Au sein du Centre national de référence de l’institut Pasteur, on commence à se faire une idée plus précise de la fiche d’identité des méningites rennaises. Car si l’on parle depuis plusieurs mois à Rennes de l’infection invasive à méningocoques de type B, au sens large, il y a eu, en réalité, plusieurs souches en jeu.
Les toutes dernières analyses menées au sein de l’Institut Pasteur ont porté sur le cas de deux jeunes âgés de 16 et 19 ans, et contaminés les 28 et 30 avril 2025 à Rennes. Hospitalisés en réanimation, les deux adolescents ont pu regagner depuis leur domicile. Pendant ce temps, le séquençage des bactéries responsable de leur prise en charge a révélé qu’il n’y avait aucun lien, entre ces dernières et celles qui étaient impliquées dans les clusters du début d’année 2025 à Rennes, ayant notamment conduit au décès d’une jeune fille.
Nouvelle souche
Pour les autorités, les conclusions sont plutôt rassurantes. « Pour le cluster qui a touché la famille, en février dernier, puis la Rennes School of business, en mars, nous avions identifié des souches que nous n’avons pas l’habitude de voir », précise Muhamed-Kheir Taha, responsable du CNR des méningocoques à l‘Institut Pasteur. « À l’inverse, les deux derniers cas correspondent à des souches plus habituelles, ce qui veut dire qu’elles réagissent au vaccin ». Les chercheurs pouvaient craindre qu’une nouvelle souche ne s’installe, se diffuse, et oblige à revoir le vaccin lui-même.
64 152 vaccins
C’est ce qui a précipité le lancement d’une campagne de vaccination inédite, visant la tranche d’âge la plus concernée, les 18-25 ans. Fin avril, 64 152 personnes avaient reçu à Rennes au moins une dose de vaccin. « Il faut continuer, parce que l’immunité est acquise uniquement à la deuxième dose », précise Muhamed-Kheir Taha. « Par ailleurs, c’est un vaccin qui protège directement de la maladie, mais pas indirectement, parce qu’il n’empêche pas le porteur de la transmettre. Cela étant, depuis la campagne de vaccination, nous n’avons pas vu resurgir la souche inhabituelle du début de l’année ».
À l’institut Pasteur, la surveillance ne sera pas relâchée pour autant. « On a d’autres souches, qui continuent et continueront de circuler. On parle souvent de méningite à méningocoques de type B, mais c’est une bactérie qui est très variable, et qui change dans le temps et en fonction des individus. L’enjeu, c’est que les souches continuent à être couvertes par le vaccin ».