Avec le retour du port de l’uniforme en ville, les franciliens vont de nouveau apercevoir des militaires en tenue hors des enceintes militaires.

Déjà habitués à croiser des militaires en patrouilles opérationnelles « Sentinelle » (auparavant « Vigipirate« ), en plus des gendarmes et des policiers, les franciliens vont progressivement revoir des militaires en uniforme du quotidien. Qu’il s’agisse par exemple de la tenue de ville ou de celle d’état-major, elles vont de nouveau pouvoir être portées par les militaires en dehors des enceintes militaires. On pourra ainsi en croiser dans les rues et les transports d’Ile-de-France.

Dans une décision, datée du 8 avril 2025 et diffusée depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, le général de corps d’armée Loïc Mizon, gouverneur militaire de Paris (GMP) annonce qu’il « autorise les militaires servant en Ile-de-France à revêtir l’uniforme quand le service les amène à se déplacer ». Une mesure valable tous les jours, de 7h à 22h.

« L’intelligence de la situation doit prévaloir »

La décision n’a pas « valeur d’obligation », précise toutefois le général, également officier général pour la zone de défense et de sécurité de Paris et le commandant de la zone Terre d’Île-de-France. En effet, « le port de la tenue civile reste autorisé, en position de service, pour rallier les divers lieux de travail en Ile-de-France », ajoute-t-il ainsi. Il confie le choix de la tenue au militaire, en fonction de « l’intelligence de la situation » qui « doit systématiquement prévaloir ».

Cette autorisation vaut pour tous les déplacements des militaires, dans Paris ainsi que dans les départements de petite et grande couronnes. Y compris lorsqu’ils sont seuls.  De fait, selon le général, la région parisienne est « une zone géographique spécifique où un militaire n’est jamais isolé, compte tenu de la densité du maillage réalisé par les forces de sécurité intérieure et les forces armées ». Et ce, notamment « dans les espaces à forte affluence, comme les gares ou les interconnexions ».

L’uniforme pour renforcer la cohésion nationale

Pour justifier cette décision, le GMP évoque « l’évolution rapide de notre environnement stratégique » et les « manœuvres de déstabilisation de nos compétiteurs », face auxquelles le « renforcement de la cohésion nationale est crucial ». La visibilité des armées en Ile-de-France est donc « primordiale », juge le général.

Cette décision tient toutefois compte de la menace, notamment terroriste, qui pèse sur les militaires. Le port de l’uniforme en dehors des enceintes militaires impose ainsi « la plus grande vigilance ».

Par ailleurs, les militaires qui choisiront de porter l’uniforme lors de leurs déplacements devront le faire avec « la plus grande rigueur ». Il ne dispense par exemple pas du port du couvre-chef. Et le panachage des tenues reste prohibé.

Le retour de l’uniforme après dix années de discrétion

Depuis la vague d’attentats de 2015, et notamment l’attaque de militaires sur la voie publique, les militaires français avaient reçu la consigne d’éviter de se déplacer en uniforme en ville. Une mesure toujours en vigueur dix ans plus tard. Cette autorisation vient donc replacer une forme de normalité. Elle pourrait cependant être annulée à tout moment, « en cas de dégradation sécuritaire ».

Pour le moment, l’initiative du général Mizon reste cantonnée à la région parisienne. Mais cette décision du GMP pourrait faire des émules sur le reste du territoire. A charge aux responsables militaires des autres zones de défense et de sécurité de prendre une directive similaire, ou non. Interrogé par nos confères du Télégramme, le capitaine de frégate Alban Simon, porte-parole de la préfecture maritime de l’Atlantique, confirme d’ailleurs que la restriction du port de l’uniforme militaire fait l’objet d’un « assouplissement progressif ».

LP

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