début, j’avais du mal à switcher. Mais maintenant, je sais qu’il faut passer de suite à autre chose et que si ma réception est moyenne, c’est à moi de confirmer derrière quand j’ai la balle. C’est une manière de prendre ses responsabilités : si l’on fait une faute quelque part, il faut de suite compenser ailleurs. »

Ou le discours d’un jeune joueur qui a « mûri » et beaucoup appris « auprès de gars qui ont vraiment beaucoup de bouteille ». Ces play-offs devraient l’aguerrir encore un peu plus. Voilà qui tombe bien car le TVB comptera beaucoup sur lui l’an prochain alors qu’il a prolongé jusqu’en 2027. Et bien sûr dès samedi pour conclure, autant que possible, vite et bien ce quart de finale face à Nice.

Match 3 : Nice – Tours, samedi 12 avril 2025, à 20 h.