Par
Nicolas Dendri
Publié le
13 mai 2025 à 17h45
Jean-Marc Doussain se souviendra toujours de sa première sélection avec le XV de France lors d’une finale de Coupe du monde de 2011. Sollicité par Actu Rugby pour parler de son après-carrière et de ses débuts très jeune à Toulouse, le demi de mêlée est revenu sur cette « belle surprise incroyable » en Nouvelle-Zélande. « Un jour il faudra que j’en discute avec Marc Lièvremont. Je n’en ai jamais reparlé avec lui », admet Jean-Marc Doussain avant de se demander : « Pourquoi il m’a sélectionné ? Ce serait une bonne question à lui poser. » C’est ce que nous avons fait en contactant l’ancien sélectionneur.
Jean-Marc Doussain à la Coupe du monde 2011
À 20 ans, Jean-Marc Doussain reçoit un appel un après-midi du mois de septembre 2011. « Je jouais à la Play un après-midi après un entraînement avec mon meilleur pote dans mon appartement. C’est Jo Maso qui m’appelle. Il me dit qu’il y a un blessé et qu’on m’appelle avec l’équipe de France à la Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande », se souvient le jeune Toulousain de l’époque qui au début croyait à une blague.
Tout est allé très vite : le temps de participer au match Toulouse-Biarritz du 16 septembre. « Le soir au lendemain du match, je partais pour la Nouvelle-Zélande », se rappelle celui qui a été pendant longtemps le plus jeune joueur français à participer à une Coupe du monde.
La polyvalence : demi de mêlée et ouvreur
Blessé à l’épaule lors du premier match face au Japon, David Skrela est contraint de déclarer forfait pour le reste de la compétition. C’est son jeune coéquipier de Toulouse qui est appelé à le remplacer.
« À ce moment-là, je jouais plus 9 au Stade Toulousain. En parallèle, je faisais les sélections moins de 20 ans à l’ouverture. Et la saison en 2011, je la démarre à la mêlée. Et au final, on m’appelle pour remplacer un numéro 10 donc je ne savais pas trop », souligne-t-il quatorze ans plus tard même s’il a constaté ensuite que c’est Morgan Parra qui a été repositionné à l’ouverture.
La justification de Marc Lièvremont
La jeunesse : c’est précisément l’une des raisons qui a conduit Jean-Marc Doussain au mondial au pays au long nuage blanc. Lui qui a été titulaire lors du titre de Toulouse gagné face à Montpellier (15-10) en 2011. « Quand tu jouais à 19 ans un match de phase finale avec Toulouse c’est comme si tu faisais 10 matchs du Top 14. Ça m’a sûrement aidé pour aller en équipe de France », suggère-t-il.
Dans un premier temps, Marc Lièvremont reconnaît « ne pas avoir de souvenir sur la manière dont il a été accueilli. La période était bien dense et complexe. » Avant de souligner avec humour « avoir un faible pour l’Ariège » en référence aux origines ariégeoises de Doussain, l’ancien sélectionneur des Bleus se souvient des facteurs qui l’ont poussé à appeler ce jeune joueur :
« On le suivait car il avait déjà joué pas mal de matchs avec le Stade toulousain. J’avais aimé sa fraîcheur, sa spontanéité et son côté puncheur. À l’époque, c’était un jeune joueur qui ne se posait pas de questions et il avait une polyvalence avérée. Il cochait toutes les cases d’un jeune précoce et capable de s’intégrer aussi vite. C’étaient plusieurs arguments. On le préférait à Fred Michalak puisque la question se posait. Mais Frédéric avait peu joué avec nous et il était en Afrique du Sud. »
Marc Lièvremont
Ancien sélectionneur du XV de France
Un petit regret pour Marc Lièvremont
Arrivé auprès de l’équipe de France durant la phase de poule, Jean-Marc Doussain a fait sa première apparition sur une feuille de match lors de la demi-finale contre le pays de Galles. Sans entrer en jeu… en attendant un événement incroyable : le jeune rugbyman de 20 ans a connu sa première sélection en finale de Coupe du monde contre la Nouvelle-Zélande.
« C’est dingue rétrospectivement, souligne Marc Lièvremont avant de préciser, il y a quelque chose dont je me souviens très bien. » Malgré la « déception » et « la cruauté » de ce match dantesque perdu 7-8 par le XV de France, celui qui est aujourd’hui consultant pour Canal + revient sur une idée qu’il avait dans son esprit :
« Je m’étais mis en tête que Jean-Marc Doussain serait décisif lors de sa rentrée. Fatalement, je savais qu’il rentrerait au cours de cette finale. Je le voyais rentrer plus tôt : un quart d’heure ou 20 minutes avant la fin. Depuis la tribune, je voyais Dimitri Yachvili jouer avec une blessure aux ischio-jambiers. Sur les 20 dernières minutes, il est en difficulté physiquement malgré son expérience et son talent. Je demande à Milou (Émile Ntamack) au bord du terrain de le faire rentrer. Les éléments et le stress font que le changement est arrivé très tard à la 76e minute mais je voulais le faire rentrer plus tôt. »
Marc Lièvremont
Ancien sélectionneur du XV de France
Un souvenir indélébile
Comme un soulagement malgré ce souvenir douloureux, Marc Lièvremont nous confie à la fin de l’échange sur le sentiment que nous a partagé celui qui a pris sa retraite à Lyon en 2024 : « Je suis vraiment content et très heureux qu’il ait vécu ces moments-là et qu’il en garde un bon souvenir. »
Effectivement même si la France n’a jamais été aussi près de remporter la Coupe du monde, Jean-Marc Doussain a conclu avec nostalgie son propos sur ce souvenir indélébile : « C’était incroyable. J’y reviendrais bien… »
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