Un film prometteur
Présenté à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes en mai 2024, où il concourrait pour la Caméra d’or, Good One est le premier long métrage de l’Américaine India Donaldson. Et pour son premier essai, on peut dire que la jeune femme prend le contrepied complet des films de son père, Roger Donaldson. Si ce dernier a marqué Hollywood avec des films comme Cocktail (1988), Guet-apens (1994) ou Le Pic de Dante (1997), sa fille s’insère, elle, dans la pure tradition du cinéma indépendant new-yorkais. S’inspire-t-elle de sa propre relation à son géniteur divorcé ? Toujours est-il qu’India Donaldson signe un superbe portrait des relations entre une fille et son père.
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Si Good One séduit, c’est par le contraste que parvient à créer la cinéaste entre la douceur de sa mise en scène et le bouillonnement intérieur de son héroïne. Très observatrice, toujours à l’écoute de la nature, des animaux, la caméra nous plonge dans une atmosphère apaisante, de tranquillité. Les personnages paraissent enjoués, contents de passer ces quelques jours hors du temps et du monde… On marche sur les sentiers, on installe le camp, on se baigne, on prépare à manger, on se raconte des histoires autour du feu de camp… Il ne se passe a priori pas grand-chose : pas d’éclats de voix, pas de grand trauma. Et pourtant, à mesure qu’avance le récit, que s’accumulent des petits détails qui en disent long, on sent la jeune Sam de plus en plus mal à l’aise face aux comportements et aux réflexions, a priori anodins, de son père et de son ami.
Colère rentrée
Abordant avec une grande finesse la question du patriarcat, Good One révèle au passage une jeune comédienne bourrée de talent. Lily Collias n’en fait jamais trop. Sur son visage, se lit pourtant sans cesse l’étonnement, la déception ou la colère. India Donaldson est, elle aussi, une révélation, avec un premier film brillant, qui choisit la retenue, l’humilité pour aborder des questions essentielles.
De ce premier essai, se dégage un parfum de tristesse mélancolique. Au diapason de Talkin’ Like You (Two Tall Mountains), vieille chanson de Connie Converse, qui clôt joliment un film tout en délicatesse et en rage…
Chris (James Le Gros) et son meilleur ami Matt (Danny McCarthy) sont d’une autre génération par rapport à la jeune Sam… ©Cherry Pickers
« Good One », premier film d’India Donaldson, avec Lily Collias, James Le Gros et Danny McCarthy. ©Cherry Pickers
Good One Drame indé Scénario et réalisation India Donaldson Photographie Wilson Cameron Musique Celia Hollander Montage Graham Mason Avec Lily Collias, James Le Gros, Danny McCarthy, Sumaya Bouhbal… Durée 1h30