Lorsque l’élu MoDem prend la parole en séance du Conseil de Paris, dont les travaux reprennent ce mardi 8 avril, c’est pour parler déontologie, conflits d’intérêts, indemnités ou encore orientation budgétaire… Avec un ton très mesuré, presque professoral, Pierre Casanova a fait de la bonne gestion des deniers de la Ville un de ses combats.

Il est sans doute le mieux placé des 163 conseillers de Paris pour porter ces sujets : élu le 28 juin 2020, cet avocat qui exerce au barreau de Paris n’a jamais touché le moindre centime des indemnités auxquelles il aurait pu prétendre. Soit un peu plus de 50 000 euros brut chaque année.

« Ce n’est qu’un choix personnel »

Pourquoi renoncer à une telle somme, quand certains ressentent moins de scrupules à émarger pour seulement quelques minutes de passage ? L’avocat, qui n’a jamais fait connaître publiquement ce choix, estime, selon ses proches, que son activité de conseil lui permet de gagner suffisamment bien sa vie (NDLR, sa déclaration de patrimoine n’a pas été transmise à la municipalité).

« Ce n’est qu’un choix personnel, pas un message politique et encore moins une leçon, fait savoir l’élu au Parisien, auquel il a répondu via un message transmis à son entourage. Pierre Casanova rappelle « que l’indemnisation des élus est récente à l’échelle de notre histoire et qu’elle reste minoritaire ». Sur près de 600 mandats électifs, estime l’élu, « une infime minorité est rétribuée ». « Donc rien d’exceptionnel », évacue-t-il encore.

L’élu, engagé au sein du MoDem fondé par François Bayrou, souligne « au passage » que l’actuel Premier ministre avait renoncé, quand il était commissaire général au plan, à sa rémunération. « Et il y a beaucoup d’élus qui reversent leur indemnité à leur parti, assure le conseiller de Paris. Cela relève de la vie personnelle et pas du débat des idées. »

Présidente du groupe MoDem et indépendants, Maud Gatel assure qu’elle ignorait tout du choix de son collègue. « Il n’en avait jamais fait état auparavant, confie l’ancienne députée de Paris. C’est donc tout à son honneur : il suit ses convictions, sans prosélytisme aucun. »

Au sein du Conseil de Paris, tous ne partagent pas le même enthousiasme. « S’il fait ça, c’est peut-être aussi parce qu’il ne souhaite pas déclarer les indemnités de fonction perçues, persifle un élu d’opposition qui le connaît bien. Ce que vous touchez, vous le payez. Je ne suis pas certain que les questions de morale entrent en considération… »