Le procureur général fédéral Jens Rommel a fait arrêter deux suspects dès le week-end dernier. Un troisième a été arrêté le mardi 13 mai soir. Les opérations ont eu lieu à Constance, Cologne et en Suisse.

L’enquête s’est concentrée sur des actes de sabotage présumés avec des colis piégés qui devaient exploser lors du transport.

Le parquet fédéral accuse trois citoyens ukrainiens, Vladyslav T., Daniil B. et Yevhen B., d’avoir préparé des actes de sabotage pour le compte de services russes.

Selon le parquet, les hommes suspectés ont été recrutés « probablement sur ordre des autorités russes », avaient pour objectif de « commettre des attaques incendiaires et à l’explosif contre le transport de marchandises » en Allemagne, et l’un d’entre eux a procédé à un test à la fin de mars.

Les suspects arrêtés sont-ils des agents secrets « jetables » ? Ceux-ci sont un autre instrument de la guerre hybride. Au lieu de miser sur des agents professionnels et hautement entraînés, les services secrets russes recrutent des individus pour des actes de sabotage ponctuels.

Les personnes ainsi recrutées reçoivent, via des applications de messagerie comme Telegram ou Viber, des missions simples qui peuvent être exécutées sans formation particulière, comme par exemple de petits incendies criminels ou même l’apposition d’autocollants ou de flyers de propagande.

Quelle est la différence entre une guerre traditionnelle et une guerre hybride ?

Olha Danchenkova, spécialiste de StratComm, cofondatrice de l’agence de communication Calibrated basée en Ukraine, cofondatrice de l’ONG PR Army, explique que la guerre hybride combine des opérations militaires conventionnelles avec une série de tactiques non militaires afin d’atteindre des objectifs stratégiques tout en garantissant une contestabilité plausible.

« L’objectif est d’exploiter les points faibles d’un adversaire dans plusieurs domaines et de créer ainsi une ambiguïté ».

Ces tactiques incluent les cyber-attaques, les campagnes de désinformation, la coercition économique (comme la dépendance au pétrole et au gaz), les pressions diplomatiques, l’armement des migrants (comme au Belarus), la corruption, l’ingérence dans les élections et l’utilisation de forces supplétives ».

Ihor Solovei, directeur du Centre ukrainien de communication stratégique et de sécurité de l’information, ajoute que l’arsenal de l’agression hybride comprend une large palette d’instruments, dont la désinformation.

D’après lui, la guerre hybride se caractérise par le fait que les opérations d’information, les opérations dites de false flag et l’utilisation d’autres méthodes non militaires pour influencer l’adversaire jouent un rôle important dans ce type d’agression.

En 2022, la Russie a conquis Marioupol en utilisant des méthodes de guerre traditionnelles – artillerie, véhicules blindés, aviation et infanterie. Il s’agissait d’une opération militaire classique.

« Les forces spéciales et les mercenaires russes, soutenus par des collaborateurs locaux, ont renversé par la force les autorités légitimes de la ville. Contrairement à une invasion complète, la Russie a caché son rôle dans les événements de 2014 en diffusant des informations erronées et fausses », ajoute-t-il.