Afin de permettre aux patients traités par sertraline (Zoloft et génériques) de poursuivre leur traitement, les pharmaciens pourront, «à titre exceptionnel et temporaire», leur dispenser directement une préparation artisanale.

Face à la pénurie de sertraline, l’un des principaux antidépresseurs, les pharmaciens habilités sont autorisés, exceptionnellement et temporairement, à remplacer le médicament par une préparation artisanale pour permettre aux patients de poursuivre leur traitement, a indiqué mardi l’agence du médicament.

Si un patient est traité par sertraline (Zoloft et génériques), en cas d’indisponibilité de son médicament habituel, le pharmacien pourra, «à titre exceptionnel et temporaire», lui dispenser directement une préparation magistrale pour «éviter une interruption de traitement», selon cette nouvelle mesure pour pallier des tensions d’approvisionnement en psychotropes.

Une préparation dite «magistrale» est élaborée en pharmacie, «sur mesure» pour un patient donné, parce qu’il n’existe pas le dosage souhaité ou en l’absence d’alternative. Elle a la même composition en principe actif que le traitement initialement prévu.

Pas besoin de nouvelle ordonnance

Dans le cas de la sertraline, il n’y aura pas besoin d’une nouvelle ordonnance pour ce remplacement éventuel, et le médecin ayant prescrit le traitement sera informé, a précisé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué. Pour les patients, «la posologie et la fréquence de prise restent la même», a souligné l’ANSM, mais «il est possible que la préparation magistrale soit absorbée de façon légèrement différente par votre organisme».

En cas d’effet indésirable ou de symptôme clinique inhabituel, en particulier peu de temps après le changement de médicament, il est conseillé de consulter son médecin ou de demander conseil à son pharmacien.

Depuis début janvier 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament a fait état de 14 tensions d’approvisionnement et ruptures de stock en médicaments psychotropes. Fin avril, une reprise timide d’approvisionnement se dessinait pour la quétiapine – neuroleptique très souvent prescrit pour traiter la schizophrénie, la bipolarité ou certaines dépressions -, une remise à disposition normale de teralithe – sels de lithium pour traiter la bipolarité – était attendue pour juin, mais la situation restait tendue pour les antidépresseurs sertraline et venlafaxine, au vu d’un bilan communiqué par l’ANSM.

Une dizaine de médicaments en psychiatrie en pénurie

La situation de pénurie d’une dizaine de médicaments en psychiatrie est «intenable» et «s’accentue», ont alerté peu avant une trentaine d’organisations de soignants (syndicats de médecins et de pharmaciens, sociétés savantes). Mi-avril, plusieurs psychiatres ont aussi exprimé leurs inquiétudes quant aux multiples pénuries de médicaments dans leur discipline, dans une tribune publiée dans Le Monde.

Pour limiter l’impact sur les patients, l’agence du médicament assure régulièrement poursuivre ses efforts, par exemple pour chercher des solutions de remplacement des médicaments qui seraient indisponibles en pharmacie.