Ce mardi soir, le président de la République a répondu pendant plus de trois heures aux questions de Français et de personnalités issues de la société civile.
La soirée du 13 mai marquera le grand retour d’Emmanuel Macron sur le devant de la scène nationale. Dix mois après les législatives postdissolution qui ont accouché d’une Assemblée ingouvernable à la majorité introuvable – privant ainsi le gouvernement de leviers essentiels pour mener une action publique nationale – , le président de la République avait donné rendez-vous aux Français ce mardi soir sur TF1. Huit ans après son arrivée au pouvoir, il a mis à profit cette très longue émission, pour se repositionner au centre du jeu politique après une traversée du désert sur le plan intérieur, lui qui s’est concentré ces derniers mois sur les sujets internationaux.
Guerre en Ukraine, fin de vie, retraites… Pendant près de trois heures, le président a répondu aux questions de Gilles Bouleau, des Français et, fait exceptionnel, de personnalités issues de la société civile. «Le défi des défis, dans un monde de plus en plus incertain, c’est de rester libre», a lancé en préambule le président, avant d’enjoindre les Français à l’optimisme : «Ne doutons pas, regardons devant.» Le Figaro vous résume ce qu’il faut retenir de la grande émission d’Emmanuel Macron.
Ukraine : des sanctions «dans les prochains jours» si la Russie n’accepte pas le cessez-le-feu
Trois jours après son déplacement à Kiev aux côtés du premier ministre britannique Keir Starmer et du chancelier allemand Friedrich Merz, Emmanuel Macron était particulièrement attendu sur la question du conflit entre l’Ukraine et la Russie, alors que l’Histoire semble s’accélérer avec une possible rencontre au sommet jeudi à Istanbul entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, en présence de Donald Trump. Si le chef de l’État a reconnu ne pas disposer d’«informations sur la venue du président russe», il a tenu à rappeler l’objectif fixé par l’Europe : «Obtenir un cessez-le-feu de trente jours sur les terres, les airs et les mers pour discuter de la question des territoires et des garanties de sécurité». Malgré un ton résolument volontaire, Emmanuel Macron a souligné que les Ukrainiens font preuve de «lucidité», en admettant eux-mêmes qu’il sera impossible de récupérer tous leurs territoires annexés depuis 2014.
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Dans l’hypothèse d’un refus de Moscou concernant la proposition de cessez-le-feu, les Européens «prendront dans les prochains jours de nouvelles sanctions contre la Russie (…) en liaison étroite avec les États-Unis d’Amérique», a fait valoir Emmanuel Macron. Au regard de ce contexte, il a mis en avant la solidité de la «coalition des volontaires», désignant l’alliance de la France avec ses alliés anglais et allemand. Et assuré que lui-même et ses partenaires «ne souhaitent pas déclencher une troisième guerre mondiale».
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Pas de «cadre légal» pour saisir les avoirs russes gelés
Revenant sur la question des 235 milliards d’euros d’avoirs russes gelés, le président de la République s’est opposé à une saisie pure et simple de ces biens, comme certains, en France ou en Europe, le souhaitent. «Nous n’avons pas le cadre légal pour le faire», a-t-il affirmé, rappelant que les autorités utilisaient déjà les intérêts que rapportent ces biens pour «financer notre aide à l’Ukraine». «On doit être sûr que si d’aventure, à un moment donné, il n’y avait plus l’unanimité sur les sanctions, ils ne s’envolent pas», a par ailleurs argumenté le chef de l’État.
Dissuasion nucléaire : «La France ne paiera pas pour la sécurité des autres»
La France peut-elle élargir sa dissuasion nucléaire à d’autres pays européens en réponse au désengagement militaire progressif des États-Unis sur le Vieux continent ? «Il y a toujours eu une dimension européenne dans la dissuasion nucléaire, mais on ne la détaille pas pour maintenir l’ambiguïté (stratégique)» a martelé Emmanuel Macron, tout en précisant que des discussions sont en cours avec ses alliés européens sur ce sujet. Si le Vieux continent entend renforcer son arsenal face à la menace russe, le président a pris soin de poser des limites claires : il devra rester le seul décisionnaire du déclenchement d’un éventuel tir nucléaire, «la France ne paiera pas pour la sécurité des autres», et le dispositif ne doit pas être conçu «en soustraction de ce qu’on a pour nous».
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Guerre commerciale : trêve entre la Chine et les États-Unis
Guerre commerciale : «On se battra jusqu’au bout»
Le ton est ferme. Le président de la République s’est élevé fermement contre la guerre commerciale lancée par Donald Trump, estimant que sa politique abîmait «la croissance américaine». La hausse massive – pour l’heure suspendue – des droits de douane américains et chinois, qui menace le cognac français, sera combattue par Bruxelles, a-t-il promis : «Je sais combien il y a de la souffrance, de l’anxiété» chez les producteurs, mais «on est là et on se battra jusqu’au bout», a-t-il indiqué. Emmanuel Macron a aussi ajouté qu’il était «raisonnablement optimiste» sur les discussions avec Pékin. «On va se battre (…) pour revenir à la situation antérieure», a-t-il ensuite commenté, sur les échanges avec Washington.
Fin de vie : le référendum «peut être une voie» en cas d’«enlisement» au Parlement
En réponse à l’ancien journaliste sportif Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, incurable, Emmanuel Macron a dit «souhaiter» que le texte attenant, étudié depuis lundi à l’Assemblée nationale, «soit voté». Si le chef de l’État défend «un texte d’équilibre» et une «loi d’humanité et de fraternité», il n’écarte pas de redonner la parole aux Français en cas «d’enlisement» après la première lecture. «Je pense que le référendum peut être une voie pour débloquer (…) Mais je le ferai d’abord avec beaucoup de précaution et je ne le ferai que si c’était bloqué», a précisé le président de la République.
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Des consultations «en même temps» sur «des grandes réformes économiques, éducatives ou sociales»
En parallèle d’un hypothétique référendum sur la fin de vie, Emmanuel Macron a dit envisager «organiser une consultation multiple, c’est-à-dire plusieurs référendums en même temps, dans les mois qui viennent» sur des «grandes réformes économiques, éducatives ou sociales» voire «institutionnelles», en excluant toutefois une consultation sur l’immigration. «Je ne veux pas ici donner trop précisément l’esprit parce que c’est au gouvernement de finir ce travail et après à moi de prendre la décision», a-t-il indiqué.
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Macron rejette toute nationalisation d’ArcelorMittal
Interrogé par la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, Emmanuel Macron s’est fermement opposé à la nationalisation de l’industriel ArcelorMittal, qui prévoit de supprimer des emplois en France. «Je ne vais pas nationaliser, ce serait dépenser des milliards d’euros […]. Nationaliser une entreprise qui n’arrive pas à s’installer sur un marché, ce n’est pas une bonne utilisation de l’argent de nos compatriotes», a-t-il jugé. Le chef de l’État a toutefois promis, «les yeux dans les yeux», de «sauver» les sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer, grâce à une «politique européenne» pour protéger l’acier produit sur le vieux continent de la concurrence asiatique.
Retraites : Macron défend sa réforme et refuse un référendum
Attaqué par Sophie Binet, patronne de la CGT, sur la réforme des retraites votée en 2023, Emmanuel Macron a défendu le texte porté par Élisabeth Borne, et rejeté l’hypothèse d’un référendum sur ce sujet. «On ne l’a pas faite de gaîté de cœur, mais pour sauver notre système par répartition, auquel je crois», a-t-il argumenté. Et d’ajouter que «le pays en a besoin». Pas question, donc, de mettre à bas ce changement combattu par les syndicats pendant plusieurs mois : «Si on abroge la réforme, chaque année, ce sont des dizaines de milliards d’euros qu’il faut trouver. Cet argent, on ne l’a pas, on ne sait pas où le trouver», a ajouté le président de la République.
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À la place, le chef de l’État a dit vouloir attendre les résultats du conclave sur les retraites, qui se tient depuis plusieurs semaines. «On ne peut pas faire n’importe quoi avec nos retraites. Si (les syndicats et le patronat) peuvent améliorer les choses, très bien», a-t-il affirmé. Le gouvernement est aussi appelé à organiser «une conférence sociale» sur «le mode de financement de notre modèle social», qui «repose beaucoup trop sur le travail».
Macron rejette un alourdissement de la taxation des héritages
Interrogé par Cécile Duflot, patronne d’Oxfam en France, le chef de l’État s’est opposé à un alourdissement de la taxation des héritages des Français. Face à la montée des inégalités, «je ne crois pas que la solution soit dans la taxation. La clé, c’est d’aider nos compatriotes à constituer un patrimoine dans leur vie», a-t-il simplement déclaré.
Un «génocide» à Gaza ? «Ce sont aux historiens le moment venu d’employer ces termes»
Deux mois après la reprise de la riposte israélienne à Gaza, lancée pour contraindre le Hamas à libérer les otages encore détenus dans l’enclave palestinienne, Emmanuel Macron a jugé «inacceptable» la stratégie du premier ministre de l’État hébreu Benyamin Netanyahou. Alors qu’Israël a annoncé ces derniers jours une nouvelle campagne militaire prévoyant «la conquête» de Gaza et nécessitant le déplacement interne de «la plupart» de ses 2,4 millions d’habitants du territoire, et bloque toute entrée d’aide humanitaire depuis début mars, le président a tonné que «(son) boulot était de tout faire pour que ça s’arrête».
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«On a besoin des États-Unis (pour cela) car Israël dépend des armes américaines, et non pas européennes», a-t-il dit, ouvrant la porte à une révision des «accords de coopération» entre UE et Israël. Tout en décrivant la situation comme un «drame» et quelque chose d’«horrible», le locataire de l’Élysée s’est gardé d’employer le terme de «génocide» pour désigner la riposte israélienne aux attaques terroristes du 7 octobre 2023, un mot fréquemment utilisé par la gauche radicale. «C’est un drame (mais) ce n’est pas à un responsable politique d’employer ces termes, ce sont aux historiens le moment venu», a-t-il déclaré.
Macron favorable à «louer» des places de prison à l’étranger «si besoin était»
Emmanuel Macron a souhaité que le gouvernement légifère pour étendre les pouvoirs de la police municipale à certains actes, comme les saisines, les flagrances, les amendes forfaitaires, «sous l’autorité du procureur» pour «pouvoir faire les saisines, les flagrances, les amendes forfaitaires délictuelles». En évoquant «les actes du quotidien qui sont parfois nécessaires, que ne peut pas faire une police municipale contre les trafiquants de drogue ou les gens du voyage qui utilisent illégalement tel ou tel terrain».
Sur le volet carcéral, le président s’est montré favorable à une participation des détenus à leurs frais de détention, comme l’a récemment proposé le ministre de la Justice Gérald Darmanin, et à la possibilité de «louer» des places de prison dans d’autres pays «si besoin était» afin de lutter contre la surpopulation carcérale.
Affaire Notre-Dame-de-Bétharram : François Bayrou garde la «confiance» d’Emmanuel Macron
Auditionné ce mercredi par la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires sur l’affaire Bétharram, François Bayrou garde le soutien du président de la République. «Demain, j’ai confiance en lui, il répondra à toutes les questions qui lui sont posées. (…) Je sais qui il est. (…) Le premier ministre est un homme que je connais depuis de longues années, je sais qui il est et j’ai confiance en lui», a-t-il martelé.
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Macron contre le port de signes religieux dans les «compétitions» sportives
Emmanuel Macron s’est prononcé contre le port de signes religieux, comme le voile islamique, dans les «compétitions» sportives, en invoquant la charte olympique et «l’égalité entre les femmes et les hommes» pour appuyer sa position. Mais il a jugé que pour la pratique sportive (hors compétitions) c’était aux fédérations sportives «de décider».